Etat de la Nation : « L’apocalypse tant annoncée n’a pas eu lieu»
Avant que le Premier ministre ne réponde lui-même aux questions et inquiétudes qu’a soulevées son discours sur l’état de la nation à l’Assemblée nationale ce 14 avril 2017, les députés de la majorité parlementaire ont pris sur eux de répondre aux observations, critiques et questions de leurs collègues de l’opposition.
Sur le chantier « plus rien, même pas une charrette sur le chantier »
Les premiers à prendre la parole sont les députés du groupe parlementaire, Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN). La députée Marie Rose Romée Ouédraogo s’est voulue porte-parole des populations qui l’ont votée. Elles lui auraient demandé, et ce « avec insistance », de «dire qu’elles réclament la suppression pure et simple de cette gratuité (de soins) de façade » et qu’elles préféreraient que le gouvernement subventionne les médicaments à hauteur de 50%.
Le constat fait et le compte rendu qui lui est parvenu, c’est que « seuls se trouvent disponibles le paracétamol et quelques sirops. Les dépôts pharmaceutiques sont vides. Les ruptures de stock sont récurrentes». D’où ses questions : Qu’est-ce qui explique les difficultés ? Quelles solutions palliatives ?
Qu’est-ce qui explique le « décalage » entre les cérémonies « grandioses » de lancement des travaux de certaines routes et le début effectif des travaux, interroge un autre député du groupe. Celui-ci a pris pour exemple le lancement des travaux du tronçon Didyr-Toma-Tougan le 15 décembre 2016 alors que jusqu’à présent, « plus rien, même pas une charrette sur le chantier ».
Groupe Burkindlim
En guise de réponse à ses collègues du groupe PJRN, Barry Issa, s’est dit étonné que « certains se sont demandés s’ils sont au Burkina Faso », même face à ce qu’il qualifie de « discours aussi propre, qui retrace la réalité en 2016 ». Le même discours, le député Sanfo Alidou, le qualifie de « discours sans langue de bois », car dit-il, le contenu reflète ce que les Burkinabè ont vécu en 2016.
Le député Anatole Bonkoungou du groupe Burkindlim s’est attardé sur la question du lotissement qui selon lui demeure une préoccupation des citoyens des grandes villes. Face à ce constat, il a demandé au Premier ministre par ailleurs, président de la commission interministérielle, de rassurer la représentation nationale sur la gestion du passif des lotissements et le respect des délais de six mois. Même si, relève-t-il, le ministre de tutelle avait déjà répondu à la question.
Au CDP, on admire le « courage » mais l’on plaint la « jeunesse » du Premier ministre
Dans la même lancée que les élus du groupe PJRN, le député Alfred Sanou du groupe CDP a fait part de son étonnement de voir que le chef du gouvernement ait « peint l’Etat de la nation en rose, malgré les cris de détresse de la population ». S’exprimant sur le débit de la connexion Internet, Paul Kaba Thiéba a déploré que le Burkina n’ait qu’un débit de 10 gigabits/secondes comparativement au Ghana voisin qui est à 2500 gigabits/secondes.
« C’est ça la triste réalité. C’est ça l’héritage que nous avons reçu », a décrit le Premier ministre. Cette description, à en croire le député Sanou, ne correspond pas à la réalité. Et il se justifie : «parlant d’héritage, l’eau de Ziga II, le barrage de Samandéni, la centrale solaire de Zagtouli, la disponibilité des médecins gynécologues et cardiologues font partie de cet héritage ».
Le député Blaise Sawadogo, vice-président du groupe CDP à qui la « prestation pose politiquement problème », est encore plus critique vis-à-vis de la situation décrite par le chef de l’exécutif. En plus d’être « une négation de l’histoire récente de notre pays », le discours vaut pour lui également « une négation de l’histoire du MPP et de ses dirigeants que sont Roch Kaboré, Simon Compaoré et Salifou Diallo ».
Pour la députée Juliette Bonkoungou, le discours de P.K. Thiéba représente « un classique ». Celle qui dit avoir entendu parler du manganèse de Tambao et qui est « à l’automne » de sa vie « désespère de voir les ressources de ce manganèse venir enrichir notre économie et soulager notre peuple ». Ironie ou pas, elle a félicité celui qui n’a eu de cesse de clamer que « Burkina Faso redémarre ». Et ce, tout au long de son discours. « J’admire votre courage mais je plains votre jeunesse », a dit la députée, ancienne ministre sous le régime Compaoré avant de conclure en rappelant au Premier ministre qu’il n’est pas là pour la campagne électorale.
L’UPC attend toujours le « reformatage »
Pour le député Zerbo Moussa, le discours présente le pays comme « un paradis terrestre ». L’élu se demande s’il arrive souvent que son auteur descende dans la rue pour toucher du doigt les réalités. Il a terminé par la question « à quand le reformatage effectif du système éducatif pour l’adapter aux besoins de notre société et arrêter l’édification de ce vaste réservoir de chômeurs véritable bombe sociale? ».
Son collègue Aoue Ataouegue Joël, lui, a souligné avoir remarqué que le discours du Premier ministre n’est autre qu’« une étude comparée d’avec le Burkina post-insurrectionnel ». Affirmant que si les acteurs d’alors ne sont pas de la partie, et que lui l’est, « c’est parce qu’ils n’étaient pas bons ».
MPP : « L’apocalypse tant annoncé après le départ de l’irremplaçable Messie n’a pas eu lieu »
Les députés du groupe parlementaire MPP ont été les derniers à prendre la parole. Eux avaient 30 minutes pour poser leurs questions. En plus d’avoir posé quelques préoccupations, ils ont répondu à leurs collègues de l’opposition comme l’ont fait leurs alliés du groupe Burkindlim.
Alassane Sakandé, le président du groupe, a d’abord félicité le chef du gouvernement qui a annoncé le déblocage de la somme de 5 milliards de F CFA au profit des femmes et des jeunes dans un proche avenir. « Cela comprend bien les jeunes et les femmes qui ont fait l’insurrection et aussi les jeunes et les femmes qui ont lutté pour la modification de l’article 37 », a ajouté le député.
Et si malgré « des faits réalistes et réalisés », note le député Boureima Barry, il y en a qui trouvent à redire, c’est parce que conclut le président du groupe, « lorsqu’on dort dans un train, on ne sait pas que le train avance ».
Alassane Sakandé a terminé en donnant une réponse à la question de la députée Rose Ouédraogo du groupe PJRN. « S’il y a des députés dans cette salle, qui sont contre la gratuité des soins, qui essaient de peindre négativement cette mesure salvatrice pour le peuple burkinabè, que d’abord ces députés renoncent à la gratuité des soins offerts par l’Assemblée nationale et qu’ils prennent leur véhicule aller dans les quartiers comme Quatr Yarr et dire que la gratuité des soins est mauvaise et on verra s’ils vont revenir indemnes ».
Pour témoigner de son approbation avec le contenu du discours, le député Ouattara Lacina a partagé sa tentation d’aller jusqu’à dédier son macaron de député au Premier ministre. Il l’a par ailleurs invité à revenir prochainement avec des chiffres à l’appui pour prouver que « l’apocalypse tant annoncée après le départ de l’irremplaçable Messie n’a pas eu lieu ».
Oui Koueta
Burkina24
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