Casimir Sawadogo, député CNT : « Si une personne perçoit deux salaires, elle remboursera »

publicite

Casimir Sawadogo est membre du Conseil national de la transition (CNT). Comment vit-il ce nouveau statut, surtout après la polémique sur les émoluments des députés du CNT ? Une autre polémique a éclaté sur certains membres de l’Assemblée nationale de la transition, accusés de cumuler leurs émoluments avec le salaire de leur poste d’origine dans la fonction publique. Casimir Sawadogo apporte son éclairage dans cette interview accordée le 13 mars 2015 en marge des questions orales posées au Premier ministre devant le CNT.

Burkina24 (B24): Comment vous sentez-vous en tant que nouveau député ?

La suite après cette publicité

Casimir SAWADOGO (C. S.): Au début, c’était pour moi une grande émotion. Je me disais que c’était une occasion pour nous de rendre service au peuple. La tâche est vraiment lourde. Et c’est au fil du temps que l’on se rend compte de sa lourdeur.

B24 : N’y a-t-il pas eu de friction avec votre entourage proche compte tenu de l’actualité sur les émoluments des membres du CNT ?

S.: Non, cela n’a pas joué sur les relations certes, mais il y a eu une friction parce que le simple fait de mettre l’argent devant toute chose cause véritablement un problème.

Au regard de la situation économique du pays, il est évident que si certaines couches de la population peinent à avoir le SMIG et si d’autres touchent un salaire plus au-delà, c’est frustrant.

Mais lorsque cela est bien expliqué, on peut comprendre. Toute fonction est une charge et chaque charge est évaluée économiquement. Et nous travaillons à faire comprendre cela parce que toutes les OSC ne sont pas représentées au CNT.

B24: Quelle est la première réaction dans la rue quand on dit que vous êtes député  du CNT ?

C.S : Il y a eu beaucoup d’amalgames autour de la fonction de député. Du coup tu te sens lésé parce que tu ne sais si tu seras bien reçu, et tu te demandes ce qui va se passer. C’est un peu délicat. Au-delà de ça, on fait avec.

B24 : Il y a une autre polémique sur les salaires que vous percevez au niveau du CNT. Il est fait mention d’un double salaire que certains membres continuent de percevoir. Une liste circule sur les réseaux sociaux et votre nom y figure. Qu’en est-il ?

S : Je pense qu’il faudrait essayer de rétablir la vérité. J’ai vu effectivement la liste en question. Il y figure le nom d’un certain nombre de fonctionnaires.

Mais qu’est-ce qu’il en est réellement ? La résolution fait cas du détachement de fonctionnaires à leur poste de députés. De ce fait, ils ne peuvent pas cumuler certains postes. Mais il y a des postes cumulatifs notamment les enseignants chercheurs, les docteurs et les professeurs. La lenteur dans le traitement du dossier de détachement y est pour beaucoup.

Je ne pense que les gens perçoivent deux fois leurs salaires. La liste en question, c’est la liste comportant le nom des personnes détachées. Elle peut être vérifiée dans les ministères. Tous les renseignements (nom, prénom, matricule et fonction) figurent sur cette liste. Et il faut savoir que si une personne perçoit deux salaires dans ce cas de figure, il remboursera ce qu’il doit à l’Etat.

Et comme on dit que c’est un âne qui a bouffé la farine et tous les autre ânes ont eu la bouche blanche, les gens n’ont plus cherché à comprendre à la suite de la question soulevée par les émoluments. Je suis concerné et je suis le dossier de prêt. En ce qui me concerne, je pense que les choses rentreront dans l’ordre.

B24 : La loi anti-corruption a été votée par le CNT. Permettra-t-elle de lutter efficacement contre la corruption au Burkina ?

S : La loi est la bienvenue. Elle avait été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale mais compte tenu des difficultés du moment, elle n’avait pas été adoptée. Les derniers évènements ont été une aubaine pour nous de pouvoir l’examiner et l’adopter.

J’aurais même voulu que toute la population burkinabè dans son ensemble soit classée parmi les personnalités qui peuvent être inquiétées ou touchées par cette loi, ce serait vraiment bien. La loi parle d’éthique et de morale et quand on entend «  burkinabè » on ne peut que penser à l’intégrité.

