Félix BALIMA, le scientifique burkinabè qui a la technologie des carbones dans la peau

publicite

 Scientifique accompli, Félix BALIMA fait partie des fiertés que compte le Faso à l’étranger. En 2014, grâce à l’utilisation des techniques haute pression pour l’étude des solides en diffusion aux petits angles, il a été lauréat du prestigieux prix du Groupe Francophone d’Etude des Carbones. Ce prix récompense une contribution significative à la science ou à la technologie des carbones, apportée par un jeune scientifique ou ingénieur ayant réalisé son travail dans un pays francophone. Il s’est ouvert à Burkina24 pour le plaisir de ses lecteurs.

La suite après cette publicité

Burkina24 (B24) : Qui est Docteur Félix BALIMA pour les lecteurs de Burkina24 ?

Félix BALIMA (F.B) : Je suis Félix BALIMA, originaire de la région/province du Boulgou (Tenkodogo). J’ai fait mes études secondaires au lycée Mixte de Gounghin et au lycée Marien N’Gouabi et les premières années anniversaires en Physique à Ouagadougou jusqu’en 2000. J’ai terminé mon parcours universitaire  à Lyon.  Mon  parcours de formation est jalonné  par des expériences académiques professionnelles.

B24 : Parlez-nous de votre parcours académique et professionnel.

F.B : La stabilité et la notoriété du système universitaire burkinabè ont été sérieusement ébranlées par les troubles socio-politiques en 2000. Ce qui a conduit d’ailleurs à l’année invalidée et qui a eu pour conséquence d’interrompre mes études pendant quelques années.

J’ai repris les études en 2007 à Lyon, avec le master en Physique. Après des résultats très satisfaisants, j’ai eu une proposition de sujet de thèse qui commençait par un stage de 5 mois.

Mes travaux de doctorat avaient, à la fois, une perspective de recherche fondamentale qui consistait à comprendre l’évolution des structures cristallines et de la porosité sous haute pression et, une perspective de recherche appliquée consistant au choix des matériaux complexes étudiés et l’investigation des paramètres de  fabrication.

Au niveau atomique, j’ai étudié les transitions de phases sous haute pression des matériaux carbonés comme le graphite, les nanotubes de carbone, les fullerènes et le graphène par spectroscopie Raman et la diffraction de rayonnement (rayons X et neutrons).

Je suis resté deux années de plus à l’Institut Lumière Matière (où j’avais fait mon doctorat) pour un projet d’étude sur les composites à base de nanotubes de carbone.

Depuis septembre 2014, je suis à Bordeaux où j’étudie la stabilité d’autres types de matériaux carbonés très durs : le diamant et les carbures.

B24 : Vous avez également été lauréat en 2014, du prestigieux prix du Groupe Francophone d’Etude des Carbones (GFEC). Présentez-nous ce prix et la nature de l’étude qui vous a permis de le remporter.

F.B : C’est un prix pour lequel on ne peut pas candidater directement ; l’on est nominé d’abord, et après sélection. Le lauréat est ensuite choisi par un vote des membres d’un comité appelé G30. Le vote portait sur trois personnes dont deux autres personnes dont je connaissais la qualité et la pertinence des travaux. J’ai reçu un message du GFEC qui annonçait que j’étais le lauréat. Le prix m’a été remis à la conférence mondiale du carbone sur l’île de Jeju  en Corée du Sud.

Ce sont les résultats que j’ai obtenus suite à l’utilisation des techniques hautes pressions pour l’étude des solides en diffusion aux petits angles qui m’ont valu ce prix. L’utilisation de ces techniques était inhabituelle.  Il n’y avait donc pas de moyens d’études in situ sous pression.

Il a fallu développer avec l’équipe technique du laboratoire, des cellules spécifiques pour la diffusion de neutrons et adapter une cellule à enclumes de diamant pour la diffusion de rayons X.

C’est la nouveauté technologique et scientifique de ces études qui ont surtout pesé pour mon obtention du prix GFEC 2014.

Félix BALIMA recevant son prix du Groupe Francophone d’Etude des Carbones (GFEC) à la conférence mondiale du carbone sur l’île de Jeju  en Corée du Sud en 2014.
Félix BALIMA recevant son prix du Groupe Francophone d’Etude des Carbones (GFEC) à la conférence mondiale du carbone sur l’île de Jeju en Corée du Sud en 2014.DIPLOME

B24 : Avez-vous des projets de retour au Burkina Faso ?

F.B : J’ai certes le désir de retourner au Burkina, mais la nostalgie ne suffit pas ; il faut des projets bien construits.

Le projet le plus accessible reste l’enseignement universitaire. Mais je préfère le mettre à côté d’autres projets que j’essaye de mûrir. C’est sûr que je serai très heureux de pouvoir travailler chez moi.

B24 : Quelle lecture donnez-vous de l’actualité politique dans votre pays, le Burkina Faso ?

F.B : L’année 2014 s’est terminée pour le Burkina avec le changement de régime. Avec la transition qui s’est mise en place après une longue bataille du peuple burkinabè, j’ai beaucoup d’espoir pour l’émergence d’un Burkina démocratique. Je me réjouis de la maturité du peuple burkinabé.

Je suis de ceux qui pensent que l’objectif de l’insurrection était de se débarrasser d’un système vicieux qui a poussé des racines dans notre société.

Le départ de Blaise Compaoré fait tomber un arbre mais tout le monde a conscience que les racines restent. Je crois que pour une société durablement stable et paisible, il faut un effort de justice d’abord. On a évidemment besoin d’une réconciliation pour panser nos blessures, mais on ne peut se réconcilier qu’après un travail sérieux de la justice.

B24 : Votre mot de fin.

F.B : J’aimerais réserver le mot de la fin (peut-être le plus important !) à mes frères et sœurs qui sont dans les études ou déjà dans la recherche.

Je crois en leurs compétences et je crois que des distinctions comme la mienne n’est que le reflet de la richesse intellectuelle de toute une société. J’espère que je ne suis qu’une des premières manifestations d’une multitude de scientifiques burkinabè et d’Africains qui montreront brillamment leurs compétences.

Enfin, je souhaite voir des solutions pour implanter notre recherche en Afrique. Aujourd’hui, dans le cadre de collaborations scientifiques, les occidentaux font des séjours dans certains pays émergents sur des sujets très pertinents. Pourquoi pas au Burkina ? C’est à nous de travailler à cela.

Pour être clair (et je m’adresse aux décideurs politiques), je ne crois pas à l’argument d’une recherche qui couterait trop cher pour nos pays. En dialoguant avec les chercheurs, nous verrons que nous pouvons nous équiper pour faire une recherche honorable.

Entretien réalisé par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU-Burkina24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Articles similaires

3 commentaires

  1. Un exemple pour les filleuls de 3Pour un autre monde?, un autre monde est possible, la recherche est accessible avec de la volont?…F?licitations ( m?me si je ne comprends pas le fond de sa recherche)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×