Fait divers : « Ballon est ‘’mort’’ avec mon pied ! »

 Avant sa conversion entant que disciple de Jésus-Christ, Y. Romuald avait passé les 19 premières années de sa vie, le postérieur collé à son fauteuil roulant. Pour ainsi dire, il est né paralytique et malgré les centaines d’interventions de tradipraticiens et médecins, son statut ne semblait point connaître de changement.

Cela, pour autant, ne pouvait pas faire fondre la détermination de sa mère de voir son unique fils qu’elle appelait affectueusement ‘’mon Romuald chéri’’ tenir un jour sur ses deux pieds, marcher et courir comme tous les autres jeunes garçons de son âge.

ROMUALD était maintenant en classe de première. En début d’année, il avait fait la grise mine et insisté de la plus tonitruante des manières pour être inscrit dans une école dans laquelle sport et étude étaient alliés comme c’est la tendance à Abidjan.

Et quand on lui demandait ce qu’il comptait devenir dans l’avenir, Romuald répondait toujours avec une sérénité digne d’une maison inachevée attendant son propriétaire : « Je veux devenir un grand joueur de ballon, un grand footballeur comme notre Gbagbadê national* ». Ce genre de réponses précédait toujours de la part de ses interlocuteurs un sentiment d’étonnement et ils se retiraient toujours non sans pouffer de rire, au grand dam de sa mère qui ne comprenait pas un tel entêtement de son fils.

Il n’était pas rare d’entendre des personnes, après s’être entretenues avec « Romi le footballeur paralytique » comme on l’appelait ironiquement, s’interroger, dans les instants qui suivaient, sur son intégrité psychologique: « Votre Romi là oh, est-ce qu’il est normal même ? Haya ! ».

Son entêtement nourrissait les railleries et ragots dans leurs quartiers au point d’en être appelé « La maman de Romi le footballeur paralytique ».

« Romi le paralytique » ne rêvait qu’à être footballeur, il ne suivait que les matchs de football, se couchait et ne se  réveillait qu’avec l’image de Didier Drogba, placardé juste au chevet de son lit.

Pour Romuald et tout comme sa mère, la solution ne devrait être que divine et miraculeusement possible. Alors aucune veillée de prières n’étaient manquées jusqu’à ce qu’il soit annoncé l’arrivée d’un « homme de Dieu puissamment oint par le Seigneur et produisant des miracles »  et venu du Nigéria en tournée en Côte d’Ivoire.

Naturellement, Y. Romuald ne pouvait pour aucune raison rater un tel rendez-vous, lui qui recherchait encore son miracle.

Et apparemment, il eut raison car interpellé en pleine adoration par le pasteur, il va être invité d’abandonner son fauteuil roulant pour se tenir débout au milieu des autres fidèles.

« Au nom de l’Eternel des armées, lève toi et marche car Il ne t’a pas créé avec un fauteuil roulant. Allez marche ! »

Cahin-caha, ballotté entre le doute et l’espoir « Romi le footballeur paralytique », se tint sur ses deux jambes sans la moindre assistance et ce pour la première fois de sa vie.

Il s’en suivit un tonnerre d’applaudissements mêlé à des clameurs et des Alléluias à n’en point rompre. Au milieu de cette euphorie généralisée du fait de ce « miracle », le pasteur invita l’ancien paralytique à partager ses émotions et remercier le Ciel.

C’est à ce moment qu’à la surprise générale, Romuald les yeux embués de larmes, la gorge nouée va s’écrier : « Ehhh ballon, ballon…ballon est ‘’mort’’ avec mon pied !!! »

« Alors tu crois que c’est pour jouer que le Seigneur t’a guéri ? Retombe sur tes pieds ! », rétorqua l’homme de Dieu avec virulence.

Romuald retomba avec fracas sur ses jambes et ses supplications n’auront pas suffit. Avant ces événements, la popularité de Y. Romuald qui ne se limitait qu’à son quartier a maintenant conquis toute la ville.

N’ayant pas réussi à réaliser son rêve, il a révisé ses ambitions professionnelles en espérant devenir coach de football. Voilà qu’il est devenu plus réaliste!