Pustch : Des autorités militaires ivoiriennes conseillaient Diendéré
Absents le lundi 25 mars 2019, les Conseils de l’inculpé, le colonel Abdoul Karim Traoré, ont pu opiner, le mardi 26 mars 2019 à la reprise de l’audience entrant dans le cadre du procès du Coup d’état de septembre 2015, sur les écoutes téléphoniques qui leur étaient opposées. L’accusé s’est aligné sur les propos de ses avocats qui estiment n’avoir pas été confrontés aux écoutes lors de la phase d’instruction. Après cela, toute la journée a été consacrée à la diffusion d’écoutes impliquant, selon le Parquet, le général Diendéré et d’autres personnes dont des autorités militaires ivoiriennes.
Une quinzaine d’enregistrements téléphoniques a été lue le mardi 26 mars 2019. Dans ces éléments sonores, plusieurs interlocuteurs, selon le parquet, « encourageaient » le général Gilbert Diendéré à « ne pas baisser les bras ». C’est le cas du MDL chef Ouédraogo Moumouni cité par le parquet qui, dans un appel lors des événements de septembre 2015, a « encouragé » le général Diendéré, surnommé « Delta » dans la pièce des écoutes.
Dans une autre écoute qui date précisément du 23 septembre 2015 à 21h 24, Sidi Oumar, inculpé dans le dossier, rappelait à Delta qu’ils « sont toujours disponibles ». Pour le parquet, cette « disponibilité » a trait à un apport de combattants étrangers. Toujours dans cet audio, Sidi Oumar lançait ceci au général Diendéré : « si vos hommes sont toujours fidèles, ne baissez pas les armes ». Par ailleurs, Sidi Oumar qualifiait le général Pingrénoma Zagré, chef d’état-major général des armées au moment du coup de force, de « traître ».
« … sortir l’artillerie lourd du conseil pour tirer »
Pour les avocats de la défense, cette qualification de « traître » a son sens puisque, selon eux, pour l’être, il fallait d’abord adhérer à un projet avant de trahir cette cause. Mais pour Me Prosper Farama, avocat des Parties civiles, si l’accusé Sidi Oumar qualifie le général Zagré de traitre, cela signifie que l’inculpé lui-même « était dans la convention de départ pour savoir que le général Zagré est un traître ». Revenant sur l’écoute téléphonique entre le MDL chef Ouédraogo Moumouni et Delta, Me Awoba Zaliatou de la défense se demande pourquoi le pandore n’est pas inculpé.
Dans la soirée, plusieurs conversations entre le général Diendéré et le colonel Zakaria Koné de la Côte d’ivoire ont occupé la quasi-totalité des débats. Dans la synthèse faite par le Procureur militaire, le colonel Zakaria Koné encourageait le général Diendéré. « Ce qui est intéressant, c’est quand le colonel Koné dit au général Diendéré que le général Bassolé était en train d’être arrêté et il conseille au général Diendéré de sortir l’artillerie lourde du Conseil pour tirer », explique le Parquet qui conclut qu’il y avait une connexion entre les généraux Bassolé – Diendéré et le colonel Koné de la Côte d’ivoire.
Partant, selon le Procureur militaire, c’est un élément qui montre que l’infraction relative à la trahison est constituée. Le général Diendéré, appelé pour se défendre ne dit mot, se contentant de dire : « je m’en tiens à mes déclarations précédentes ». Mais selon Me Guy Hervé Kam des Parties civiles, il y avait un « réseau » qui travaillait dans ce putsch. « Le général Diendéré était le visage, le médecin-colonel Bamba la mascotte, Fatoumata Thérèse Diawara, la secrétaire permanente du putsch et le général Bassolé et des éléments extérieurs tiraient les ficelles », narre l’avocat.
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Selon Me Kam, Fatoumata Thérèse Diawara se trouve être le lien entre les deux généraux burkinabè et des autorités militaires ivoiriennes. En réponse, le conseil de Dame Diawara qualifie les allégations de Me Kam de « plaisanteries de mauvais goût ». A l’en croire, dans la pièce, aucune mention du nom de sa cliente n’est faite. Devant les écoutes, c’est la mention « inconnue » qui y figure, précise Me Latif Dabo.
D’autres écoutes téléphoniques impliquant un « officier général ivoirien » avec le général Diendéré ont été diffusées. Mais en aucun moment, le nom de celui-ci n’a été mentionné. Selon le Parquet militaire, « l’officier général ivoirien » conseillait le général Diendéré. Me Olivier Yelkouni, conseil de Delta, s’est offusqué de ce que le Parquet attribue les voix dans les enregistrements « sans nous dire comment ils sont parvenus à cette conclusion ». Sur ces faits, à 16h 30, la séance a été suspendue, elle reprend le mercredi 27 mars 2019.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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