Grève du SYNTSHA : Rares blouses blanches à Pogbi et à Yalgado
La grève décrétée par le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) est perceptible dans les centres de santé publics. Ne pouvant pas accéder à la requête des syndicalistes, le gouvernement s’est attelé à mettre en place un plan B pour assurer la continuité des soins. Les patients sont-ils pris en charge ce 31 janvier 2018 ? Par qui et comment ? Constat au CSPS de Pogbi et à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.
Mireille Nana. Nous décidons de l’appeler ainsi, au nom du strict anonymat qu’elle a requis. Elle avoisine la trentaine et est stagiaire à Pogbi. « Aujourd’hui, je suis venue depuis 7h pour le dernier jour de mon stage. J’ai malheureusement constaté l’absence de nos patrons. Je suis là à attendre tout en apprenant mes leçons », confie-t-elle.
Dame Nana a sa blouse et quelques outils de stage dans son sac. Certains de ses collègues travaillent pourtant à la salle d’accouchement de la maternité de Pogbi. Par contre, au niveau du pansement et de la consultation, il n’y a pas d’agents de santé. La stagiaire sait que c’est à cause de la grève décrétée par le SYNTSHA que beaucoup ne sont pas présents.
« Une dame est même venue vers 8h au niveau du pansement pour un problème de doigt. Mais, la porte était fermée et elle n’a pas trouvé quelqu’un. J’étais obligée de lui dire qu’aujourd’hui, on ne travaille pas, puisque les matériels nécessaires pour faire le pansement sont dans la salle de garde », témoigne-t-elle.
Mireille n’a cependant pas eu vent des raisons fondamentales de la grève du SYNTSHA. Elle ignore également qu’un procès s’ouvre à Ouahigouya ce 31 janvier contre un agent de santé. « Chacun n’a qu’à prier pour ne pas tomber malade seulement. Sinon, on m’a dit qu’il y a une grève. J’avais cru que c’est lié aux conditions de travail. Néanmoins, bonne chance à l’incriminé et qu’il sorte gagnant de ce procès », implore-t-elle.
Nous quittons Pogbi aux alentours de 9h, après avoir pu arracher quelques mots. Par ailleurs, au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, le mot d’ordre semble distinct : « Personne ne dit mot à la presse ». Nous apercevons au moins trois étudiants stagiaires aux urgences de l’hôpital. Ces derniers se refusent à nous prêter une oreille attentive.
Mais, au niveau du service chirurgical, nous sommes, non sans difficultés, reçus par un médecin : « Nous, nous sommes dans un domaine social. Nous sommes toujours là pour nous occuper des patients. De jour comme de nuit. Nous ne répondons pas à la logique du travailleur classique ».
Yalgado : Un seul bloc opératoire fonctionnel sur les cinq ?
Notre médecin-chirurgien, contrairement à la stagiaire de Pogbi, connaît les raisons de la grève du SYNTSHA. « Dans le secteur de la santé, il y a plusieurs syndicats. Dans ce cas précis, c’est le SYNTSHA qui a demandé la grève. Et tout le monde n’est pas membre du SYNTSHA. Le personnel qui n’est pas SYNTSHA viendra travailler », explique l’homme à la blouse blanche dans une basse intonation.
Le thérapeute n’a pas été réquisitionné, selon ses dires. Par ailleurs, il ne souhaite pas que le problème des uns entraîne des dommages pour un maximum de personnes innocentes. « La réalité est qu’il y a un agent de santé qui est accusé de non-assistance à personne en danger. Mais, ces 24 heures de grève du SYNTSHA, c’est un éternel recommencement. Combien d’innocents vont mourir ? Puisqu’il y aura une dame, un enfant ou un homme qui va mourir encore pour non-assistance à personne en danger », s’inquiète le chirurgien.
Depuis très tôt ce matin, notre confident avoue avoir fait sa part de travail notamment la visite des patients, la modification de la prise en charge pour d’autres, et la préparation de certains pour le « seul bloc opératoire fonctionnel sur les cinq que compte Yalgado ». Des patients ont pu, somme toute, bénéficier d’une prise en charge au CHU Yalgado Ouédraogo en ce jour de grève. Salifou Birba, qui traverse une période de convalescence, en fait partie.
Nos multiples tentatives pour rentrer en contact avec la direction de l’hôpital Yalgado Ouédraogo se sont avérées vaines. Les membres de l’administration du CHU-YO étaient toujours en réunion lorsque nous rebroussions chemin vers 11h. Il revient à leur ministère de tutelle, disent-ils, de communiquer sur cette grève du SYNTSHA qui prend fin à minuit. Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le verdict du Procès de l’agent de santé accusé de non-assistance à personne en danger serait attendu le 14 février 2018.
Noufou KINDO
Burkina 24
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