Colonel Bationo : « Je suis allé voir le général pour ne pas être mêlé à cette crise »
Bref a été le passage du colonel Bationo Omer, Directeur de la sécurité intérieure au moment du coup de force perpétré par certains éléments de l’ex régiment de sécurité présidentielle. Deux heures durant, le colonel Bationo a asséné sa vérité au Tribunal. « Je ne reconnais pas les faits » a-t-il répondu face aux griefs qui lui sont imputés à savoir complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires.
Contrairement au capitaine Abdoulaye Dao qui détient, pour le moment, le record du nombre de jours passés à la barre, id est quatre, dans la matinée du mercredi 26 septembre 2018, le colonel Bationo Omer tient, pour le moment, le plus court temps passé à répondre des faits qui lui sont imputés, soit deux heures. Le colonel Bationo a indiqué avoir reçu un coup de fil du colonel major Kéré l’informant de la perturbation du Conseil des ministres, le 16 septembre 2015.
Le lendemain 17 septembre, il indique avoir « vu comme tous les Burkinabè », la déclaration de prise de pouvoir par le général Gilbert Diendéré. Prenant les devants, le même jour, « je suis allé voir le général pour ne pas être mêlé à cette crise ». A deux reprises, il aurait tenté de rencontrer le général Diendéré, en fin de matinée et dans la soirée. C’est finalement dans la soirée du 17 septembre 2015 que l’occasion se présentera alors que le général Diendéré se rendait à une rencontre avec des ambassadeurs étrangers à l’Hôtel Laïco.
« J’ai tenu à le voir en face, pour lui dire de vive voix pour que ce soit clair »
« Il (le général Diendéré) m’a dit qu’il était occupé mais si je voulais, de le suivre », relate le colonel Bationo. « Par respect, je l’ai suivi. On est allé à Laïco et j’ai vu que c’était une réunion qui était préparée. Les ambassadeurs (des Etats-Unis, de la France…) ont demandé au général (Diendéré) d’arrêter et de libérer les autorités », poursuit l’accusé. A la pause de la rencontre avec les ambassadeurs, « c’est en ce moment que je lui ai dit que je souhaite ne pas être mêlé à ce qui se passait. Je suis rentré et j’ai évacué ma famille ».
Le parquet, prenant la parole, a demandé au Directeur de la sécurité intérieure au moment du coup de force s’il avait des motifs ou des craintes d’être impliqué dans le Coup d’Etat. Il répond par la négative. « Alors, pourquoi êtes-vous allé voir le général ? », poursuit le parquet. « Parce que je suis de l’effectif du RSP et je ne voulais pas que mon nom apparaisse dans une liste (…) J’ai choisi de le lui dire en face (…). J’ai tenu à le voir en face, pour lui dire de vive voix pour que ce soit clair », coupe le prévenu qui bénéficie d’une liberté provisoire. Il a poursuivi en rappelant une mauvaise expérience vécue.
En 2011, lors de la mutinerie, narre le colonel Bationo, sa famille aurait essuyé des tirs alors qu’elle était évacuée. « Des militaires ont tiré sur ma famille faisant trois blessés et aujourd’hui, certains portent des séquelles physiques et morales ». De ces actes, l’accusé indique avoir simplement rendu compte à la hiérarchie du RSP sans qu’il n’y ait de suite. Aussi, il n’a déposé aucune plainte. Commentant ces faits, le Parquet fait savoir qu’il n’est pas tard pour écrire au parquet militaire pour qu’une procédure soit engagée.
Les dires du Colonel Bationo ont été confortés par une déclaration du général Gilbert Diendéré contenue dans un procès-verbal, subtilement lue par l’avocate de l’inculpé, Me Kanyili Mariam. « Le Colonel Bationo Omer n’a pas participé à quoi que ce soit (…) Moi personnellement, il m’a dit qu’il souhaitait ne pas être mêlé », aurait consigné le général Diendéré.
« Le colonel Bationo est là par erreur et devrait être acquitté »
Me Mamadou Sombié, avocat de la défense, dans la même ligne que le conseil de l’accusé, a indiqué que « le colonel Bationo est là par erreur et devrait être acquitté ». « Il a eu la meilleure manière d’approcher le général », soutient Me Kientarboumbou également de la défense en réponse à un commentaire du Parquet qui préconisait qu’un appel ou un message aurait suffi au colonel Bationo pour se démarquer du Coup de force.
Après la brève intervention du colonel Bationo Omer, l’un des accusés le plus attendu a pris place. Celui qui était en charge de la lecture des communiqués du Conseil national de la démocratie (CND), le médecin colonel Mamadou Bamba s’est défendu à la barre. Il a reconnu sa part de responsabilité. « Je reconnais avoir lu les communiqués mais je ne pouvais pas prévoir les conséquences », a-t-il déclaré à la barre.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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