Projet AMiRA : «Pour apporter une assistance humanitaire aux migrants le long des routes migratoires »

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La Croix-Rouge Burkinabè, en collaboration avec la Croix-Rouge Espagnole, lance le 22 novembre 2018 un ambitieux projet de deux ans, destiné à porter secours et assistance aux personnes attirées par les sirènes de l’aventure, qui fuient les conflits ou qui partent pour des raisons politiques. Donner l’information juste sans influencer (sans encourager ni décourager) leur décision est l’un des crédos de cette action qui couvre cinq régions du BF. Pour en connaitre les détails, nous avons interrogé Dr Mariette Nadège Ouédraogo, la coordonnatrice santé de la Croix-Rouge burkinabè. Entretien…

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 Burkina24.com (B24) : Quels liens peut-on établir entre l’actualité récente des migrants et le projet que la Croix-Rouge burkinabè lance ce 22 novembre 2018 à Ouagadougou ?

Docteur Mariette Nadège OUEDRAOGO (Dr MNO) : Nous sommes partis du constat que les migrations internationales ont pris effectivement de l’ampleur ces dernières années, et les perspectives laissent craindre que le phénomène risque de se poursuivre.  Nous avons relevé qu’au cours des dernières années, il y a eu une augmentation spectaculaire du nombre de victimes parmi les migrants venant d’Afrique et du Moyen-Orient. A toutes les étapes de leur voyage,  ces millions de personnes vulnérables grossissent le nombre inacceptable de décès.

Certaines d’entre elles sont victimes d’abus, d’exploitation, de privation et de violation de leur dignité. Le Mouvement International de la Croix-Rouge, conformément à son mandat humanitaire, ne pouvait rester indifférent face à une telle souffrance humaine. C’est pourquoi, en collaboration avec d’autres partenaires, il a donc initié ce vaste programme, qui couvre 6 pays d’Afrique sub-saharienne dont le Burkina Faso, pour porter une assistance humanitaire aux migrants le long des routes migratoires (AMiRA).

B24 : Quels sont les objectifs majeurs du projet AMiRA ?

Dr MNO : Ce projet ambitionne principalement de rendre la migration plus sûre et plus ordonnée. Il envisage également de fournir un soutien humanitaire critique, de sorte qu’il y ait moins de morts et de souffrances le long des routes de migration. De façon plus spécifique, au Burkina Faso, AMiRA va nous permettre de faire en sorte que les migrants en transit et les migrants de retour, en particulier les plus vulnérables, soient protégés contre les dangers de la route. Nous avons aussi l’obligation de répondre à leurs besoins fondamentaux et de les informer des risques de la migration irrégulière.

B24 : Expliquez-nous les principaux axes d’intervention de ce projet ?

Dr MNO : Au Burkina Faso, le projet à 2 grands axes d’interventions avec un volet information et assistance humanitaire comme activités transversales. Le premier, est la prise en charge sanitaire. Il s’agira de faciliter l’accès à des soins de base pour les migrants vulnérables en transit ou de retour au BF et aussi aux populations vulnérables des localités d’implantation du projet.

Le 2ème axe est l’appui psychosocial et la protection. Il s’agira d’assurer une écoute et d’apporter un soutien psychologique aux migrants victimes de traumatismes psychologiques durant leur voyage et d’identifier les cas en besoin de protection pour les référer aux services sociaux et en assurer le suivi avec eux.

Les activités transversales consisteront à informer et à sensibiliser les migrants sur les dangers auxquels ils peuvent faire face le long des routes migratoires. Donner l’information sans influencer (sans encourager ni décourager) leur décision ; notre objectif ici est purement l’assistance humanitaire dans le strict respect de nos principes fondamentaux.

B24 : Quelles sont les activités qui vont matérialiser sa mise en œuvre dans les 5 régions ciblées ?

Dr MNO : Dans le domaine de la santé, le projet AMiRA va permettre de donner les premiers secours par l’intermédiaire de nos volontaires aux migrants en transit et de retour. Il est prévu également la mise en place d’une clinique mobile, dans chaque région d’intervention avec un équipement médico technique et des médicaments d’urgence pour la prise en charge des affections courantes.

