Mise en œuvre du projet Bagrépôle : Les populations dédommagées demandent davantage
Le projet pôle de croissance de Bagré est en pleine situation de mise en œuvre. Son installation comme d’ailleurs tout projet, a affecté à des degrés divers les populations de la localité, qui attendent plus en termes de compensations.
De la maîtrise d’ouvrage de Bagré au pôle de croissance de Bagré (Bagrépôle), la zone d’exploitation agricole a connu d’énormes évolutions du point de vue économique, social, structurel et organisationnel.
Entre aménagement, extension, adaptation, révision des techniques d’exploitation, les responsables du projet ont toujours dit prendre en compte les besoins des populations riveraines environnantes affectées par sa réalisation, surtout que les possibilités de terres irrigables sont estimées à 21000 hectares.
Ainsi, Bagrépôle a procédé au relogement des populations des hameaux et villages installés dans la zone initiale ou d’extension du projet. Cette délocalisation s’est toujours faite avec des mesures d’accompagnement qui permettent d’atténuer le choc de la mutation, et aux déplacés de s’adapter à leurs nouvelles vie et situation économique et sociale.
«Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet et de la libération de l’emprise du projet, nous avons procédé à l’identification des ménages environ 9 000 personnes au jour d’aujourd’hui. On a recensé les biens, c’est-à-dire aussi bien les champs que les parcelles d’habitation que avons valorisés et procédés au dédommagement», précise le Secrétaire général du projet, Jean Tagnan.
Le projet a alors octroyé des sommes d’argent à ces populations, des parcelles pour construire et habiter, et d’autres parcelles aménagées pour exploiter en double campagne dont chacune au moins équivalente sinon supérieure à ceux qu’ils avaient avant les aménagements, en termes de rendement.
Plus de superficie sur les périmètres aménagés
Tout compte fait, malgré les indemnisations, les compensations, les possibilités de négociation, les aménagements divers et l’accompagnement technique dont elles bénéficient, les populations affectées par le projet Bagrépôle ne semblent pas suffisamment satisfaites, et en demandent davantage.
Le chef du village de Bagré dit n’avoir pas été consulté en sa qualité de premier responsable du village, sur l’occupation et l’aménagement de certains endroits.
«Nous n’avons pas été informés lorsque le projet voulait procéder aux constructions alors qu’il y a des zones de pratiques traditionnelles, de rites qu’il faut protéger».
Selon lui, ils sont nombreux les habitants de Bagré qui n’ont pas eu de parcelles pour exploiter. «Nous souhaitons que le projet attribue suffisamment de périmètres aux habitants afin qu’ils puissent produire assez pour leur consommation et retenir les jeunes sur place», soutient–il.
Adama Bantango, président de l’union des groupements de producteurs de riz de Bagré (UGPR-B) lui aussi soutient : «
Nous souhaitons que Bagrépôle ajoute des hectares aux producteurs qui sont ici d’abord et s’il en reste, il peut donner aux agrobusinessmen. Avant de laisser les agrobusinessmen s’installer, il faut améliorer notre situation en premier».
En effet, les producteurs de Bagré, autrefois petits exploitants et exploitants familiaux sont en train de se lancer dans la production intensive et de rente, grâce aux techniques qui permettent l’amélioration du rendement à l’hectare.
Parlant des 2581 hectares qui concernent les personnes affectées par le projet (PAP) et réinstallées à Loaba relevant de Bittou, une chose est sure : «les PAP sont prioritaires, et tant que tous ne sont installés, personne d’autre n’aura une parcelle. L’agrobusiness n’est même pas concerné par cet aménagement», précise Désiré Tapsoba, directeur de la valorisation économique adjoint.
Les 500 ménages PAP de Loaba demandent plus de commodités
«Nous voulons une école pour les enfants, un centre de santé. En plus de cela, il nous faut aussi un accompagnement comme celui de la maison de l’entreprise afin donc que les femmes, les jeunes, les vieux puissent entreprendre et financer leurs activités», sollicite le chef de Loaba (PAP).
Si les hommes de Loaba ont déjà suivi leur formation, les femmes elles sont toujours en attente de la leur selon Kaboré Fati, représentante des femmes de Loaba (PAP), présidente du groupement des femmes de Loaba. La formation va leur permettre de quitter l’oisiveté actuelle, et de mener des activités.
Représentant les jeunes du village, Salbré Ousmane lui soutient : «le déménagement a été difficile pour nous car, ce que le projet nous donne ne suffit pas construire des maisons dignes de nous et nous sommes obligés de compléter ce qui n’est pas évident pour tout le monde».
«Nous jeunes, voulons que le projet nous aide avec une maison des jeunes, un bon terrain de football», ajoute un autre jeune, Maliki Kamboné, président du Comité villageois de développement (CVD).
Tout compte fait, les responsables de Bagrépôle, qui ont déjà entrepris beaucoup en termes d’accompagnement des populations (dédommagement, octroi de parcelles, création d’emplois), se disent toujours ouverts au dialogue et prêts à prendre en compte leurs préoccupations.
Ces informations ont été récoltées au cours d’une sortie de production organisée par le réseau d’initiatives de journalistes (RIJ) en partenariat avec Oxfam du 18 au 22 février 2015, à Bagré.
Boureima LANKOANDE
Burkina24
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