Moi aussi je suis Charlie, mais…

Je dois d’abord condamner ces actes de barbaries qui ont endeuillé la France et le monde entier. Ensuite il faut saluer la mobilisation internationale autour de la France et enfin sermonner.

Quelle belle image internationale !

Nicolas Sarkozy à côté de François Hollande son ennemi préféré, bon Sarkozy ne devait pas être devant, mais il était tellement Charlie, qu’il a oublié que la place était réservée aux présidents en exercice. Mahmoud Abbas suivait Benjamin Netanyahu. C’est historique, enfin Israël reconnait la Palestine, oh zut on me souffle que c’était juste pour l’image.

Tout cela mérite que je dépose mon crayon de sermonneur au Burkina et me tourner vers la scène internationale, de toute façon moi aussi je suis Charlie. Même le Chérif de la transition et sa bande de « millionnaires » sont également Charlie, donc comme tout le monde fait la paix, je ne vais pas parler d’eux.

 Mais j’avoue que c’est difficile de passer sous silence leur effort colossal de baisser leurs émoluments à moins du million. Ça c’est bon mais ce n’est pas arrivé, je suis sûr qu’ils feront encore un effort.

L’hypocrisie internationale

Tout le monde était Charlie dimanche 11 janvier, mais je n’y crois pas du tout. Benjamin Netanyahu, lui, n’était pas Charlie, il était venu pour ses frères juifs. Les présidents africains présents, tous n’étaient pas Charlie, certains sont venus pour leur image.

 Zut, j’oubliais, il faut taire tout ça et être optimiste. Bientôt, il y aura une mobilisation internationale contre Boko Haram qui secoue le Nigéria, qui tue plus qu’en France. Plus rien ne sera comme avant, toutes les jeunes filles enlevées vont bientôt être libérées et le Nigéria avec.

Il y aura un après Charlie et la France se souviendra que pendant qu’elle traque les terroristes sur son sol, elle fait libérer des terroristes en Afrique. Serge Lazarevic, le dernier otage français, a été échangé avec un grand djihadistes au Mali.

Si nous sommes tous Charlie, nous devons tous être libyens

Après avoir contribué à faire chuter Khaddafi, la France et ses alliés occidentaux ont abandonné ce pays jadis calme aux mains de multiples bandes inorganisées. Mais que voulez-vous ?

Khaddafi osait vendre lui-même son pétrole alors que le pétrole africain appartient aux grands seigneurs occidentaux. Alors foutons la pagaille et pendant que ces chefaillons se bagarrent, pillons le pétrole. Même au Zaïre, pardon en RDC, le sous-sol n’appartient pas aux Congolais. Pourquoi la Lybie ferait l’exception ?

Pour protéger ses intérêts, l’Occident arme les terroristes et pleure ensuite

Ils ont fait ça en Lybie. Après le combat, les islamistes ont gardé les armes pour traverser le Mali obligeant la France à sortir l’arsenal de Serval. Ils ont armé les rebelles en Irak puis en Syrie.

Les rebelles ont utilisé ces armes pour créer l’Etat islamique. Les Kouachi, les seuls qui ne sont pas Charlie, sont issus de ces fous de l’Etat islamique. Bachar el Assad n’est pas Khaddafi, lui, a résisté et voilà l’Occident obligé de renégocier avec lui pour combattre les djihadistes qu’ils ont auparavant armés.

 Vraiment l’Occident n’a pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre. Mais ce n’est pas pour ça que je vais dire comme Jean Marie Le Pen que je ne suis pas Charlie, je suis Charlie tout de même.

Si je suis Charlie, je suis également les noirs américains tués aux USA par la police

Bon c’est vrai qu’il ne faut pas mélanger les torchons avec les serviettes, mais l’occasion faisant le larron, je dois rappeler au monde entier que la marche de solidarité internationale organisée en France, prônait la fin de l’intolérance.

Tout en étant d’accord avec cet élan de solidarité je demande qu’on ait la même pensée pour Michael Brown, Antonio Martin, Kajieme Powell tous des noirs américains tués par la police américaine sans raison et surtout en toute impunité. C’est peut-être pour ça que la maison blanche n’a pas envoyé de marcheurs à Paris, la honte !

A Ferguson, comme à Paris, en passant par le Nigéria et la Lybie, mobilisons nous tous pour la fin de l’injustice sociale source de toutes les frustrations et de toutes les exagérations criminelles.

Yelmighan