Mariages d’enfants dans les Banwa : « Vérifiez l’âge avant d’accepter la cola »

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Une mission de l’Union des religieux et coutumiers du Burkina (URCB), conduite par le Baloum Naaba de Tampouy, était à Sanaba et Solenzo où elle a rencontré les leaders communautaires des deux communes. C’était respectivement les 20 et 21 novembre 2018 et l’objectif était de mener un plaidoyer en faveur de l’abandon des mariages d’enfants. De ces échanges, on conclut que la pratique a encore la peau dure dans la zone, d’où la nécessité de renforcer la lutte.

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Le témoignage du Pasteur Jean-Pierre Coulibaly, résident à Ouarakuy dans la commune de Sanaba, est alarmant : « C’est une fille de 14 ans qui était venue se confier à moi parce qu’elle était forcée à se marier. Son père a alors menacé de la maudire ou la bannir si elle refusait ce mariage. C’est ainsi qu’elle a accepté, mettant fin à ses études. Je suis resté impuissant face à la situation ».

Et à Constant Dabiré de la direction provinciale en charge de la femme des Banwa d’ajouter que des filles qui se marient avant l’âge de 18 ans est un phénomène vécu chaque jour dans la province. « C’est une triste réalité dans les Banwa. Il ne se passe pas un mois sans qu’on en assiste à un cas. Parfois ce sont des filles en classes de 6e et 5e qui en sont victimes.  Le cas le plus récent est celui d’une fille de 12 ans qui était forcée d’aller en mariage et il a fallu l’intervention de la police pour ramener son père à la raison et sauver la fille », a déclaré M. Dabiré

A Sanaba comme à Solenzo, les débats autour de cette pratique ont été houleux, au regard de la complexité du sujet. Bernadette, Dayo de la communauté catholique de Solenzo, s’est d’ailleurs réjouie  du fait que la question soit abordée en présence des pères et mères de famille car en parler dans le cadre familial relève encore du tabou.  

L’école incriminée

 Si les parents sont accusés de déscolariser leurs filles pour les marier, Issouf Simia de la communauté musulmane de Ziga accuse à son tour l’école de favoriser les grossesses indésirées. « Nous scolarisons nos filles pour qu’elles nous ramènent des diplômes et obtiennent du travail. Mais contre toutes attentes,  elles reviennent avec des grossesses et des enfants. J’ai ma propre fille qui est tombée enceinte et j’ai préféré la donner mariage pour servir de leçon à ses petites sœurs et éviter le déshonneur »,  s’est résolu le vieux Simia.

Mais pour le Baloum Naaba de Tampouy, membre de l’URCB qui a dirigé échanges, là n’est pas la solution, car marier sa fille avant l’âge de maturité l’expose à d’énormes dangers.  Il cite, entre autres, les fistules obstétricales et la mort suite à l’accouchement.  Il a alors invité les leaders communautaires à bannir les mariages précoces en laissant leurs enfants finir leurs études.

Issaka Sawadogo, chargé de projet à l’URCB, a quant à lui  interpellé les parents sur le rôle d’éducateur. Pour lui,  les parents doivent éduquer leurs enfants en leur donnant le bon exemple et en cultivant en  eux la crainte de Dieu, chose qui leur éviterait certaines dérives telles que les grossesses indésirées qui poussent aux mariages précoces. 

Les coutumiers et les musulmans pointés du doigt

« S’il ya un phénomène dans lequel toutes les communautés se retrouvent, ce sont le grossesses indésirées. Quant aux mariages d’enfants, les catholiques et les protestants ont trouvé un début de solution. Eux, ils ne célèbrent pas un mariage sans passer par la mairie. Le problème se situe maintenant chez nous les coutumiers et les musulmans. Lors des PPS (NDLR : fiançailles) ou des mariages a la mosquée, seuls les représentants des mariés sont invités.  Certains imams ne cherchent pas à savoir si la fille est mineure ou pas. Il est donc préférable de vérifier l’âge avant d’accepter la cola », a recommandé le Baloum Naaba. 

 Mahmoudou Diallo, imam à Solenzo se défend : « En islam, nous insistons sur l’éducation de base pour que les enfants atteignent l’âge de se marier sans problème. L’âge auquel une fille doit se marier n’a pas été déterminé. C’est lorsqu’elle est pubère et que ses condition physiques y sont favorables. Dire qu’il faut attendre 18 ans, c’est une imposition de l’Occident ». Toutefois, reconnait-il, « l’islam interdit le mariage qui peut compromettre la santé de la fille».

Afin de mener efficacement la lutte contre les mariages d’enfants dans les communes de Sanaba et Solenzo, deux comités ont été mis en place dans les deux zones. Appelés champions, les dix membres de chaque groupe ont pour mission de mener des séances de sensibilisation dans leurs différentes communautés pour l’abandon des mariages d’enfants.  Une pratique qui doit être éradiquée d’ici à 2021, année où s’achève ce  projet porté par Save the Childreen et financé par la coopération danoise.

Merveille KAPIGDOU

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