Mine de Perkoa : Le cri de coeur a été entendu
Ceci est la lecture d’un citoyen sur la situation qui a prévalu dans la mine de Perkoa, bloquée depuis le 31 août, avant d’être débloquée ce 4 septembre 2015.
Quand l’incivisme, le refus du respect de l’autorité de l’Etat s’installent en maitre roi au village de Perkoa, la république doit s’inquiéter dans ses fondements depuis Ouagadougou.
Tenez-vous bien, une délégation venue en médiation le hier jeudi 03 septembre 2015 aux environs de 12H composée de Monsieur Mamadou Porgo inspecteur général des services du ministère des mines et de l’énergie, du haut-commissaire de la province du Sanguié, Monsieur Vincent Sawadogo, de Monsieur Claver Yaméogo Commandant de Compagnie de Gendarmerie de Réo a essuyé l’hostilité, les critiques d’un groupe de personnes qui ont bloqué l’accès à l’entrée de la mine de zinc de Perkoa depuis le 31 aout 2015.
Sur les lieux de la manifestation, dans son approche, la délégation a d’abord fait appel à deux jeunes leaders pour leur exposer l’objectif de leur venue à savoir initier une négociation entre la mine et les manifestants. Chargés de porter ce message de conciliation à leurs pairs, les deux jeunes leaders ont été purement et simplement hués par des irréductibles criant à la corruption de leurs porte-parole.
La délégation a finalement pris ses responsabilités et face à la foule, le chef de mission Monsieur Porgo prit la parole : « Nous avons été mandatés par le gouvernement en vue d’établir un dialogue entre la mine et vous.
Pour ouvrir la voie de la négociation, comprenez qu’il est difficile pour une partie d’être avec un pistolet à la gorge tenu par son vis-à-vis et le mettant dans une forte pression et espérer aboutir à de bons résultats. Je vous invite à lever le blocus de la voie comme préalable pour permettre aux responsables de la mine confinés à l’intérieur de venir à la table de négociation». Un message au gout amer pour les manifestants, difficile à avaler, les visages ont immédiatement durci le rejet catégorique.
« Nous pas bouger tant la mine ne sort pas avec un chèque de 7 millions nous remettre mains à mains et tant qu’un protocole d’accord qui engage la mine à verser 7 millions de Francs CFA par mois au village n’est pas signé ici et maintenant ».
« La mine doit obligatoirement venir nous donner notre argent, un chèque de 7 millions, sinon on bouge pas d’ici » murmuraient certains dans la foule. Défiant l’autorité au nez « une pancarte sur laquelle il est écrit « juriste, plus de loi à Perkoa » indique clairement l’attitude incivique des manifestants. Attirant leur attention sur le caractère illégal de la manifestation, l’inspecteur général des services a expliqué aux jeunes manifestants que le village de Perkoa fait partie du Burkina Faso qui est un pays régi par des lois et ces lois s’imposent à leur localité.
Face à l’hostilité des jeunes, Monsieur Porgo a terminé son message en les invitant à la réflexion et à la responsabilité. Après avoir quitté le groupe de manifestants pour rejoindre l’entrée du site en vue de s’en quérir des nouvelles des travailleurs confinés à l’intérieur et s’entretenir avec les premiers responsables de la société Nantou Mining, la délégation a regagné Réo et Ouagadougou sans avoir pu faire fléchir les positions.
Le mercredi soir 2 septembre, le haut-commissaire de la province du Sanguié venu dialoguer avec les manifestants a été violemment pris à partie par les manifestants. Inquiété, le Haut-commissaire se lâche « qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Je suis venu juste vous parler et solliciter la voie du dialogue dans le contexte de la crise qui vous oppose à la mine».
Certains tapant la carrosserie de sa voiture, d’autres bloquant le passage, ce fut un mercredi de sueur pour le Haut-commissaire qui a été pris en tenaille. Au regard de l’atmosphère surchauffé, le haut-commissaire avait convié les deux parties pour un face à face au Haut-commissariat du Sanguié le jeudi 3 septembre 2015 à la salle réunion à partir de 9H mais face à l’intransigeance des jeunes manifestants de ne pas libérer la voie pour permettre le passage de la délégation de Nantou Mining, la négociation n’a pas pu avoir lieu.
Difficile situation, c’est l’autorité de l’Etat qui est défiée par des jeunes hors la loi. Pour organiser ce mouvement illégal, les manifestants se donnés tous les moyens de leur politique.
Banderoles en vynil, pancartes bien taillées, repas servis sur place, l’origine du mouvement est à rechercher au-delà de la scène.
A voir des banderoles sur vynil qui ne peuvent être imprimés qu’à Ouagadougou et dans les grandes villes et non au village, des pancartes aux messages multiples, des véhicules qui viennent ravitailler les manifestants en nourriture et boisson sandwichs, eau minérale, des sacs de riz, la manifestation a réuni les grands moyens pour faire du bruit dans l’oreille de Nantou et faire barrir l’éléphant.
Le mouvement a érigé une cuisine sur les lieux de la manifestation pour alimenter ses membres matin, midi, soir. Du pain béni pour certains qui ont trouvé une opportunité de manger gratuitement des jours sans travailler abandonnant champs et famille.
Certaines indiscrétions parlent de soutien venant de certaines personnes. Cette épisode du mouvement de contestation des populations qui tire sa source du passage des députés du Conseil national de transition (CNT) au village de Perkoa au mois d’avril 2015 et qui avait peut-être des objectifs communautaires et nobles a manqué de s’inscrire dans la voie légale.
Certains manifestants ont posté des messages et images via leur page Facebook pour remercier leurs généreux soutiens et donateurs. Avec des messages au ton qui réclame « du pain et liberté pour le peule» porté sur une des banderoles, le mouvement au départ éléphanteau le 31 aout est vite devenu éléphant avec l’implication des jeunes du village qui sont employés à la mine, avons appris de certaines indiscrétions au sein des meneurs.
Parmi les plus durs, ces employés qui ont renforcé le mouvement illégal contre leur propre société qui les emploient galvanisant les attentes de certains de leurs camarades manifestants qui ne souhaitent que la fermeture de la mine parce qu’ils n’y travaillent pas ont travaillé à scier la branche sur laquelle ils sont assis.
Hostiles au message de paix du chef du village qui a demandé de lever les barrières de la voie le jeudi nuit après le passage des autorités, au message du pasteur du village, refusant tout compromis, les jeunes qui avaient commencé à échapper à leurs leaders à qui ils n’obéissaient plus avaient continué de défier l’ordre en faisant régner le désordre et la confusion.
Tôt le matin du vendredi 4 septembre 2015, ils ont fui, abandonnant marmites et casseroles au feu, banderoles à terre, cailloux et projectiles sur les lieux voyant l’arrivée d’un contingent plus important des forces de l’ordre en provenance de Ouagadougou, avons appris d’une source sécuritaire proche du dossier. Cinq meneurs présents sur les lieux interpellés au départ, ils sont plus d’une vingtaine qui ont rejoint le camp CRS à Koudougou où ils sont auditionnés.
Les autres qui ont rejoint la brousse et les conspirateurs du mouvement qui va à l’encontre de l’ordre et de l’esprit citoyen prôné par le gouvernement de la transition sont activement recherchés. Le calme est revenu et il faut s’attendre que le ministère public traduise ceux qui défient l’autorité de l’Etat devant la justice car nul n’est au-dessus de la loi.
Olivier Zongo
NDLR : Le titre est de la Rédaction B24
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