B24 : La loi ne s’applique pas aux partis politiques notamment en ce qui concerne les financements dit occultes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C.S : Les partis politiques ont plusieurs sources de financement. Au-delà des financements nationaux et internationaux, il y a aussi des particuliers qui le font sans vouloir laisser de traces sur la base de contrats sociaux.

La situation économique des partis politiques dans notre pays est plutôt évocatrice de la difficulté à lutter contre les types de financements. Un parti qui a peu de ressources et qui est défendu d’en avoir même un peu c’est grave.

La loi électorale fait mention de l’interdiction des gadgets, de l’achat des consciences. La démocratie a un coût et pour la parfaire, il est nécessaire de prendre des décisions de ce genre-là. C’est pour le bien du peuple burkinabè en entier.

B24 : Il y a eu tout récemment un incident en Côte d’ivoire lié au vote des Burkinabè de l’étranger. Cet incident est intervenu au cours de la visite du ministre de l’administration territoriale et de la sécurité, Auguste Denise BARRO. Quelle appréciation faites-vous ?

S : C’est choquant et c’est vraiment dommage que les choses se soient passées ainsi. Les autorités qui se sont rendues en Côte d’ivoire l’ont fait au nom du président de la république. Vu la tournure des évènements contre leur présence cela pose deux problèmes : le problème de relation et le problème de sécurité.

Les soucis de nos compatriotes à l’étranger ont été soulevés bien avant cet incident au sein du CNT et même de la CENI avec l’ensemble des parties qui participent à l’organisation des élections. Le problème aurait dû se poser autrement.

Je pense sincèrement qu’il nous faut en tirer une leçon. La présence de l’ancien président Blaise COMPAORE nuit véritablement aux relations. Pour preuve les visites se sont bien déroulées dans les autres pays. Cet incident invite à l’action.

Le rappel des ambassadeurs s’impose. Nous devons expliquer clairement à la Côte d’ivoire le danger que représente la présence de Blaise COMPAORE pour le Burkina Faso en étant sur le territoire ivoirien. Nous n’avons pas intérêt à ce que les relations entre nos deux pays se dégradent. Je pense simplement que M. COMPAORE devrait trouver refuge ailleurs.

B24 : Vous êtes président du RAD (Réseau d’action pour la démocratie). Est-ce que votre poste au CNT n’a pas ralenti les activités de ce réseau ?

S : Oui et c’est dû aux différentes responsabilités que nous exerçons au sein du CNT. Notre structure n’est pas une structure de rassemblement de masse mais d’intellectuels qui regroupe plusieurs sensibilités.

Du coup, la production des documents, les critiques et analyses ont considérablement ralenti. Nous sommes en train de nous réorganiser pour relancer les activités. Il ne faudrait pas penser que la structure est posée sur une seule personne alors que ce n’est le cas.

B24 : Quelles sont les activités prévues dans le cadre de la réorganisation du réseau ?

S : Un programme de soixante-douze heures   est prévu dans la première semaine du mois d’avril. Des formations de jeunes dans les domaines de l’entreprenariat, du leadership, de la démocratie.

Dans cette même lancée, nous ferons une rétrospective de l’année écoulée notamment sur les évènements des 30 et 31 octobre 2014, tirer les enseignements et faire des propositions allant dans le cadre des réflexions dans le sens des différentes réformes à venir au sein des commissions du CNT.

Propos recueillis par Abdou ZOURE et retranscrits par Oui Koueta (stagiaire)

Burkina24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Oui Koueta

'The vitality of a country can also be measured through that of its journalists'

Articles similaires

5 commentaires

  1. Vous savez, pour la bonne suite de la transition ?vitons de trop pol?miquer sinon on peut trouver certaines personnes qui emargent au CNT et continuent de b?n?ficier des avantages de leurs services d’origine. Allons au 11 octobre et cela finira

  2. merci mon ami, je vois que tu es rester toi m?me depuis que nous avions travaill? lors de la r?daction de la charte de la transition. Courage fr?re la v?rit? ne ment pas.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×