Concours des PAG : « Il est temps qu’on rétrécisse véritablement les rives de l’arbitraire » (Opinion)

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Ceci est une déclaration d’un instituteur sur l’ouverture des concours professionnels des Personnels d’administration et de gestion (PAG) aux enseignants.

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J’avais pris la ferme résolution de ne plus jamais me prononcer sur toute question relative à l’organisation des concours professionnels dans notre pays. Et pour cause, pour avoir été aux avant-postes d’un comité d’action spontanée qui a contraint les autorités du Ministère de la Fonction
Publique en 2013 à accepter nos candidatures au concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature, option Conseiller en Gestion des Ressources Humaines (C/GRH), j’ai subi la plus hallucinante déconvenue de ma carrière.

En effet, le concours des C/GRH était ouvert chaque année aux agents en poste dans les directions des ressources humaines, et avait même fini par devenir une réelle perspective de promotion pour ces derniers. En 2013, il a été décidé de façon inattendue de mettre fin à cette pratique datant de
plusieurs années. Nous avons alors mené la fronde qui nous a finalement permis de prendre part au dit concours grâce à une insuffisance du communiqué d’ouverture que nous avions exploitée au grand damne des autorités de la fonction publique.

C’est ainsi que pour ma part, j’ai eu le privilège à la même année d’être le seul candidat admissible, et au concours des Conseillers d’Administration Scolaire et Universitaire (CASU), et au concours des
C/GRH. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait ; mais contrairement aux autres cas où les candidats dans la même situation avaient eu la possibilité de prendre part aux épreuves orales des deux concours auxquels ils étaient admissibles, ce droit m’a été refusé car, comment pourrais-je m’y prendre, pour des épreuves orales de deux concours, organisées le même jour, à la même heure et à des endroits différents et distants d’au moins trois kilomètres ?

Si le droit de prendre part à la phase écrite d’un concours est offert à un candidat, n’est-il pas un devoir pour l’administration de lui permettre d’aller aux termes du processus en cas d’admissibilité ? Eh bien, moi j’ai été obligé de faire un choix, un choix qui m’a été fatal car jusqu’ à la date d’aujourd’hui, je cherche encore mes marques pour renaître des décombres de cette déconfiture. Etre admissible à deux concours aussi sélectifs et les perdre ainsi, c’est vraiment intenable.

Rien ne dit que les choses auraient pu être autrement si j’avais pu aller au bout du processus, certes. Mais comment ne pas non plus croire au complot, quand on sait que pendant la phase ultime de notre fronde, j’ai personnellement essuyé par appel téléphonique les véhéments sermons du
secrétaire général de la fonction publique à l’époque? Comment ne pas croire au complot, quand on sait qu’il était possible de dissocier les deux épreuves orales étant donné que les résultats d’admissibilité des deux concours ont été publiés avec plusieurs jours d’intervalle ? Comment ne pas
croire au complot, si 2013 demeure la seule année où les épreuves orales des deux concours sont organisées de façon concomitante et de surcroit un samedi or la possibilité est même accordée aujourd’hui aux candidats retardataires de se rattraper le dimanche ? (pour des raisons de décence, je ferai abstraction des conditions psychologiques tétanisantes dans lesquelles j’ai subi l’épreuve orale des C/GRH). Bref. Ça, c’était en 2013.

Nous sommes aujourd’hui en 2016 et il est inadmissible que l’organisation des concours professionnels continue toujours de faire l’objet d’un climat délétère. En m’exprimant de nouveau sur la question et de surcroit à visage découvert, ce n’est pas sans avoir pris la mesure des risques auxquels je m’expose. Mais seulement, mon exaspération est telle que mon sort personnel ne me préoccupe plus. Nous sommes en 2016 avec l’avènement d’un Burkina nouveau ; un Burkina nouveau qui ne doit plus s’accommoder des « inconduites immondes » vécues autrefois. Il est temps qu’on rétrécisse véritablement les rives de l’arbitraire dans la gestion de l’administration publique.

Les mêmes autorités qui étaient aux commandes du Ministère de la Fonction Publique en 2013, notamment le Secrétaire général et le Directeur Général de l’Agence Générale de Recrutement de l’Etat sont toujours à leurs places. S’il a été possible pour elles, de fermer tous les concours professionnels à des corporations autres qu’aux candidats légitimes, pourquoi l’application de la même mesure pose problème en ce qui concerne le concours des Personnels d’Administration et de Gestion (PAG)?

Les dispositions du décret 2012-315/PRES/PM/MFPTSS/MENA/MEF invoqué pour légitimer leur manœuvre inique n’est que dilatoire. Pour être succinct, ce décret a été adopté aux forceps, sans consensus avec un contenu indécent en ce sens que dans sa formulation, le seul argument mis en exergue à l’époque, c’est la fragilité du climat social. Son adoption répondait plus au besoin de survie d’un régime en perdition (mutinerie de 2011) qu’à l’intérêt général de l’administration publique.

Nous estimons alors qu’il (ledit décret) fait partie de l’héritage ordurier du régime précédent et son abrogation ne saurait constituer une sinécure. Du reste, si la seule existence d’un texte suffisait à lui conférer son indéfectibilité, le Général ZIDA serait aujourd’hui en poste au pays de l’oncle SAM en qualité d’ambassadeur de notre pays.

En outre, le contenu des communiqués d’ouverture des concours professionnels doit cesser d’être le résultat d’un rapport de force. Les plans de carrière de tous les emplois sont clairement définis, pourquoi une dérogation au détriment d’une seule corporation ? Il faut éviter dans une
république de donner l’impression dangereuse que « qui a la force a le droit ».

Comme nous l’enseigne si merveilleusement un proverbe chinois « on ne peut empêcher les oiseaux de mauvais augure de voler au-dessus de nos têtes, mais on peut les empêcher de faire leurs nids dans nos cheveux ». Le domaine des concours professionnels est un domaine hautement sensible qui
doit cesser d’être « le landerneau des bouilleurs de cru ». Il faut le dispenser des inconséquences, des approximations et des louvoiements qui y prévalent actuellement. Bref !

Même s’il y a encore beaucoup à dire, je préfère m’arrêter là. Mais je tiens à préciser pour terminer que ma réflexion n’est aucunement dirigée contre le personnel enseignant du primaire car moi-même je suis issu de ce corps. Mieux, j’ai des frères, des sœurs et des amis qui y sont. Mon action
est purement et simplement une croisade contre l’injustice, le mépris et le bâillonnement dont nous faisons l’objet depuis belle lurette. Même si c’était un autre corps de métier que le personnel enseignant qui était en face, ma détermination resterait toujours la même.

KAHOUN D. Paulin

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