Le Tocsin s’adresse à Oscibi
Ceci est une déclaration du Tocsin sur les récentes déclarations de l’artiste Oscibi Johann. Des déclarations de l’association juge « graves ».
Ces derniers mois, il nous a été donné de constater une fâcheuse tendance à opposer les Burkinabè de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Fidèle à son credo de l’intégration et de la solidarité, l’Association le Tocsin ne saurait rester atone. Cette situation nous interpelle tous puisque l’’article 1er de la Constitution du Burkina Faso stipule que :
« Tous les Burkinabé naissent libres et égaux en droits. Tous ont une égale vocation à jouir de tous les droits et de toutes les libertés garantis par la présente Constitution. Les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race, l’ethnie, la région, la couleur, le sexe, la langue, la religion, la caste, les opinions politiques, la fortune et la naissance, sont prohibées. »
Ainsi, les Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur ont les mêmes droits et devoirs. Alors d’où vient la manie de certains compatriotes de vouloir introduire entre Burkinabè une discrimination en référence à leurs lieux de vie, en particulier le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire.
L’un des derniers faits en la matière est ce discours d’Ocsibi Johann (OUEDRAOGO Sibiri à l’Etat civil) stigmatisant les Burkinabè de l’extérieur et qui a été répandu sur les réseaux sociaux en novembre 2015. En voici un extrait : « C’est pourquoi c’est frustrant que des soi-disant diaspos mentalement inférieurs, hérités de leurs pères et mères mentalement inférieurs, immigrés en Côte-d’Ivoire, mangeant trois fois par jour, oublient d’où ils sont venus. C’est eux le problème. »
De tels propos provenant d’une personnalité comme Oscibi Johann sont très choquants d’autant plus qu’il est membre d’une importante organisation de la Société civile que nous ne citerons pas ici par respect pour les autres membres. Monsieur Oscibi a-t-il déjà oublié que lors de ses démêlés avec les autorités policières de la République Démocratique du Congo, il a bénéficié du soutient de tous les burkinabè tant de l’intérieur que de l’extérieur ?
Ces propos d’Oscibi qui sont d’un autre âge sont à plusieurs égards inacceptables :
- à vouloir classifier ou établir un jugement de valeur entre les Burkinabè de l’intérieur et ceux de l’extérieur, ils rappellent des pseudos sciences de jadis et des idéologies racistes ou ethnocentristes à jamais révolues ;
- ils portent atteinte à la dignité de plusieurs générations de Burkinabè qui volontairement ou involontairement vivent hors de leur pays sans toutefois le renier ;
- ils amènent de l’eau au moulin des individus xénophobes de tout acabit dans les pays d’accueil de nos compatriotes.
Attention à ne pas opposer les Burkinabè de l’intérieur et ceux de l’extérieur
Il n’y a pas longtemps, on assistait à des stigmatisations opposant « Kaosweogo,Paweogo » et « Yirmoaaga » ; « Diaspo » et « Tenga ». Il s’agit de sobriquets non valorisants qui portent des germes d’une fracture sociale. Cette interpellation s’adresse à tout Burkinabè de l’intérieur ou de l’extérieur afin qu’individuellement ou collectivement, nul ne contribue à séparer « les grains de sorgho d’un même panier. »
Des jeunes Burkinabè de l’extérieur ont revendiqué l’effectivité de leur droit de vote aux élections présidentielles de 2015. Les attitudes excessives qu’ils ont adoptées à cet effet ont été unanimement condamnées aussi bien par leurs compatriotes de l’intérieur que ceux de l’extérieur. Eux-mêmes s’en sont repentis, en témoigne les déclarations faites sur les réseaux sociaux, et dans le journal en ligne lefaso.net (« Burkinabè de Côte d’Ivoire : Les délégués CSBE condamnent les troubles et regrettent la fermeture du consulat » du 3 juin 2015 et la « Déclaration du Conseil National des Burkinabè de Côte d’Ivoire » du 4 juin 2015). Cette triste page a été tournée. Vivement que personne ne ravive les braises de la désunion entre Burkinabè de l’intérieur et Burkinabè de l’extérieur. Au contraire, il faut créer les conditions d’une participation plus efficiente des millions de compatriotes de l’extérieur à l’œuvre commune de développement politique, social et économique de notre très chère Faso. Gardons à l’esprit que le Burkinabè de l’extérieur peut devenir Burkinabè de l’intérieur et vice-versa.
Ouagadougou, le 24 novembre 2015
Pour l’Association Le Tocsin
Le Président du bureau exécutif
Arouna SAVADOGO
Officier de l’ordre du Mérite
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