Lettre ouverte au Président de l’Assemblée nationale
Ceci est une lettre ouverte de Ousmane So, adressée au Président de l’Assemblée nationale.
Excellence Monsieur Alassane Bala Sakande, Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso,
Le 08 septembre 2017, vous avez été élu par vos pairs à la tête du parlement burkinabè après le rappel à Dieu du Président Salifou Diallo. La disparition subite et le lourd héritage laissés par feu Salifou Diallo avaient suscité beaucoup d’appréhensions au sein de l’opinion sur votre capacité à relever les énormes défis au perchoir.
Plus de quinze (15) mois d’exercice de la fonction de Président de l’assemblée nationale, vous avez imposé vos marques qui s’apparentent à : « Alassane Bala Sakandé », le fils du peuple », « Alassane Bala Sakand », l’homme engagé auprès des masses populaires et laborieuses ». Les quelques faits suivants pourront un tant soit peu illustrer cette posture adoptée :
- Le 11 janvier 2018, vous avez tenu votre promesse d’octroyer la moitié de votre salaire de base aux orphelinats du Burkina Faso ;
- Le 18 août 2018, vous avez remis six (6) tonnes de vivres à chacune des six (6) communes rattachées à la ville de Ouagadougou destinées aux personnes démunies ;
- Le 20 août 2018, vous êtes allé toucher du doigt la situation des exploitants du site de granite de Pissy à Ouagadougou, procéder à des dons et faire des promesses ;
- Le 21 août 2018, vous avez partagé le repas de la fête de Tabaski des mamans (247) accusées de sorcellerie pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula accompagné de dons et de promesses ;
- Le 06 décembre 2018, vous avez fustigé publiquement à la foire du 11-Décembre à Manga l’option faite par le gouvernement de participer à une initiative privée plutôt d’être au côté du bas peuple ;
Excellence Monsieur le Président de l’assemblée nationale,
A jeter un regard rapide et superficiel sur ces actes de ‘’charité’’, le qualificatif ‘’d’homme au grand cœur’’ vous irait à merveille. Cependant, une analyse profonde de vos actions sans complaisance, nous amène à noter que vous avez décidé d’inscrire votre magistère dans le conjoncturel et non le structurel.
Le conjoncturel étant malheureusement largement limité dans le temps et l’espace avec des effets ponctuels, il est à craindre que votre gouvernance n’apporte pas de changements profonds au quotidien du « bas peuple » que vous « adorez » tant.
Honorable,
La « magnanimité » dont vous faites montre, jugée à biens d’égards comme du populisme, ne saurait impacter fondamentalement et durablement de façon positive la vie des bénéficiaires. Elle ne peut que contribuer à apporter un peu de joie sur le court terme en calmant la fièvre plutôt que de soigner la maladie. Aussi, vos actions ne touchent qu’une frange de la population, pas la société entière. Une certaine opinion pourrait à votre décharge affirmer qu’il ne vous appartient pas de vous substituer aux prérogatives de l’exécutif. Mais cette même opinion pourrait tout aussi ne pas nous tenir rigueur car la grande ‘’passion du Président de l’assemblée nationale’’ pour les masses populaires l’amène bien souvent à jouer le rôle du gouvernement.
A notre entendement, l’action du Président Alassane Bala Sakandé devrait s’inscrire dans le structurel en menant le lobbying nécessaire pour que le parlement vote des lois à même de créer les conditions propices à la lutte contre la pauvreté en évitant que les populations continuent de tendre la sébile. Nous citons pour exemple cette inconséquence il y’a quelques jours de l’assemblée nationale sous votre férule qui a donné sa caution au bradage de notre chemin de fer avec la relecture de la convention d’exploitation du rail entre l’Etat du Burkina Faso et le groupe Bolloré.
Et pourtant, l’unité d’action syndicale (UAS) à travers une lettre ouverte, datée du 17 août 2018, qu’elle vous a adressée avait attiré l’attention du parlement sur les énormes dangers que renferme cette convention de concession révisée pour le Burkina Faso, tout en exhortant les députés à ne pas le ratifier. Ces types d’impairs de notre assemblée nationale actuelle ont malheureusement pignon sur rue au détriment de l’intérêt du peuple.
En nous inscrivant toujours dans le structurel, donc le durable, sauf par omission, nous ne vous avons pas vu prendre cause pour la lutte populaire menée contre l’augmentation récente du prix du carburant par le gouvernement. Pourtant vous savez bien qu’une telle augmentation du carburant a des conséquences néfastes qui érodent considérablement les conditions de vie des populations. Pire, les nouvelles taxes consenties le 18 décembre 2018 par l’assemblée nationale viennent nous convaincre que le bonheur que vous souhaitez tant pour le bas peuple risque de ne jamais se concrétiser.
Honorable,
Voilà en quelques lignes notre analyse sur les nombreuses actions sociales qui portent votre marque. Vous sachant très épris du bien être du peuple Burkinabè, nous espérons que notre lettre ouverte aura apporté de la terre à la terre.
Tout en vous souhaitant bonne réception, Veuillez agréer Excellence l’expression de notre haute considération.
Ouagadougou, le 21 décembre 2018
Pour l’association Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP)
Ousmane So
(Président)
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