Burkina : Le HCDS pour éviter d’avoir « couteau à la gorge »
Avec la mise en place du Haut conseil pour le dialogue social (HCDS), le gouvernement ne crée pas « un gouffre à sous » mais une institution « utile » à l’image de son équivalent au Sénégal « qui a fait ses preuves, qui a travaillé à obtenir une trêve sociale » pour parvenir à une relance économique sans interruptions.
Le ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale était face à la presse pour parler du Haut conseil pour le dialogue social dont la mise en place était « plus que jamais une nécessité et une opportunité pour mieux asseoir le dialogue social, prévenir et gérer les conflits sociaux qui agitent le monde du travail ».
L’instance dont les membres ont été nommés en conseil des ministres le 4 janvier 2018 devrait selon Clément Sawadogo contribuer au renforcement du dialogue social afin de promouvoir la recherche du consensus et la participation des principaux acteurs intéressés à la recherche de solutions aux préoccupations communes.
De la « nécessité » de sa création
« Cette institution, ce qu’elle vise ne peut pas être trouvé dans les cadres existants qui sont des cadres généralement assez ponctuels, épisodiques et qui sont convoqués lorsqu’il y a un problème qui est déjà sur la table, qui est brûlant », a défendu le ministre de la fonction publique. Parce que le gouvernement ne fait pas que ça (trouver solution à la fronde sociale), parce qu’il est aussi aux prises avec toutes les questions de la nation, « il (haut conseil) n’est donc pas de trop qu’il y ait une institution dont c’est la matière principale », a-t-il poursuivi. Avec son opérationnalisation, le gouvernement espère ainsi avoir à sa disposition un organe « sur la même ligne que celui du Sénégal qui a fait ses preuves, qui a travaillé à obtenir une trêve sociale ».
Récusation de la CGT-B
Le haut conseil est une institution comprenant trois composantes dont 10 représentants du gouvernement, 10 des organisations professionnelles d’employeurs, et 10 représentants des organisations syndicales. Mais jusqu’à la nomination des membres en date du 4 janvier en conseil des ministres, la liste des organisations syndicales comportait 9 noms de titulaires et 9 noms de suppléants.
Chaque partie désignant de façon autonome ses membres, au niveau des organisations syndicales, indique le ministre de la fonction publique, c’est l’UAS qui a procédé à la désignation des membres. Une désignation dont il confia avoir été notifié par courrier en date du 30 août 2017 par le président de mois d’alors de l’organisation. La correspondance indique que l’UAS désigne 9 personnes titulaires et 9 suppléants le temps de compléter le 10 ème membre titulaire et le 10 ème suppléant. Sauf que, « effectivement, après la communication de cette liste, la CGT nous a écrit pour dire que les conditions de consensus n’étaient pas réunies et qu’elle récusait la liste ».
Réponse du ministre du travail : « vous vous êtes trompés de porte. La bonne porte, c’est celle de l’UAS ». De ce fait, constate-t-il, « c’est au sein de l’UAS qu’il y a eu des dissensions ». Répondant à sa propre interrogation, pourquoi depuis le haut conseil n’a pas été mis en place ? Le ministre répond : « c’est parce que le gouvernement a voulu laisser le temps aux organisations syndicales de créer les conditions de ce consensus qui est recherché par l’une de leurs organisations ».
De l’« opportunité » de mettre en place le HCDS
L’utilité de l’organe est mise en avant par le ministre de la fonction publique. « La préoccupation ici, dit-il, c’est qu’il n’y ait pas un foisonnement institutionnel ». Avec « le couteau à la gorge » de par le passé, « il y a aussi que certain nombre de revendications pour lesquelles le gouvernement n’a pas eu d’autres choix ». La création de l’institution, défendait le chef de l’Etat dans son adresse du 31 décembre, vise à « mettre fin à la méthode qui consiste à régler les revendications de travailleurs au cas par cas ».
Ce 8 janvier, le ministre de la fonction publique ajoutait que « le seul mérite » qu’il y a « c’est de travailler à améliorer les conditions pour tout le monde » et non « pas pour une catégorie qui détient les moyens de pression dans ses mains, qui doit torturer l’ensemble de la nation pour avoir ces conditions seulement pour elle ». Continuer d’agir ainsi, reviendrait selon lui à « accréditer la thèse de petite bourgeoisie radicalisée ».
Le HCDS est une autre institution avec un autre budget mais les interrogations sont à poser sous un autre angle selon le ministre du travail. Il faut se demander « si elle est utile, si elle peut nous faire économiser des pertes d’énergies se chiffrant à plusieurs dizaines de milliards », oriente-t-il.
Pris sous cet angle, poursuit-il, ce n’est pas 200 à 300 millions de F CFA pour son fonctionnement par année qui va être le problème du Burkina Faso. « C’est comme cela qu’il faut raisonner. On gagne comment. Quand on fait le rapport coût-avantage. Si aujourd’hui, à la faveur de cette institution comme au Sénégal, il y a la paix sociale qui permet aux Burkina de travailler, en deux ans ce pays peut changer avec une gouvernance vertueuse. Mais si tous les jours il y a crise, même en 10 ans, il ne changera pas », pose Clément Sawadogo.
Oui Koueta
Burkina24
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