Burkina : « Les maquis ne sont pas un lieu pour les enfants ! »
32 626 enfants travaillent dans les débits de boissons à Ouagadougou. C’est une étude de la Croix rouge burkinabè en août 2015 qui le dit. Ils sont généralement surexploités, sans salaire conséquent et soumis à toutes sortes de violences. La Croix rouge a décidé de contribuer à faire cesser cette pratique à travers une campagne de sensibilisation.
La campagne s’étend du 19 au 31 mars 2016 sur l’étendue du territoire national. Pour la journée du 22 mars 2016, à Ouagadougou, quatre maquis sont ciblés à Dassasgho, Ouidi et Dapoya. Une délégation de volontaires de la Croix-rouge arrive au Maquis le Tamani Kasseto à Dassasgho.
Il fait partie de la centaine de débits de boisson de la capitale qui adhèrent à la campagne « les maquis ne sont pas un lieu pour les enfants », initiée dans le cadre du projet « Préventation et réinsertion des enfants victimes de la traite et de l’exploitation dans les débits de boisson à Ouagadougou », avec l’appui de la Croix-rouge espagnole et l’UNICEF.
Le coordonnateur du Projet, Jean-Pierre Sya, dresse un état des lieux peu reluisant. « On sait que nos enfants sont dans les maquis, ils y travaillent et ils sont surtout exploités, dit-il. On en a rencontrés qui à peine arrivent à dormir. Des enfants qui chaque jour sont insultés, bastonnés par leur patron et à peine à la fin du mois, arrivent à avoir un salaire adéquat ».
Amateur de « fraîcheur »
Le même constat vaut particulièrement pour les filles mineures, soumises souvent à l’appétit des clients des maquis. « Les filles sont souvent dérangées par les clients (…). Vous savez que des Ouagalais aiment ce qu’ils appellent les « fraichnies ». « Oui, dans tel maquis il y a de petites filles. Il faut qu’on y aille ». Alors que personne n’aimerait que sa fille soit dans ces lieux-là », commente Sya.
La campagne de sensibilisation consiste à signer un « contrat d’adhésion » à la campagne avec les tenanciers des maquis. Puis à leur donner des affiches qui seront épinglées sur les murs du maquis. Et enfin, des autocollants qui seront distribués aux usagers de ces lieux.
Drissa Dialla, superviseur du Maquis Le Tamani, a adhéré à tout. Sa raison ? Il l’explique en ces termes : « Le maquis est un cadre fréquenté par les doyens. Donc, si les enfants sont aussi là, ils verront de nombreuses choses qu’ils ne devraient pas découvrir ».
Même son de cloche chez Bénoît et Moïse Kaboré, gérants du maquis « Yombo ». « C’est un lieu de beuverie. On ne peut donc pas se permettre de laisser les enfants le fréquenter », affirme ce dernier, qui avait déjà fait placer les affiches devant la porte de son maquis, avant l’arrivée de l’équipe de la Croix-Rouge.
L’ONG ne compte pas s’arrêter là et prévoit continuer à sensibiliser de façon intensive, car, comme l’a dit Jean-Pierre Sya, « un enfant doit être à l’école et non dans un maquis ».
Abdou ZOURE
Burkina24
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