Procès Putsch: « Parenthèses » à plaisanterie au Tribunal militaire
L’homme apprécié hier pour sa mémoire d’éléphant était à nouveau devant le juge militaire ce samedi 21 juillet 2018. Présenté comme une « vache à lait informative », le Sergent-Chef Bouda Mahamado a poursuivi la narration de sa version des faits, sous les questions pressantes des différentes parties, notamment la Défense. Ce qui fait réagir son avocat : chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
Le Sergent-Chef Bouda Mahamado, tantôt félicité pour la clarté et la constance de ses récits, n’est cependant pas au bout de ses peines. Chaque partie tente de lui soutirer d’autres informations en lien avec le putsch avorté afin de dissiper toutes zones d’ombre dans cette affaire.
Dès l’entame de l’audition du Sergent-Chef, ce 21 juillet 2018, des avocats de la Défense s’attèlent aux rôles spécifiques joués par l’inculpé ainsi que d’autres prévenus, notamment pendant les missions à Savane FM, au studio Abazon, à l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes).
« Après la détection de la radio fictive, chaque civil de l’ARCEP a été raccompagné individuellement chez lui. Certains éléments ayant participé à la mission ne font pas partie des accusés », informe le Sergent-Chef Bouda, toujours l’air serein. L’ex-élément gradé du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a également confié avoir été menacé le jour de l’arrestation des autorités par le Soldat de première classe Zouré Boureima.
Parenthèses à plaisanterie au Tribunal militaire…
- Maître Alexandre Sandwidi, avocat de la Défense : « Monsieur Bouda, il paraît que les gens de Manga, là où vous êtes né, ont le pouvoir de s’envoler. L’idée de vous envoler n’est-elle pas venue dans votre esprit ? »
- Sergent-Chef Bouda Mahamado : « Je crois que le Chef de Manga a déposé une plainte contre les Blancs concernant cela. Parce que ces derniers se seraient inspirés de ça pour fabriquer l’avion ». (Rires dans la salle)
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L’avocat du sieur Zouré, Maître Régis Bonkoungou, ne comprend pas cet épisode du film : « Est-ce que vous devriez avoir peur de votre subordonné ? ». « Moi, je n’étais pas armé. Mais, lui, oui. D’ailleurs, je crois qu’il est homme comme moi. Il a proféré des menaces et j’ai trouvé utile de me réserver », répond le Sergent-Chef.
Revenant sur son audition à la Gendarmerie, l’inculpé garde un souvenir peu merveilleux de cet endroit. « Un gendarme m’a dit là-bas ce jour que c’est nous les rebelles et que ce sont eux les loyalistes. On ne m’a pas tapé, mais j’ai été touché au fond de moi », relate M. Bouda. Les questions astucieuses fusent de partout, en particulier du côté des conseils, contraignant l’avocat du prévenu à « se défendre contre la défense ».
« Mon client ne calcule pas pour répondre aux questions. Qu’on ne l’oblige pas à dire des choses qui n’arrangent pas les autres accusés. Il est resté constant sur ce qu’il a dit il y a trois ans. La vérité, c’est qu’il n’a pas reçu d’argent comme certains, il n’a brutalisé personne, il a ramassé la cravate du ministre Bagoro, il est resté humain », estime-t-il. Il est soutenu dans ce sens par le Parquet militaire qui indique qu’« il ne faudrait pas en vouloir à quelqu’un qui dit la vérité, celle que certains accusés cachent à tout prix ».
Noufou KINDO
Burkina 24
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