Enrôlement biométrique : Des imperfections à Ouahigouya
L’ONG internationale d’origine suédoise, Diakonia, dans le cadre de ses actions pour la consolidation de la démocratie, a mis en œuvre un programme d’appui au processus électoral au Burkina. Du 20 au 21 mars 2015, l’organisation accompagnée d’une forte délégation de la société civile s’est rendue à Ouahigouya dans la province du Yatenga pour apprécier le déroulement des opérations d’enrôlement sur le terrain, identifier les difficultés et les bonnes pratiques afin de formuler des recommandations et améliorer le processus en cours.
Entre autres des journalistes, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le Centre national de presse Norbert Zongo, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) Section Yatenga, le RENLAC et le Mécanisme d’alerte, conduits par Diakonia étaient du 20 au 21 mars 2015 dans la 3e ville du Burkina dans le cadre d’un monitoring des opérations d’enrôlement.
Des prérogatives, mais plusieurs insuffisances identifiées
Dans la trentaine de sites d’enrôlement visités à Ouahigouya (comptant 15 secteurs, 35 villages, 124 opérateurs de kits), dans la Commune de Namissiguima et dans la Commune de Tangaye, il s’est avéré que les opérations connaissent tant des acquis que de nombreuses insuffisances.
Concernant les atouts, il y a surtout la nature exceptionnelle de l’opération qui permet de donner une seconde chance à certaines personnes de pouvoir s’enrôler, une qualité moyenne des matériels d’opérations, des efforts reconnus à l’endroit des opérateurs de kits (OPK) et le travail de mobilisation, d’assistance et de sécurité que font les aides opérateurs.
Quant aux insuffisances, la mission a permis de faire ressortir un taux d’affluence très faible sur les sites d’enrôlement à Ouahigouya (en moyenne 3 à 10 personnes par jour même s’il y a des cas rarissimes), un manque d’information, de communication et de sensibilisation, des changements de zones d’enrôlement par les OPK, le non-respect des heures de travail par certains OPK, le problème de déplacement, de restauration et de logement des OPK.
Le problème de chargement des accumulateurs solaires (dans les zones moins ensoleillées), des plantages d’appareils et des difficultés d’enregistrements des données sur clé USB ont aussi été constatés. Le monitoring a également permis de constater une non-implication « sérieuse » des acteurs politiques, des responsables d’établissements, des autorités coutumières et religieuses.
Les recommandations de la délégation conduite par Diakonia
Face à ces nombreux problèmes, il serait mieux que la CENI anticipe et veille à la diffusion des affiches confectionnées ou les remplacer par des banderoles ou passer par des canaux de communication locaux (crieurs publics, radios), que les OSC, les partis politiques, les autorités coutumières et religieuses s’impliquent « profondément » dans la sensibilisation des populations, que les OPK précisent bien les lieux de vote à la population s’il y a eu transmutation.
Il est également recommandé à la CENI de veiller au respect des heures de travail par les OPK, faire impliquer les responsables d’établissements, doubler les accumulateurs d’énergie. Il faut aussi une forte corrélation entre la CENI (Nationale), la CECI (Communale) et la CEPI (Provinciale), informer les populations sur la possibilité de faire un duplicata en cas de perte de la carte d’électeur.
La délégation, de façon unanime, propose qu’à long terme, la CENI travaille à faire enrôler par des CNIB (cartes d’identité) et non des actes de naissance ou jugements supplétifs.
La CENI peut rectifier son tir…
Pour le directeur de communication de la CENI, Boris Edson Yaméogo, « le fait de sortir voir comment se déroule l’enrôlement sur le terrain, permet de rectifier le tir, recueillir des difficultés, les traiter, comme l’enrôlement se poursuit, capitaliser et réparer les imperfections ».
Selon le chargé de programmes à DIAKONIA/Burkina, Lucien Ouédraogo, « la société civile n’est pas suffisamment présente sur le terrain en termes de mobilisation citoyenne en vue de l’inscription sur les listes électorales. A l’issue de cette mission, les recommandations seront transmises à la CENI et au ministère de l’administration territoriale afin qu’on puisse les prendre en compte, améliorer le processus dans les prochaines zones ».
Noufou KINDO
Burkina24
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