La plume de Kanadèle ǀ Education : Il était une fois, Taryam et Mita…
Le 1er mai dernier, nous célébrions tous la journée internationale du travail. Tout Ouagadougou à l’instar de plusieurs capitales du monde entier était en mouvement par groupe de travailleurs chacun à leur façon. Qui par des conférences, qui par des marches, etc. Sous les manguiers de Tanghin Barrage l’ambiance était digne d’une célébration de fin d’année.
Puis après, le train-train quotidien a repris, le misérable salarié a repris son poste, l’aliéné des 20 heures sur 24 a continué à rendre des comptes à son richissime patron et le pauvre chômeur se pose toujours cette même question: pourrais-je enfin l’année prochaine lever mon verre à cette fête ?
Parlant de chômeurs, nous avons suivi 2 types de jeunes dans notre pays que nous allons nommer ici Mita et Taryam. Deux jeunes personnes issues du même milieu social dans une même ville du Burkina.
Taryam
Taryam a eu la chance de ne pas faire de longues études. Chance pourquoi? Lisez plutôt.
Dès l’école primaire, Taryam se révèle très tôt ce que le jargon des enseignants pourrait qualifier de « cancre ». Nul en grammaire et en orthographe, même la belle histoire que le maître se tue à lui apprendre, il n’en retient rien encore moins la géographie de sa région, n’en parlons pas des mathématiques plus complexes.
Tout ce que Taryam arrive à retenir c’est que 1+1=2, chose qui lui servira amplement plus tard. C’est donc à tâtons qu’il réussit finalement à décrocher son certificat d’études primaires après 8 ans de scolarité et non 6 comme prévu. Et là encore, on pourrait qualifier cela de « coup de chance » parce que même son maître n’y croyait pas.
Mita
Mita quant à lui, véritable génie, connaisseur et bosseur, il s’en sort très bien, rafle les notes excellentes, fait un parcours sans faute. Il décroche diplôme après diplôme, il maîtrise la langue de Molière, celle de Shakespeare, aucune équation n’a de secret pour lui. Il pourrait vous expliquer tout le système solaire et vous dire même de quoi est composée la lune. Bref, Mita est ce qu’on pourrait qualifier sous nos cieux de « véritable intellectuel ».
Taryam a vite compris ses limites et il sait très bien qu’il ne pourra pas aller plus loin dans les études et il ne le sait peut-être pas mais l’État n’a d’ailleurs rien prévu pour lui. Mais avec 1+1=2, il sait qu’il doit se battre pour s’en sortir. Il se lance alors comme dans un jeu avec cette simple addition.
Des œufs en passant par les poules, il additionne, multiplie, soustrait, retient, achète, revend, multiplie. Petit à petit, se constitue un capital, réinvestit dans de nouvelles opportunités, construit une boutique, puis un immeuble, puis deux et bientôt on l’appellera opérateur économique.
Pendant ce temps, Mita qui connaît tout, surtout ses droits avec ses diplômes en poche et sa tête bien pleine, râle, dénonce sans cesse, en veut farouchement au gouvernement qu’il ne cesse d’accuser d’être l’auteur de son chômage.
Conséquence
Au mieux avec un peu de chance il sera peut-être recruté et payé avec un salaire loin de satisfaire tant d’années d’investissement, au pire il perdurera dans un chômage dit chronique. Et le gouvernement continuera à organiser des rencontres dans des salons feutrées, autour de cocktails bien garnis accompagnés de perdiems conséquents pour discuter de cette question du chômage qui ne sera jamais résolue. À la fin de la rencontre, chacun démarrera sa V8 climatisée et rentrera dormir paisiblement dans sa grande villa « fèfètisée » au groupe électrogène en attendant la prochaine rencontre pour débattre de la ténébreuse SONABEL.
Le mois de mai tire à sa fin et des jeunes diplômés à l’image de Mita nous en trouvons plusieurs dans nos villes, aussi désœuvrés les uns que les autres. On en vient par conséquent à douter de l’efficacité de notre système éducatif vieillot. Et si l’on éduquait autrement la nouvelle génération? Et si l’on changeait la mentalité qui consiste à toujours attendre que la solution vienne d’ailleurs? Et si Taryam devenait un exemple ? Pas dans son parcours scolaire mais celui professionnel.
Qu’en dites-vous ?
Kanadèle ZONGO
Chroniqueuse pour Burkina24
Une plume pas comme les autres, qui ne vous promet le respect d’aucune règle d’écriture littéraire ou journalistique mais qui a pour ambition de réveiller le grand lecteur qui sommeille en vous à travers des thèmes sur la vie de tous les jours, votre vie, celle de la voisine, de l’oncle, bref, vous le découvrirez au fil du temps.
Retrouvez la plume de Kanadèle deux fois par mois sur www.burkina24.com
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