Routes de l’Est : Lettre ouverte d’un citoyen au Premier ministre

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Ceci est une lettre ouverte de Larba Israël  Lompo au Premier ministre en rapport avec la situation des infrastructures routières de la Région de l’Est.

Monsieur le Premier Ministre,

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Le 19 Juin 2017 en réponse au mouvement d’indignation de la population de la Région de l’Est sur l’état de la seule route d’accès dans cette région (RN4),  vous aviez déclaré qu’  « on ne construit pas une route pour faire plaisir aux gens ».

Je me suis retenu de vous répondre sur le champ en vous accordant le bénéfice du doute dans l’espoir que vous présenteriez vos excuses à cette population de cette partie du Burkina Faso.  Malheureusement, j’ai été contraint de constater que  seuls les grands hommes politiques dont la morale politique est pourvue d’épaisseur, se rendent compte de leurs inconduites et les réparent. Parce que l’éducation patriotique que j’ai reçue de la part des hommes et des femmes qui ont bâti ce Burkina, ne m’autorise pas à observer mon animosité vis-à-vis de mes concitoyens comme vous n’aviez cessé de le faire à l’égard des populations de la région de l’Est depuis votre arrivée au pouvoir.

Souvenez-vous que lorsqu’un rapide changement était d’une nécessité impérative, la population de l’Est était la première à défier le couvre-feu du coup d’Etat du 17 Septembre 2015.

Mais dès la formation de votre premier gouvernement, nous avons été menacés d’être frustrés dans nos efforts conjugués avec l’ensemble du peuple burkinabè, au moment où tous les fils et filles de ce pays rêvaient de revoir un Burkina uni, démarqué de toutes politiques régionalistes.

Il en est suivi le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES). Vous aviez jugé qu’inclure le désenclavement et la réhabilitation de la RN4, qui relie le Burkina Faso au Niger serait de faire plaisir aux gens de la Région de l’Est. Vous aviez  exclu cette Région de votre programme politique à cause de votre animosité à faire plaisir aux populations de cette localité du Burkina Faso. Sachez que quand on est Premier Ministre d’un pays, on évite de conjuguer certains verbes. Vous devriez savoir que la population de l’Est, durant les 25 années pendant lesquelles vous aviez oublié que vous appartenez à une patrie, ne souffrait pas de manque de plaisir.

 Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Aucun acte sporadique et aucune intention pieuse ne puissent prévaloir pour un  Burkina au lendemain meilleur en dehors d’un programme politique inclusif sans considération discriminatoire aucune. Nous sommes déjà parvenus au stade où nous devons cultiver la cohésion, la solidarité dans un Burkina uni, ou sombrer comme d’autres nations où le régionalisme, l’ethnie et l’animosité entre individus ont pris le dessus.  Ces nations sont devenues, contre leur gré, les tristes proies de l’impérialisme, maquillé  en conflit armée entre  fils, et aujourd’hui en terrorisme.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Dans le devoir qui s’étend devant nous pour l’unité nationale, la cohésion, la paix et le développement de notre très chère patrie, nous devons prendre ce rythme qui bannit des déclarations politiquement analphabètes. Ce devoir ne saurait être traité dans un rythme qui appartiendrait à une autre époque révolue. Toute autre voie  nous conduira irrémédiablement dans l’échec et dans l’instabilité. Le partage équitable des richesses du pays à tous les fils et filles, voilà notre voie !

Longtemps  le monde entier s’était accordé de prendre le Burkina Faso comme meilleur exemple de la pauvreté et du sous-développement. Nous étions tous convaincus jusqu’à ce que le Camarade Capitaine Thomas SANKARA et ses autres camarades nous prouvent le contraire. Le Burkinabè n’avait jamais été aussi fier de sa patrie qu’en cette période de son histoire. Cela fut possible du fait que le Camarade SANKARA n’appartenait pas à une région, ni à une ethnie : SANKARA appartenait à une patrie !

 Le Burkina Faso est-il pauvre ? Je n’y crois pas un mot. La région de l’Est est la plus grande productrice de sésame et du phosphate, de l’or, du coton avec un grand potentiel électrique.  Le Burkina Faso est quatrième producteur d’or en Afrique, nous avons, du cuivre, du manganèse, du zinc …

Au Ghana voisin, dans les marchés pour mieux vendre le karité, les fruits, la pomme de terre, la tomate, et autre légume, il faut rassurer les clients que ça vient du Burkina.

  En tant que pays pauvre aux yeux du monde, nous avons émergé dans l’affirmation de notre conquête de la liberté à une époque différente, où l’impérialisme dont vous aviez servi pendant un quart(1/4) de siècle, est devenu  plus fort, plus implacable, plus expérimenté, plus dangereux aussi dans ses associations internationales et dans ses sociétés multinationales, que dans ses organismes tous azimuts.

Notre développement  économique exige des programmes politiques inclusifs clairs qui engagent le peuple à investir, à créer, à inventer, à fabriquer, à produire, à transformer, à multiplier à consommer burkinabè et à s’affirmer sur le marché national et international.

Les ressources sont là. Il nous appartient de les mobiliser pour les consacrer au service actif du peuple. Si nous ne le faisons pas au moyen  d’efforts concertés, dans le cadre d’une planification inclusive, il n’y aura jamais de développement. 

 Ce qui revient à dire, qu’il faut extirper les racines qui nourrissent ce  type de mécontentement, dans le cas contraire nous apporterons nous même  une nouvelle aubaine à ces forces impérialistes  déguisées en forces d’intervention et nous deviendrons nos propres victimes.

Nous ne saurions laisser de côté les enseignements de l’histoire.

Nous sommes à l’ère de la planification socialisée, les technologies de l’information et de la communication banalisées à l’échelle mondiale,  la recherche scientifique accessible à tous. La production et la répartition des biens doivent  cessés d’être régies par le régionalisme, l’intérêt personnel et clanique. Toute chose qui  éveille des rêves de l’utopie pour constater sur le terrain les plans de développement économique,  de progrès et de justice sociale.

Si nous n’abordons pas les problèmes du Burkina avec un front commun et une résolution intégrale, nous perdrons notre temps en marchandage politique et en arguments vides. Et quand l’ennemi du nord s’apercevra, nous serons de nouveau colonisés et nous serons devenus des instruments d’un colonialisme bien plus puissant de celui dont nous avons connu jusqu’alors.

Par quel autre moyen pourrons-nous créer un marché intérieur consacré aux services de nos propres  productions agricoles et industrielles ? Si nous n’avons même pas de routes  pour transporter nos marchandises ? Pendant que le kilogramme de pomme de terre coûte 60FCFA à Ouahigouya, à Fada le kilogramme coûte 800FCFA. Paradoxalement, à Diapaga le zamné (fruit de l’acacia macrostachya) 25FCFA/kg est utilisé pour engraisser les moutons, à Ouahigouya le même zamné, plat central de la population du Nord, coute 750FCFA.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

La grandeur d’un homme ne se trouve dans sa capacité à parler mal aux autres mais dans la valeur de l’héritage qu’il laisse !

Larba Israël LOMPO

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