Patrice Zoenga, président de l’ANEB: « Nous sommes prêts à discuter »

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Le lundi 18 mars 2013, le Premier ministre du Burkina Faso, Luc Adolphe Tiao,  s’est rendu à l’université de Ouagadougou où il devait passer toute la journée avec les étudiants et les autorités universitaires. Mais l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) a lancé un avis de boycott qui a obligé Luc Adolphe Tiao à écourter sa visite sous des huées et des jets de pierres. Nous avons rencontré le Président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), Zoenga Patrice,  qui nous retrace dans les lignes qui suivent les raisons de ce type de boycott. Dans l’entretien qu’il a accordé à Burkina 24, Zoenga Patrice affirme que « l’ANEB n’a pas donné l’ordre de lapider le Premier ministre ». De plus, il juge déplorable ce qui est arrivé et affirme que son syndicat « est prêt à discuter ».

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Burkina24 (B24): Comment vous avez eu l’information selon laquelle le Premier ministre venait au campus ?

Zoenga Patrice: Nous avons reçu l’information le mardi (Ndlr: le mardi 12 mars 2013) lors d’un conseil de la vie universitaire. Le chronogramme officiel de sa venue, on l’a reçu le vendredi vers 12h.

B24: Pourquoi ne pas avoir envoyé une correspondance au lieu de boycotter à la dernière minute ?

Ils (Ndlr: les présidents des Universités Ouaga I et Ouaga II) nous ont appelés le vendredi qu’il y avait des correspondances urgentes pour nous. On est allé chercher et le temps de nous réunir pour analyser la correspondance, le vendredi était déjà passé et on tombait dans le weekend pour une rencontre prévue pour se tenir le lundi. On pense qu’il venait pour toucher du bout du doigt les réalités.

« Le retard est une conséquence, si on s’attaque à la conséquence en laissant la cause, c’est certain que les mêmes causes produiront les mêmes effets »

Nous avons donc tenu à faire comprendre aux uns et aux autres qu’il existe de vrais problèmes au campus. A partir du chronogramme officiel que nous avons reçu, le Premier Ministre devait rencontrer les étudiants à partir de 17H30 et ça prenait fin à 18H15, soit 45 minutes pour discuter avec 9 associations d’étudiants. Les problèmes au campus sont tels qu’on ne peut pas les exposer en 45 mn. Ce sont là quelques raisons qui ont justifié notre action.

B24: Avez-vous donné l’ordre de lapider le Premier ministre ?

Pour être clair on n’a pas donné l’ordre de lapider le Premier Ministre, que ce soit avec des pierres ou des sachets d’eau. L’ANEB n’a jamais donné un tel ordre. Ce qu’elle a demandé, c’était que l’ensemble des étudiants viennent montrer les vrais problèmes de l’université, et c’est ce qu’on a fait.

B24: Est-ce que vous regrettez le fait qu’il ait été lapidé ?

C’est déplorable ce qui est arrivé mais il faut l’inscrire également dans un contexte d’indignation générale au niveau de l’université. Les étudiants sont indignés de la manière avec laquelle nos autorités traitent les problèmes du campus. Comme nous l’avons dit, c’est une parade qu’il est venu faire au campus. Une campagne médiatique pour pouvoir légitimer ce qui allait se passer.

« Si demain un étudiant veut faire un curriculum vitae, qu’est-ce qu’il  va mettre dans les colonnes de l’année blanche ? »

Les problèmes de l’université sont connus même du Président du Faso. En 2011, en faveur de la lutte générale au Burkina, il a reçu les étudiants qui lui ont exposé leurs problèmes. Il a promis qu’il allait recevoir nos doléances écrites et proposer des solutions. Jusqu’à présent, nous n’avons rien vu. C’était également au moment où les résultats chaotiques sont tombés au campus. Sur 1880 étudiants, 35 admis.  Aucun étudiant ou aucun parent ne peut être fier de ces résultats.

B24: Comment recevez-vous la décision de blanchiment technique des années antérieures à 2012-2013 annoncée par Luc Adolphe Tiao ?

Depuis quelque temps effectivement, la rumeur circulait. C’était la position du gouvernement qui n’était pas donnée. Le blanchiment qu’ils ont qualifié de « technique » doit être expliqué. Nous avons compris que c’est dans le but d’absorber le retard qu’il y a à l’université. Ici, le retard est une conséquence, si on s’attaque à la conséquence en laissant la cause, c’est certain que les mêmes causes produiront les mêmes effets.

La cause comporte beaucoup de paramètres. Il y a la manière avec laquelle les autorités traitent les problèmes de la communauté universitaire. En 2008, c’était la grève des étudiants qui a été réprimée; en 2009 ce sont les enseignants qui sont allés en grève et les autorités ont fait plus de trois mois avant de régler les problèmes.

« Si, sans s’attaquer à ces problèmes on blanchit l’année, dans quelques années, on parlera encore de blanchiment »

En 2011, l’université a été fermée pendant trois semaines. Ce sont là, au moins six mois perdus par le simple vouloir des autorités. Il y a des problèmes au sein du campus. Il y a des problèmes d’infrastructures, manque d’enseignants et le mauvais traitement social des étudiants. La plupart de ceux qui seront concernés sont déjà dans le système LMD.  Aujourd’hui si, sans s’attaquer à ces problèmes on blanchit l’année, dans quelques années, on parlera encore de blanchiment.

B24: Quelle compréhension avez-vous de l’expression  de « blanchiment technique » au sein de votre syndicat ?

Nous voulons qu’ils viennent nous expliquer encore plus ce ça veut dire. Mais déjà par rapport à ce qui est dit, c’est que du coup tout le monde est en 2012-2013. C’est-à-dire qu’on saute l’année 2011-2012 pour ces promotions. Pourtant si le problème qui a fait qu’on saute une année n’est pas résolu, ils conduiront un jour à sauter une autre année.

« S’il y a lieu de discuter, nous discuterons »

Et quand  le Premier Ministre nous dit qu’il n’y aura pas de conséquences sur la carrière des étudiants, déjà perdre une année est une conséquence. Si demain un étudiant veut faire un curriculum vitae, qu’est-ce qu’il  va mettre dans les colonnes de l’année blanche ?

B24: Luc Adolphe Tiao a dit être ouvert à la discussion. Etes-vous prêts à recevoir une fois de plus le Premier Ministre au campus ?

Nous sommes ouverts aux discussions également. S’il y a lieu de discuter, nous discuterons. Mais d’ores et déjà, nous voulons des  propositions concrètes. Ils connaissent les problèmes. Nous souhaitons qu’ils nous répondent favorablement et il n’y a pas de problème.

B24: En tant que syndicat, quelles solutions propose l’ANEB pour sortir le campus de ces problèmes actuels ?

Nous voulons tout simplement que notre plateforme revendicative qui a été déposée auprès des autorités ministérielles ait une satisfaction. Dans cette plateforme revendicative, nous demandons des infrastructures universitaires, des enseignants en quantité, l’amélioration des questions de déroulement des évaluations et des délibérations et le traitement diligent des questions sociales des étudiants.

Interview réalisée par Salifou OUEDRAOGO

Pour Burkina 24

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salifbf

Journaliste-Reporter

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2 commentaires

  1. fo q l 1er ministr sach q’il n’a affair a des illetres.il parl d blanchiment techniq,fo qil expliq cela.osi on n p pa discuter avc les etudiant en 45mn pr une bne [email protected] qil sach q’il a ete etudiant et il est la pr l peupl e non pr parler et n rien dire.on est contr son opinion sauf s’il ariv a ns eclaircir son concept »lanchiment techniq »

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