Ibrahim OLUNKUNGA, réalisateur : « Je ne dois de l’argent à personne »
Réalisateur et producteur, Président Directeur Général de la maison de production Afrimov, Ibrahim Olunkunga est un Burkinabè d’origine nigériane. Arrivé au Burkina-Faso en 2000 après ses études en comptabilité au Nigéria, il s’est passionné du cinéma et sort son premier film « Le royaume de Zabota» en 2012. En deux années seulement de sa carrière cinématographique, il comptabilise sept films longs métrages dont le dernier intitulé « Ma mère ou ma femme » paraitra le 21 juillet 2014. Pour en savoir davantage sur l’homme et les bruits qui courent sur ses probables difficultés financières qui auraient ralenti sa production en 2014, Burkina 24 l’a rencontré le 9 juillet dans les locaux d’Afrimov pour plus de détails.
B24 : Pourquoi choisir le Burkina pour tourner vos films ?
Ibrahim OLUNKUNGA : Après mes études, je suis venu au Burkina, cela fait 14 ans. J’ai appris beaucoup de choses, le Burkina m’a adopté, j’ai ma nationalité burkinabé. J’ai donc été burkinabé avant de commencer le cinéma. Je suis installé ici et ma famille y vit aussi, j’ai donc décidé de tourner mes films ici.
B24 : Que pensez-vous des acteurs burkinabè ?
Ibrahim OLUNKUNGA: Nombreux sont ceux qui sont des professionnels. Tous mes techniciens et les comédiens sont des Burkinabè. Je me réjouis que grâce à nous il y a des comédiens qui arrivent à nourrir leur famille. Chaque deux (02) mois, je leur fais appel pour un tournage et chacun de nous gagne.
B24 : Quel bilan faites-vous de vos productions ?
Ibrahim OLUNKUNGA : C’est parce que mes films se portent bien sur le marché que j’arrive à produire d’autres encore, je dis « Al Hamoudou Lilaye » ce que je gagne me permet de faire des choses, tout ce que je gagne est béni par Dieu.
Mes films ont eu du succès dont le film «je veux ta femme» qui a provoqué beaucoup les cinéphiles. J’ai choisi ce titre pour montrer la valeur de la femme et pour dire qu’on ne peut pas comparer la femme à l’argent. Certaines personnes ont mal réagi mais d’autres l’ont pris comme un film de sensibilisation.
« Je ne dois à personne encore moins à une banque de la place »
Mais chacun y va de son jugement. C’est avec ce film que j’ai eu un prix, j’ai été 3iéme au succès cinéma. Il y a eu « Le royaume de Zabota », « Pique-nique », « le 15 avril », le dernier « trompe-moi si tu peux », que les gens apprécient et en demandent toujours. Chacun de mes films est fait pour éduquer et c’est surtout les jeunes qui apprécient.
B24 : Comment faites-vous pour maintenir cette cadence de production?
Ibrahim OLUNKUNGA : C’est l’amour et la passion de ce que je fais et Dieu aidant aussi. C’est ma passion, je ne peux pas vivre sans le cinéma. Je ne suis pas de ceux qui font des films pour de l’argent. Moi je le fais par amour malgré qu’il n’y a pas de soutien. Ceux qui nous critiquent qu’ils me donnent l’argent et ils verront si je n’irai pas au Festival de Canne. Malgré cela, des cinéphiles apprécient mes films et me félicitent.
B24 : Que pensez-vous des films nollywoodiens, comparativement aux films du Burkina ?
Ibrahim OLUNKUNGA: Il y a déjà une grande différence au niveau du système de production. Au Nigéria, un frère, un voisin, un ami ou même un commerçant peut financer votre film pour peu que le scénario l’intéresse. Les gens financent les films, ce qui fait que tous les jours, il y a de nouveaux films.
Il n’y a pas de comparaison entre Nollywood et les films burkinabè. On peut juste dire qu’ils produisent mieux que nous. Ils ont des films de grand budget allant jusqu’à un milliard. Il y a aussi au Nigéria des films de qualité de lourd budget et des films de moindre qualité comme au Burkina Faso.
« Le cinéma, c’est de l’argent »
Le cinéma, c’est de l’argent. Des gens ont de belles histoires à raconter au Burkina Faso mais ils n’ont pas l’argent et sans argent il n’y a pas de films de qualité. Par exemple, le film « Le royaume de Zabota » que j’ai réalisé, du point de vue de son originalité, est un grand film de festival qui peut être présenté à Canne ou aux Oscars.
Mais je n’avais pas trop les moyens qu’il faut pour cela. Je suis de la nouvelle génération avec Omar Dagnon, Aboubacar Diallo. Cette génération qui se bat ces dernières années pour produire beaucoup de films. Nous n’avons pas eu la chance comme nos aînés. Nous n’attendons pas que quelqu’un s’intéresse à nos scénarii pour produire.
Aujourd’hui personne n’est prêt à financer même à 50 millions la production d’un film. Nous sommes donc obligés de rechercher nos propres moyens pour faire nos films. Il est vrai que j’ai un diplôme dans un autre domaine mais le cinéma est ma passion, j’aime le cinéma.
B24 : On dit de Ouagadougou, la capitale du cinéma africain, est-ce cette impression que vous avez ?
Ibrahim OLUNKUNGA : C’est une réalité et nous nous battons pour la maintenir ainsi. Il y a eu des gens qui ont travaillé à laisser leur nom dans l’histoire du cinéma africain, dans le monde tel Idrissa OUEDRAOGO, Gaston KABORE.
« Le 21 juillet, j’ai un film intitulé « Ma mère ou ma femme » qui sort. Les acteurs principaux sont les artistes burkinabè Floby, Amity Méria, Dez Altino»
Ils ont frayé le chemin pour nous. Même si ce n’est pas facile aujourd’hui pour nous, nous ne laisserons pas tomber. Aujourd’hui, les gens ont commencé à revenir dans les salles et c’est cela notre but.
B24 : Nous avons ouï dire que vous avez quelques difficultés financières actuellement, ce qui aurait ralenti votre production cette année, qu’en est-il ?
Ibrahim OLUNKUNGA : Je suis étonné par ce que vous dites, ce n’est pas vrai. Je ne dois à personne encore moins à une banque de la place. Si une banque vous dit que je lui dois et que cela est vérifié, je ferme Afrimov.
« Greg est en studio »
Je ne dois qu’à mes comédiens mais dès que le tournage fini, je les paie, c’est ainsi dans le contrat. Je suis resté constant dans mes productions.
Le 21 juillet, j’ai un autre film intitulé « Ma mère ou ma femme » qui sort. Les acteurs principaux sont les artistes burkinabè Floby, Amity Méria, Dez Altino.
Les gens disent du mal de moi parce que je fais du bon travail. Celui qui veut savoir comment je vis et ce que je fais qu’il vienne me voir comme vous l’avez fait.
B24 : Vous êtes aussi dans la production musicale, vous êtes le producteur de l’artiste burkinabè Greg, où en êtes-vous avec sa production? Il se fait rare sur la scène ces derniers temps.
Ibrahim OLUNKUNGA : Greg est en studio, nous sommes en train de travailler présentement sur son album à venir. Ce n’est pas une course de vitesse nous attendrons le moment où nous jugerons le travail satisfaisant pour sortir l’album.
Propos recueillis par Reveline SOME
Burkina 24
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