Ouaga : Ils préfèrent arranger que barricader
Pendant que certains barricadent en criant leur ras-le-bol contre la dégradation des routes, d’autres préfèrent se mettre à la tâche, pour disent-ils, arranger ce qui peut être arrangé. On en rencontre un peu partout à Ouagadougou, ces jeunes qui font œuvre de salubrité publique ou de voirie. Voici les bénévoles de Dassasgho.
Une rue de Ouagadougou. Derrière le mur ouest du Musée national. Il est 17 h. A l’angle sud du mur, des Ouagalais prennent l’air dans un « maquis ». Devant eux, des jeunes, torse nu, pantalons déchirés, bouchent les trous et ornières faits dans la latérite rouge. Leurs outils, quelques pioches, une pelle, une brouette et une autre pelle de fortune. Leur matière première, des gravats d’une maison en construction que le propriétaire a bien voulu faire déposer par petits tas sur la voie.
« Juste payer de l’eau »
Pendant que ses camarades travaillent, Souleymane Tiemtoré tient un couvercle d’ustensile, où se dorent déjà des pièces de monnaie, qu’il tend aux passants. L’un d’eux arrive. « Demain ! Mais je vous félicite ! Vous faites du bon travail ! » apprécie-t-il avant de continuer. Une dame marque un arrêt. Souleymane se précipite. « Que Dieu vous bénisse ! » dit celle-ci sans tendre la main vers son porte-monnaie. Souleymane dit merci avec le sourire, sans le moindre signe de déception.
« On ne fait pas ça pour l’argent, c’est pour payer l’eau seulement », dit-il. Mais il reconnaît que les membres de son groupe de bénévoles, des amis de quartier, peuvent s’en sortir avec 1 000 F CFA chacun.
« Nous faisons ça partout, comme on n’a rien à faire », dit Tiemtoré. « Quand on voit seulement, on fait, parce qu’on sait qu’un jour, un de nos parents peut tomber dans un trou », argumente-t-il.
« Au lieu de barrer, nous on préfère arranger »
« Arranger c’est mieux, au lieu de gâter », continue Tiemtoré, en référence aux manifestants qui barricadent les voies pour dénoncer leur dégradation. « Si on attend qu’un Caterpillar vienne arranger, cela va prendre combien de temps ? », interroge-t-il. Tiemtoré arrangera et si un Caterpillar vient, ce serait tant mieux.
Dans tous les cas, il a sa carte d’électeur. Il ira voter. Et voici ses arguments : « Si moi on me prend et puis on me dépose à la mairie, peut-être que je ne vais pas arranger, peut-être que je vais arranger. On ne sait jamais. Moi je préfère voter. Que le meilleur gagne ».
Après le travail, Tiemtoré Souleymane a apporté un sac de sachets d’eau à ses camarades de corvée grâce à la générosité des passants. Ils se désaltèrent, en attendant d’aller sur un autre chantier un autre jour. Il restait 10 mn avant que 18h ne sonne à l’horloge du Musée national quand nous les quittons.
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