 Les cas compliqués seront référés aux échelons supérieurs du système de santé pour une meilleure prise en charge. Nous aurons aussi à recevoir des migrants vulnérables transférés par les formations sanitaires Et toutes les données épidémiologiques et démographique collectées seront partagées avec les structures partenaires.

Ce volet s’adresse principalement aux migrants en transit, de retour et vulnérables de la communauté d’accueil qui seront identifiés de concert avec les services sociaux, tous ces services seront délivrés gratuitement.

Pour le volet appui psychosocial : il est prévu la mise en place de centre d’écoute et d’orientation pour migrant en transit avec comme principales activités, l’écoute, l’évaluation et tri des cas, les premiers secours psychologiques, les thérapies individuelles, les thérapies de groupes.

Enfin pour les services de protection, le projet prévoit l’hébergement et l’appui alimentaire temporaire des migrants en transit, le soutien en articles non alimentaires aux migrants en transit vulnérables, le rétablissement des liens familiaux (RLF).

B24 : Comment vont se dérouler les activités sur le terrain ?

Dr MNO : Nous aurons des volontaires au niveau des principaux points de transit (gares internationales et d’autres endroits stratégiques) préalablement identifiés. Ils vont repérer et identifier les migrants vulnérables (selon des critères déjà établis) pour leur proposer des services entièrement volontaires et gratuits. Ces volontaires sont formés à donner des premiers secours en fonction de la situation. Après l’accord du migrant, ils l’orientent vers la clinique mobile ou le centre d’écoute en fonction du besoin exprimé.

Dr Mariette Nadège Ouédraogo, la coordonnatrice santé de la Croix-Rouge burkinabè

A la clinique, le migrant bénéficie des soins de base entièrement gratuits qui lui facilite l’accès aux services similaires des 5 autres pays de mise en œuvre du programme. Les cas plus graves nécessitant une hospitalisation ou une prise en charge spécialisée seront référés vers les CSPS, CMA, CHR pour une meilleure prise en charge, à la charge du projet.

Les cas orientés vers le centre d’écoute pour l’appui psychosocial, seront pris en charge directement sur place par un assistant social et un psychologue. Les plus délicats en besoin de protection seront référés vers les services du Ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille. Il y a aussi la possibilité que nous recevions des migrants référés par les services de santé ou d’action sociale.

B24 : Quels sont les partenaires de mise en œuvre du projet ?

Dr MNO : Le projet est mis en œuvre par la Croix-Rouge Burkinabè avec l’appui de la Croix-Rouge Espagnole. Nous travaillerons en étroite collaboration avec les services techniques déconcentrés de l’Etat notamment ceux en charge de l’action sociale et de la santé.  Nous collaborons également avec tous les autres acteurs intervenant dans la migration comme l’OIM, UNICEF, DRC, HCR, Save the children, TdH… Et cela dans le souci d’une synergie d’actions pour une réponse holistique aux besoins des migrants.

B24 : A l’étape actuelle de lancement officiel du projet, qu’est ce qui a déjà été fait et quelles sont les activités imminentes ?

Dr MNO : Au stade actuel, toute l’équipe projet a déjà été recrutée, formée et déployée dans les 5 régions d’intervention. Les cliniques mobiles sont déjà presqu’acquises. Nous avons obtenu l’accord des structures étatiques pour nouer des partenariats. Dans l’immédiat, ce sera la signature des accords de partenariat avec les services techniques déconcentrés, le recrutement des volontaires, l’identification et la signature d’accords avec des pharmacies dans les régions d’interventions, le début imminent des activités de sensibilisation et d’écoute….

B24 : Quelle est la vision de la Croix-Rouge Burkinabè sur la migration ?

Dr MNO : Cette vision s’aligne sur celle de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, tout en s’inscrivant dans la stratégie nationale du pays en matière de migration. La Croix-Rouge ambitionne répondre aux problèmes humanitaires des migrants qui ont besoin d’aide durant leur parcours.

 Elle s’efforce de leur fournir assistance et protection, de défendre leurs droits et leur dignité, de leur donner les moyens de s’autonomiser et de trouver des options et solutions durables, ainsi que de favoriser leur insertion sociale et l’interaction entre eux et les communautés hôtes.

Burkina24

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