OPEN Burkina ou le combat continu pour la transparence dans la gestion
Focalisée sur son but qui est de s’assurer la « transparence » dans la conduite des affaires publiques, elle fait de l’accès aux données à caractère public son cheval de bataille. Il s’agit de la jeune équipe de OPEN Burkina engagée « pour changer le Burkina Faso à travers l’amélioration de la transparence, la redevabilité, la participation citoyenne et en tirant profit du numérique et de l’innovation ». Pour y arriver, les membres mènent des « projets ambitieux » axés autour de la fourniture d’électricité « anti délestron », les marchés publics (PPP), la qualité de l’air à Ouagadougou, l’accès aux données parlementaires. Le Plan national de développement économique et social (PNDES) n’est pas hors de leurs lunettes de visée.
A OPEN Burkina, ils « ont beaucoup de projets en vue », confie le coordonnateur informaticien de profession, Tinto Tegwendé Idriss. L’accès aux données (si disponibles sur Internet) passe par l’accès à une source d’énergie et donc est conditionnée par sa disponibilité. Avec les coupures intempestives de courant, l’équipe travaille sur son projet « anti délestron » de concert avec la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL).
Les trois objectifs vont de la cartographie des plans de délestage pour pouvoir prévenir clairement sur une carte où est-ce qu’il y aura une coupure pour permettre aux gens de savoir, de collecter les données sur les coupures réelles qui se sont produites sur le terrain pour pouvoir faire de l’analyse, de la comparaison, du plaidoyer et au bout de la chaîne pouvoir faire de la notification aux usagers de la SONABEL à l’approche.
Ainsi, lorsque la consommation augmente, ils proposent d’informer les utilisateurs pour « qu’ils réduisent un peu la consommation pour éviter qu’on ait des délestages ». Perçu « au niveau africain comme un projet innovant », « anti délestron » a permis à l’équipe d’obtenir un budget pour le dérouler en collaboration avec la SONABEL.
Avec le vote de la loi portant Partenariat public privé (PPP) qui n’a pas quitté le cadre des discussions depuis son adoption, le second projet portant sur les marchés publics tombe à pic. OPEN Burkina a l’intention de collecter, structurer les données depuis les plans de passations de marchés jusqu’au rapport d’exécution des marchés, de mettre ces données en ligne.
L’offre ne s’arrête pas à ce stade. L’équipe entend développer des services qui permettront d’analyser ces données et donc de pouvoir visualiser « où est-ce que l’ouvrage est en train d’être réalisé, permettre aux citoyens de savoir et pouvoir remonter de la donnée par rapport à comment ça se passe (et) est-ce que ça se déroule bien ».
Le PNDES n’est pas en reste. OPEN Burkina a également l’intention de collecter les données sur les indicateurs, exposer les sources de vérifications de ces indicateurs. Pour parfaire l’analyse, il est prévu la collecte des données depuis 2010 pour chaque indicateur à disponibiliser sur une plateforme en ligne pour permettre de suivre un peu l’évolution. En somme résume Tinto Idriss, « c’est une vérification citoyenne des indicateurs qui ont été identifiés ».
Ouagadougou, c’est aussi la capitale des engins à deux roues. Et maintenant des tricycles avec à côté les automobiles, les bus de la SOTRACO et la zone industrielle située côté nord de la ville. Tout ce monde pollue l’air, un mélange gazeux que l’on aspire. OPEN Burkina se propose de poser des capteurs qui permettent de collecter des données sur la qualité de l’air dans la ville de Ouagadougou.
Le but visé, « c’est un objectif de transparence. On met de la donnée à disposition pour des besoins de transparence. On veut que le citoyen amène l’autorité à s’expliquer, donc de la redevabilité. Et on veut que le citoyen puisse participer à l’action publique aussi bien la planification que l’exécution. On veut qu’à terme, quand la commune de Ouagadougou est train de faire un plan d’action pour l’année à venir, on veut que le citoyen soit impliqué ».
« Que des élus soient disponibles et présents via leur compte de réseaux sociaux »
« Le parlement est un élément très important de la république parce que c’est le parlement qui contrôle l’action du gouvernement », commente le coordonnateur d’OPEN Burkina. Pour Tinto Idriss, les citoyens ont besoin de savoir si les députés font « le travail qu’on leur a demandé de faire, comment est-ce qu’ils font le travail, est-ce que le travail qu’ils font correspond » à leur attente.
