Opinion : « Que reste-t-il du triumvirat des RSS ? »

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Dans cette tribune, un citoyen s’interroge sur la solidité du trio qui dirige actuellement le Burkina, à avoir le Président Roch Kaboré, le Président de l’Assemblée nationale Salif Diallo et le ministre d’Etat chargé de la sécurité intérieure, Simon Compoaré.

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En janvier 2014, Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré abrégés en RSS, claquaient officiellement la porte du parti présidentiel qu’était le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), et affichaient une union sacrée dans leur nouvelle aventure politique.

Cette union a laissé croire les fins analystes de la vie politique que ces trois politiciens de métier ont établi un triumvirat entre eux, étant donné que leurs opinions politiques n’ont pas toujours été convergentes dans un passé récent.

Elle a également suscité un engouement populaire. Ce qui a entrainé la fragilisation du pouvoir décrié de Blaise Compaoré, et leur a valu d’accéder au pouvoir d’Etat sous la bannière de leur nouvelle formation politique, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

D’où l’investiture de Roch Marc Christian Kaboré comme Président du Faso après sa brillante élection le 29 novembre 2015, l’installation de Salif Diallo en qualité de Président de l’Assemblée nationale après avoir été élu à la même date comme député, et l’accession de Simon Compaoré à la tête d’un vaste département ministériel en tant que seul ministre d’Etat dans le Gouvernement.

Ce trio a ainsi démontré que l’union fait la force. En tout cas, il était évident qu’aucun d’eux, individuellement, n’aurait pu se faire élire comme Président du Faso de sorte à tenir les rênes du pouvoir d’Etat aujourd’hui. En agissant dans l’union, ce trio a donné au peuple de croire que le triumvirat établi en son sein, rayonnera pour longtemps tout en inspirant l’apport du bien commun.

Mais après plus de onze mois de gestion du pouvoir, la quiétude ne semble pas être au rendez-vous, eu égard aux risques – du moins apparents – de dislocation du trio. Des risques tenant notamment aux sorties fracassantes de certains soi-disant leaders d’OSC (organisations de la société civile) dont la platitude d’analyse se double de velléités de mise en conflit du trio.

Et c’est en tant que citoyen profondément attaché à la marche paisible de notre pays, que ces risques de dislocation nous interpellent. L’effectivité d’une telle déchirure au sommet de l’Etat nous plongera évidemment dans un recul regrettable. Nous devons nous laisser enseigner par l’histoire. Pour peu dire, l’on se rappelle qu’une querelle de leadership entretenue entre Gérard Kango Ouédraogo et Joseph Ouédraogo, militants d’un même parti et respectivement Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale a justifié un coup d’Etat militaire en février 1974 dans ce pays.

Mais qui sont vraiment ces agitateurs ?

Ils sont membres du Bureau politique national du MPP, mais agissent sous le couvert d’OSC. Disons-le tout net, eux, ce sont Safiatou Lopez et Hervé Ouattara. La première se fait passer pour une proche du président Roch Kaboré. Du reste, cette position de proximité n’est pas encore démentie. Au contraire, elle est très souvent vue à la présidence du Faso auprès de son principal occupant. Mieux, trois de ses « lieutenants », en l’occurrence Désiré Guinko, Yahya Karambiri et Barkissa Ouédraogo ont été nommés à la présidence du Faso.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans leurs sorties, c’est un autre membre dudit trio, en l’occurrence le Président de l’Assemblée nationale, par ailleurs président par intérim du MPP, qui fait les frais de la critique facile mais acerbe. Et ce, sans que la moindre réaction de recadrage n’apparaisse, encore moins une sanction de la part du parti.

En effet, ils sont censés être des militants disciplinés et respectueux des autorités issues de leur parti tout en agissant – s’ils ont des critiques constructives – dans les cadres offerts par les instances du parti. Peut-on dire que leur cas illustre parfaitement l’adage qui dit que « quand la bouche parle, c’est que la nuque est protégée » ?

Même en tant qu’acteurs de la société civile – s’ils ne sont que ça uniquement- ils doivent comprendre que les règles minimales de la démocratie requièrent de tous, le respect vis-à-vis des autorités une fois investies. Mais au-delà de l’irrespect, c’est le penchant à alimenter les risques d’éclatement du trio qui semble les animer. Et cela n’est pas de nature à faire avancer ce pays qu’ils prétendent voir mieux se porter.

Face à la crise de la CAMEG

Sans vouloir rentrer dans les prises de positions des différentes parties directement impliquées, nous voulons relever qu’il y a eu un manque de solidarité de l’Exécutif aux côtés du ministre de la Santé dans la gestion de cette crise qui a éclaté il y a plus de quatre mois. Cela est-il lié au fait que celui-ci est souvent présenté comme un proche du Président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo ?

Ce sont autant de faits qui brouillent l’image des RSS unis et stratèges et qui, à tout le moins, entretiennent et grossissent les rumeurs sur leur désunion et sur les luttes d’intérêts. En tout cas, l’on peut se demander aujourd’hui, si le triumvirat établi entre Roch, Salif et Simon avant la victoire du MPP, est toujours solide.

Le pays a plus que jamais besoin de leur union autour des énormes défis à relever pour apporter un mieux-être auquel aspire légitimement le peuple burkinabè après l’insurrection de fin octobre 2014.

Nous pensons, pour notre part, que les Burkinabè ont besoin d’être rassurés quant à l’existence de l’union sacrée affichée en janvier 2014 par les RSS, car cela est gage de quiétude et de perspectives salutaires. Espérons bien que leur triumvirat ne sera pas comme celui du trio Jules César, Crassus et Pompée dans la Rome Antique.

Halidou Traoré

 

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