Le général Diendéré «a dit que les chefs militaires accompagnaient l’acte»

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Pour la journée du lundi 27 août 2018, c’est l’audition du lieutenant Zagré Boureima qui a plus retenu l’attention des différentes parties présentes au procès. Celui-ci, qui nie toute implication dans le coup d’Etat a indiqué avoir exécuté des missions confiées par ses supérieurs. « Un ordre reste un ordre. Quand le chef donne un ordre, on exécute sans murmure », a-t-il fait savoir en réponse à une question liée à la légalité des ordres donnés lors du putsch.

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« Est-ce que pour vous, un coup d’Etat est légal ? ». En réponse à cette question de Me Yanogo, avocat des parties civiles, l’inculpé Zagré est resté serein. Après une petite pause de quelques secondes, l’accusé se lance : « Non, ce n’est pas légal ». L’avocat poursuit : « Et vos missions, elles sont légales ? ». « Je n’ai jamais reçu un ordre illégal », soutient l’inculpé. Des échanges de ce genre ont été légion et l’idée développée par l’avocat est qu’un militaire ne peut pas exécuter « n’importe quel ordre ».  

A la suite de l’avocat des parties civiles, le parquet a adressé cette question à l’accusé : « Etiez-vous d’accord avec le putsch ? ». Dans sa réplique, le lieutenant Zagré Boureima avance la négative. Mais « pourquoi avoir exécuté des ordres dans un contexte de coup d’Etat ? », poursuit le Parquet. « Je ne saurais vous dire pourquoi, mais les questions politiques ne m’intéressent pas (…) Il ne relève pas de mes attributs d’arbitrer des conflits politiques », se défend l’officier.

Le débat du lundi 27 août 2018 entre la partie accusatrice et l’inculpé s’est aussi attardé sur la qualité de fonctionnaire onusien du lieutenant Zagré. Selon le parquet, portant le béret bleu des Nations Unies, l’officier Burkinabè devait se réserver de se mettre aux services du RSP même pendant la période de sa permission. « Est-ce que cette permission ne constitue pas un parapluie juridique pour refuser les ordres ? », s’enquiert le parquet. Le prévenu contre-attaque : « Parce que je suis en permission, vous voulez que je refuse des ordres ? N’est-ce pas sous les ordres de ces chefs que je serai à la fin de ma mission ? ».

Le lieutenant est resté constant dans ses réponses en affirmant avoir « exécuté des ordres militaires ». Selon lui, il aurait exécuté ses missions avec beaucoup de professionnalisme. « Les chefs m’ont désigné pour que les missions se fassent sans bavures », dit-il. Une phrase qui a suscité des murmures dans la salle d’audience. Une autre phrase du lieutenant qui a fait le même effet est celle-ci : « Il (le général Diendéré de retour de la rencontre avec les chefs militaires dans la nuit du 16 septembre 2015) a dit que les chefs militaires accompagnaient l’acte qui a été posé ».

Bien avant l’audition du lieutenant Zagré Boureima, le sergent Koné Souleymane est venu répondre des chefs d’accusation qui pèsent sur lui. Il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires. Niant les faits, l’accusé explique avoir été appelé, le 16 septembre 2015 vers 16h, par le lieutenant Koné Daouda Beyon 2 qui lui intimait de venir au camp « parce qu’il y avait rassemblement ».

C’est arrivé au camp qu’il a appris que le quartier était consigné et qu’ « il y a une situation », sans plus de précision. La suite, le sergent Koné aurait été embarqué le 16 septembre 2015 par un sergent-chef qu’il ne connaissait pas afin de renforcer un poste de garde au sein de la Présidence. Il y serait resté jusqu’au 26 septembre avant de rejoindre sa maison puis son lieu d’affectation.  

Le sergent Koné indique avoir usé de stratagèmes pour ne pas être embarqué par le sergent-chef. « Il n’était pas de ma compagnie (…) J’ai dit : ‘’Chef, je n’ai pas mon matériel. Chef, le quartier est consigné’’. Il m’a dit que ce n’est pas grave, que le commandement est au courant », dit-il. Pour sa défense, le prévenu affirme avoir exécuté des ordres. « Je ne suis pas allé volontairement. C’est quelqu’un qui est venu me prendre (…). L’armée nous a formés de manière disciplinée. Un chef te dit fait ça, tu ne dois pas refuser. (…) Je n’étais pas excité avant de monter. J’ai monté en tant que l’ordre militaire (sic) », soutient l’inculpé.

Le lundi 27 août 2018, la séance a été suspendue à 17h 03 minutes. Elle reprend le mardi 28 août 2018 à 9h.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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