Putsch : Safiatou Ouédraogo, enceinte, avait reçu une balle
Lors du coup de force de septembre 2015 orchestré par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), son histoire avait ému le monde entier. Cette dame, alors enceinte, avait été atteinte par une balle, au ventre, pendant qu’elle s’apprêtait à faire la lessive le 18 septembre 2015 « dans sa maison ». Le mercredi 10 avril, elle est passée à la barre avec son enfant, une miraculée.
Comme pour marquer le coup, elle a été la dernière de la liste complémentaire des huit parties civiles proposée par Me Prosper Farama. A l’appel de son nom par le Président du tribunal, Dame Safiatou Ouédraogo s’est levée. Avec elle, une fille âgée de quatre ans environ. Elles se sont avancées. A la barre, la mère narre sa mésaventure en mooré. Durant sa déposition, les soupirs et les murmures grouillaient dans la salle. Un témoignage qui a fait froid dans le dos.
Le 18 septembre 2015, pendant qu’elle faisait la lessive à son domicile, un projectile est « venu du ciel et s’est logé » dans son ventre. Dans un premier temps, selon le témoignage de Safiatou Ouédraogo, quand elle a soulevé son habit, c’est d’abord « de la chair blanche » qu’elle a vu. Et lorsqu’elle a touché la partie blessée, « le sang a commencé à gicler ». Elle est ensuite conduite dans un centre de santé. Au vu de sa grossesse, les médecins l’ont conduite dans le bloc opératoire directement pour une césarienne.
Après l’opération, selon la victime, la balle n’a pas été retrouvée en elle. Mais, poursuit-elle, « une blessure se trouvait dans la fesse du bébé ». Des examens devraient être effectués le lendemain sur l’enfant mais dans la nuit du 18 au 19 septembre 2015, dans ses premières selles, le nouveau-né a évacué la balle. Elle termina ainsi sa déposition tenant la main de son enfant dans sa main droite. Après ces déclarations, Me Prosper Farama a demandé à la victime si elle s’est déjà retrouvée dans la rue pour manifester contre le putsch à un moment donné. « Non » a été la réponse de Safiatou Ouédraogo qui précise n’avoir pas vu celui ou ceux qui ont tiré.
Un autre témoignage a aussi marqué les esprits. Il s’agit de celui de Seydou Touré, ingénieur géologue qui a participé à la manifestation contre le Coup d’Etat, le 16 septembre 2015. Il affirme avoir reçu une balle, à bout portant, dans la poitrine, le jour de la prise d’otage. Dans la relation des faits, il a été poursuivi, dit-il formellement, par quatre éléments de l’ex RSP derrière Palace Hôtel. Dans un premier temps, il s’est réfugié dans un champ de maïs. « Ils ont d’abord tiré en l’air en me disant de sortir. Ensuite, ils ont tiré au ras du sol », explique Seydou Touré.
Sorti, il est en face de quatre éléments. Deux l’ont tenu par les deux bras et un troisième, explique l’ingénieur géologue, a fait marche arrière, « sous le regard d’un certain caporal » et lui a tiré une balle dans la poitrine. Laissé, il s’est débrouillé pour rejoindre une clinique privée de Ouaga 2000. De là, les premiers soins lui seront administrés et la balle extraite. Selon la victime, un responsable de la clinique a indiqué qu’il a été atteint par « une balle blanche ». Le Parquet militaire a insisté sur la nature de la balle comme pour marquer son étonnement.
A noter qu’à la suite de ces différentes déclarations de victimes, l’audience a été suspendue pour reprendre le jeudi 18 avril 2019.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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