OPEN Burkina, dit-il, fait partie de nombreux de réseaux qui parlent d’ouverture parlementaire. Cette appartenance permet selon lui d’échanger des expériences et de voir qu’est-ce que l’ouverture parlementaire a eu comme impact dans les autres pays et aussi d’envisager d’aller dans ce sens pour avoir le même impact au Faso.
Le focus, justifie Justin Yarga, membre de l’équipe, c’est que de plus en plus, il y a un besoin aussi bien pour les citoyens que pour les journalistes d’avoir accès à des informations au niveau de l’Assemblée nationale. Certes, « il y a des efforts qui sont faits », parce qu’il y a des données auxquelles on peut accéder sur le site web « mais dans une perspective d’ouverture des données, on pourrait peut-être dire que ce n’est pas suffisant ». Ce serait suffisant à ses yeux dès le moment où il sera possible d’avoir une liste des députés qui sont présents ou absents, une liste à visualiser qui permettra au citoyen de voir si son député est actif.
Et avec « des gens qui veulent utiliser les nouvelles technologies pour faciliter la participation citoyenne », web-journaliste, ancien rédacteur en chef de Burkina24, Justin Yarga souhaite que « que des élus adhèrent (principe d’ouverture des données) et qu’ils acceptent mettre un contact valide ou être disponibles et présents via leur compte de réseaux sociaux de telle sorte qu’un citoyen qui veut les contacter puisse le faire facilement ».
Loi portant accès à l’information : « il faut mettre cette loi à l’épreuve »
L’accès verrouillé aux informations à caractère public est-il pour quelque chose dans la démarche de OPEN Burkina ? « On peut dire ça » selon Justin Yarga. Il faut selon lui reconnaitre qu’il y a des « concepts assez nouveaux qui pénètrent difficilement l’administration publique ». Lui s’étonne qu’aujourd’hui encore « quand vous demandez un document, les gens pensent toujours ’’qu’est-ce que vous voulez en faire ?’’ alors que, juge-t-il, ça devait être un droit pour le citoyen d’avoir accès à ce document peu importe ce qu’il veut en faire ».
Il peine à comprendre le « tout est secret alors qu’on est dans un monde de plus en plus ouvert où les citoyens doivent avoir accès à des informations ». La loi portant accès à l’information ? « Il est clair qu’il faut mettre cette loi à l’épreuve » et c’est un peu dans cette perspective qu’agit OPEN Burkina. Au-delà de cette loi, c’est un peu une tendance mondiale. Et ça, c’est une exigence de la démocratie. Il faut ouvrir les données. Il faut permettre aux citoyens d’accéder à des données publiques.
« Je n’hésiterai pas à interpeller l’autorité »
Yabré Idrissa est enseignant. Il a un blog qu’il anime. Il n’est pas étranger aux projets de OPEN Burkina axés sur le libre accès aux données à caractère public. Et pour cause, il estime que « l’information publique doit être vraiment publique et être à la portée de chaque citoyen ». Il a participé à la campagne d’interpellation axée sur le rapport d’enquête de la commission d’enquête parlementaire sur le foncier.
Après délibération sur le rapport, Salifou Diallo, président de l’assemblée nationale d’alors, avait demandé à ce qu’on le publie. « Sauf qu’après la séance, ses services n’ont pas publié ». Et c’est là qu’a commencé son activisme autour de la question sur les réseaux sociaux. Cela a permis « qu’entre temps, ils acceptent d’abord mettre le rapport de synthèse ». Tout comme Justin Yarga qui estime qu’« il faut mettre cette loi à l’épreuve », il ne s’est pas lassé de « poursuivre l’interpellation pour qu’ils se décident à mettre enfin le rapport général ».
Et là encore, poursuit Yabré Idrissa, ils l’ont fait sans adjoindre les annexes, ce qui limite un peu à ses yeux le travail ou la lecture par le citoyen. Lui, pense que « ça devrait être un réflexe au niveau du parlement parce que cela permet à tous les citoyens d’apporter leurs contributions en termes de critiques, de propositions pour que la gouvernance de ce pays soit vertueuse pour qu’ensemble on puisse construire notre Burkina Faso ». Après coup, le blogueur confie avoir « une petite satisfaction ».
Au-delà, dit-il, c’est un devoir pour lui en tant que « ’’activiste de la bonne gouvernance, de la démocratie’’ » duquel il tire « quand-même une petite fierté ». Si une telle situation se présente à l’avenir ? « Je n’hésiterai pas à interpeller l’autorité », répond celui pour qui il s’agit là d’« un combat » à ne pas cesser de mener.
Oui Koueta
Burkina24
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !