Chroniques de Ramadan : Entre la crainte (peur) et l’espoir
Chaque jour, pendant le mois de Ramadan, l’imam Alidou Ilboudo développe un aspect important à savoir sur le jeûne musulman.
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Avec ramadan finissant, comme pour tous les actes du croyant, le jeûneur est dans la crainte et l’espoir. La crainte ici est alkhawf, la peur, l’appréhension de voir ses actes non exaucés. L’espoir « arradja » est l’espoir, l’espérance dans la miséricorde d’Allah qui surplombe toute chose. « Le croyant est entre la crainte et l’espoir », c’est un texte connu. Le coran décrit les croyants dans leur cheminement comme ceux que la crainte et l’espoir habitent :
«lls concouraient au bien et Nous invoquaient par espoir et par crainte. Et ils étaient humbles devant Nous. »(S.21 V.90).
Et la crainte, tout comme l’espoir, est un acte d’adoration relatif au cœur, c’est un acte spécifique à Allah, et ne peut être partagé avec les créatures.
Oui ! Allah s’est décrit dans les écritures comme celui qui a le châtiment douloureux et le jugement implacable et impartial. Le croyant est conscient de ses faiblesse et manquements vis-à-vis d’Allah , de lui-même et de ses créatures. Combien d‘interdictions d’Allah, n’a-t-il pas enfreint ? A combien de recommandations a-t-il obéi ?
Parlant du ramadan et de ses exigences, le jeûneur sait qu’il a jeûné mais son jeune est imparfait de par ses paroles qu’il a prononcés, et des actes qu’il a commis. Il sait aussi les préceptes auxquels il n’a pas satisfait par négligence ou parce qu’il a succombé à la tentation et à la facilité. Et quand il considère les paroles qui menacent de nullité son jeûne, il craint que cela ne soit pas exaucé. Le messager n’a-t-il pas dit : « celui qui ne se démarque pas du faux en paroles comme en actes, Allah n’a nul besoin qu’il laisse pour lui sa nourriture et son eau ?»
N’a-t-il pas dit aussi : « plusieurs vont jeuner mais n’auront de leur jeûne que la faim, le manque de sommeil et la fatigue ?» on sait aussi qu’Allah n’accepte que ce qui est pur et sain de toute ostentation. De tout ce qui précède, on comprend l’attitude de précaution, de modestie et d’humilité des premiers compagnons à la suite du modèle, qu’était le prophète ; ils excellaient dans l’adoration mais se demandaient si leurs actes étaient acceptés par Allah. Abou Baker avait reçu, dit-on l’annonce du paradis avec neuf(9) autres compagnons ; pourtant il disait : « si mon pied droit est au paradis et le gauche dehors, je crains toujours de ne pas y entrer ».
Le Calife Oumar pleurait en disant : « Malheur à toi fils de Khattab ! tu aurais gagné à être une pierre ou un fétu de paille. Voilà que tu es ruiné parce que tu es homme et tu dois rendre compte ». Le prophète, vers la fin de sa vie a pleuré toute une nuit au cimetière de Baki pour ses compagnons par ces mots : « O Seigneur ! Si tu les châties, ce sont tes serviteurs. Si tu les pardonnes, tu es le clément et le miséricordieux ».
Le prophète nous a enseigné à ne pas tirer motif de satisfaction de notre adoration car aucun de nous ne peut véritablement mériter le paradis par ses œuvres, même pas lui. Seule la miséricorde d’Allah nous y fera accéder. Voilà les raisons qui rendent le croyant craintif.
En ce mois de ramadan finissant, combien de nos jeûnes ont été parfaits ? Combien de nos paroles ont été justes ? Combien de nos actes ont été sincères ? est-ce qu’Allah a agréé ne serait-ce qu’une de nos actions ?
La crainte doit être constamment dans le cœur des croyants, et à cette crainte doit être aussi joint l’espoir.
Oui ! L’espoir et l’espérance car le croyant conçoit Allah comme le Dieu d’Amour, le Miséricordieux, le Bon, l’Indulgent, le « Pardonneur » etc. ;
Le croyant, lorsqu’il fait un acte d’adoration, espère d’une part la récompense divine -le paradis-, et d’autre part, se prémunit contre le châtiment divin – l’enfer. Et que cela soit un acte obligatoire ou surérogatoire.
Quand le serviteur craint Allah, il retourne à Lui repentant, Lui demandant pardon, et ne Le fuyant point.
Comment pourrait-on fuir Celui auprès de qui tout retournera ?
Les premiers musulmans considéraient celui qui adore Allah avec amour, crainte et espoir, comme le véritable croyant monothéiste.
L’espoir est ce qui fait progresser le croyant. Il ne doit aucunement désespérer de la miséricorde d’Allah.La miséricorde d’Allah devance et surpasse son courroux.(Hadith). Allah donne du répit le matin aux pécheurs de la nuit pour qu’ils se rachètent. Il donne du répit le soir aux pécheurs de la journée pour qu’ils se rattrapent. Et cela jusqu’à l’heure ultime. Allah est tel que nous le concevons : «je suis comme mon serviteur pense que je suis » (Hadith qoudsi). Si nous espérons à la miséricorde d’Allah ;Il sera miséricordieux pour nous, parce que nous allons déployer des efforts pour tendre vers sa miséricorde.
Plusieurs textes du coran et des hadiths nous incitent à l’espoir : Selon Abou Hourayra , le Messager d’ Allah (SAW) a dit : «Lorsqu’ Allah fit la création, II écrivit dans un Livre qui se trouve près de Lui au-dessus du Trône : «Ma miséricorde a vaincu Ma colère»(Boukhary et Mouslim). Et Aussi : Abou Ayoub Al Ansary a dit: «J’ai entendu le Messager d’Allah –(SAW) – dire : «Si vous ne faisiez pas de péchés, Allah créerait certainement des gens qui pécheraient, puis prieraient Allah de les absoudre et Allah les absoudrait »(Rapporté par Mouslim).
Le verset suivant est appelé verset de l’espoir(ayatou radjaa) : « Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le « Pardonneur », le Très Miséricordieux ». »(S.39 V.53). En conclusion, Abu Ali Rudhbari a dit : « La Crainte et l’Espoir sont comme les deux ailes d’un oiseau. Lorsqu’elles sont équilibrées, l’oiseau est stable et son vol normal. Lorsque l’une d’entre elles manque, le vol devient défectueux. Dans le cas où elles disparaissent toutes les deux, l’oiseau se trouve en danger de mort ». Et s’il y a un moment où le serviteur doit réunir ces deux-là, c’est bien à l’agonie. Le Prophète (SAW)- entra un jour chez un jeune homme en pleine agonie, il lui dit alors : -« Comment te sens-tu ? ». Il dit : « Par Allah ! Ô Messager d’Allah , j’ai espoir en Allah, mais j’ai peur à cause de mes péchés. » Le Messager d’Allah lui dit alors : « Tout adorateur qui réunit dans son cœur ces deux choses -l’espoir et la crainte- pendant son agonie, Allah lui donnera ce qu’il espère et le rassurera de ce qu’il craint» [Tirmidhi, Sahih selon Albany]
Bon ramadan à tous avec l’espoir qu’Allah nous agrée !
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– Il est temps aussi de préparer la zakat el fitr
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