Lieutenant-colonel Bamba : « J’ai dit : ‘’Salif, laisse-moi. Je cherche ma tête’’ »
Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba était particulièrement remonté contre le capitaine Abdoulaye Dao ce mercredi 26 septembre 2018. Dur dans ses mots, il a affirmé tout de go qu’il aurait « aimé ne pas avoir connu » le capitaine Dao. Pour cause, ce dernier dans ses déclarations à la barre, avait indiqué que c’est le lieutenant-colonel Mamadou Bamba qui s’était proposé pour la lecture des communiqués du Conseil national de la démocratie (CND).
Dans sa narration des faits, les rires se sont à maintes reprises soulevés dans la salle d’audience. Celui qui ne se présente pas comme « le directeur de la télévision nationale, ni journaliste ni DCPM (directeur de la communication et de la presse ministérielle, ndlr) » rapporte avoir été réveillé le 17 septembre 2015 « vers 4heures du matin » par un appel téléphonique du Capitaine Abdoulaye Dao. « Il m’a dit : ‘’il y a un coup d’Etat. Vous êtes demandé pour lire une déclaration », narre le lieutenant-colonel Mamadou Bamba par ailleurs ex médecin personnel de Roch Kaboré alors président de l’Assemblée nationale. A la suite du coup de fil, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba dit avoir rejoint la télévision nationale où l’attendait le capitaine Dao. « Il (le capitaine Dao) m’attendait à la porte. Il m’a fait entrer et m’a tendu une chemise rose qui contenait des documents », relate l’accusé à la barre.
« J’ai dit : ‘’Salif, laisse-moi. Je cherche ma tête’’ »
A en croire le lieutenant-colonel Mamadou Bamba qui n’était pas un élément de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP), tous les communiqués qui lui sont parvenus pour lecture ont transité par le capitaine Abdoulaye Dao. Et entre la lecture des déclarations du CND, le prévenu Bamba a informé le tribunal sur question du parquet, que des personnalités civiles et politiques le contactaient téléphoniquement pour comprendre sa démarche. Partant, il cite feu Salif Diallo et Luc Marius Ibriga. « Salif Diallo m’a demandé ce que je faisais dans un coup d’Etat. J’ai dit : ‘’Salif, laisse-moi. Je cherche ma tête’’ », se rappelle le lieutenant-colonel.
Revenant sur les déclarations faites à la barre par le capitaine Dao, entre temps, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba s’est lâché. « Le jour de l’accouchement, il n’y a pas de honte », lance l’inculpé avant de s’élancer dans un discours accablant le capitaine. « J’ai écouté Dao. Le premier jour, quand je suis rentré chez moi, j’ai pleuré. Comment moi je dors, tu me réveille à 4heures du matin pour me dire ça et à la barre, tu dis que c’est de manière fortuite que tu m’as appelé. Je ne peux pas comprendre ça (…) Aujourd’hui, à l’heure où je suis, j’aurais aimé ne pas avoir connu ce monsieur », soupire l’accusé Bamba parlant du capitaine Abdoulaye Dao.
Le parquet militaire en poursuivant ses questions a requis les raisons qui ont poussé le lieutenant-colonel Mamadou Bamba à accepter la lecture des communiqués. Avant d’accepter, répond le prévenu, « j’ai fait le pour et le contre ». A l’en croire, il était « en position de faiblesse », puisque dit-il, dans ces cas de figure, « on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi ». Mais, poursuit le parquet, renverser illégalement un gouvernement est prohibé par la loi.
10 millions de F CFA de la part du Général Gilbert Diendéré
A ce commentaire, l’accusé rétorque : « Monsieur le Procureur, il y a des moments où il faut mourir pour la patrie et il y a des moments pour vivre pour la patrie (…) C’est vrai, les articles existent. Mais parfois, la situation commande la manœuvre (…) ». Pour se dédouaner, l’accusé indique qu’il n’avait pas le choix. Par ailleurs, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba a signalé à la barre avoir aidé l’ambassadeur américain au Burkina au moment des faits, Tulinabo Mushingi, à résoudre cette crise.
Pendant l’audition du lieutenant-colonel Mamadou Bamba, une affaire d’argent a fait irruption. Sur insistance du parquet, l’accusé Bamba avoue avoir reçu 10 millions de F CFA de la part du Général Gilbert Diendéré. Cette somme qui devait être divisée à part égale entre lui et le colonel Abdoul Karim Traoré a été transmise par Fatou Diendéré qui a envoyé quelqu’un.
Me Prosper Farama, avocat des parties civiles a exposé son admiration face à « la sincérité du colonel et ses mots à l’endroit des victimes ». Pour cause, au début de son interrogatoire, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba a, en reconnaissant sa part de responsabilité, regretté les décès survenus lors de la résistance au Coup d’Etat. L’audition de l’accusé se poursuivra le vendredi 28 septembre 2018.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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