E-commerce : Africain ou pas, Jumia est côté en bourse newyorkaise
L’introduction du leader africain du commerce en ligne, Jumia Technologies AG, à la bourse de New York sous l’étiquette « première start-up africaine » crée une polémique. Des voix s’élèvent, en effet, parmi les acteurs de l’écosystème tech pour dénier à l’entreprise ce label. Mais, qu’en est-il réellement ?
Jumia a réussi avec brio son introduction au New York Stock Exchange (NYSE) où elle a levé, le 12 avril 2019, plus de 196 millions de Dollars. Selon plusieurs médias dont « La Tribune », il s’agit d’une première pour une startup du Continent. Avec cette opération, Jumia confirme son statut de véritable licorne en Afrique.
« Nous allons continuer à nous concentrer sur notre mission et à travailler encore plus dur pour aider les consommateurs, les vendeurs, les partenaires et toutes les parties prenantes à tirer profit de cette révolution technologique », avaient co-signé dans une note les co-directeurs de Jumia, Sacha Poignonnec et Jeremy Hodara.
Mais, cette entrée en fanfare pour « l’Amazon africain » ou encore « l’Alibaba africain » continue de cristalliser l’actualité de la presse financière et économique mondiale. Pour certains observateurs qui soutiennent le développement des start-ups en Afrique francophone, en l’occurrence, Issam Chleuh, par ailleurs, Directeur exécutif de « Suguba », l’étiquette « première start-up africaine » est mal fondée.
« Jumia, une entreprise enregistrée en Allemagne, fondée par des Français… » ?
En fait, dans une tribune publiée sur « Jeune Afrique », le célèbre tech entrepreneur malien dit noter un « changement soudain d’identité et d’image de marque » de la part de la société de e-commerce qui se réclame africaine. Le débat est ainsi lancé sur l’identité africaine de Jumia.
« Jumia est une entreprise enregistrée en Allemagne, fondée par des Français, qui a basé son équipe d’ingénieurs au Portugal. Et, alors que l’écosystème tech africain est riche de compétences, Jumia n’a jamais voulu se positionner sur le continent. Pourquoi, après n’avoir rien fait pour être une vraie « Start-up Tech Africaine », ce changement soudain d’identité et d’image de marque ? », se demande Issam Chleuh.
Et de répondre : « Sans doute, faut-il trouver la réponse dans la vogue que connaît aujourd’hui le label « African Tech Start-up », qui a permis aux start-ups africaines du secteur technologique de lever plus de 1,16 milliard de Dollars en fonds propres sur 164 tours en 2018, selon le rapport du Fonds Partech ».
« Où sont tous les soi-disant « fondateurs Africains » de Jumia aujourd’hui ? »
Il poursuit en posant une série de questions à la Direction de Jumia : « Pourquoi la société Jumia a-t-elle décidé de s’enregistrer légalement en Allemagne et non au Rwanda ou à Maurice ? Pourquoi, alors, s’autoproclamer si fièrement « première start-up tech africaine » à être listée sur la bourse de New York ? Pourquoi Jumia a-t-elle décidé de baser son équipe de développeurs au Portugal, et a affirmé sur la chaîne CNBC que c’est en raison d’un déficit de développeurs en Afrique ? Où sont tous les soi-disant « fondateurs Africains » de Jumia aujourd’hui ? ».
L’homme conclut que les règles du marché libre permettent à Jumia de se développer en Afrique, mais qu’elles ne lui permettent pas de violer les lois fondamentales du commerce international. « Car ce faisant, Jumia s’expose à de potentielles poursuites : Il existe une jurisprudence sur l’utilisation abusive du patrimoine culturel traditionnel, des connaissances et des expressions des peuples autochtones », fait-il observer. Mais, toutes les remarques du Malien sont-elles fondées ?
En tout cas, il nous revient, selon plusieurs sites dont Wikipédia, que Jumia est un site de commerce électronique fondé au Nigeria en 2012, qui se promeut comme un centre commercial en ligne présent dans 14 pays africains notamment l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Kenya, l’Égypte, l’Ouganda, le Cameroun, le Sénégal, le Ghana, le Rwanda, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire.
Que Jumia soit africain ou pas, c’est l’Afrique qui gagne !
Il est également précisé que Jumia, considéré comme une startup nigériane, a été fondé par « Africa Internet Group », un groupe panafricain détenu à plus de 20% par Rocket Internet, un incubateur allemand ayant lancé des start-ups telles que « Zalando ». En novembre 2014, Jumia déclare avoir levé 120 millions d’euros, puis en mars 2016, Goldman Sachs, AXA et Orange investissent 326 millions de Dollars pour continuer le développement de Jumia.
En juin 2016, Jumia devient la marque phare du groupe lors d’une opération de rebranding : Kaymu devient Jumia Market, Jovago devient Jumia Travel, Hellofood devient Jumia Food, Vendito devient Jumia Deals, Lamudi devient Jumia House, Everjobs devient Jumia Jobs, Carmudi devient Jumia Cars, AIGX devient Jumia Services, etc. Les compléments d’informations des responsables de Jumia sont attendus.
En attendant cette réaction officielle de la Direction de Jumia, les observations de l’entrepreneur malien, Issam Chleuh, publiées dans « Jeune Afrique », même si elles suscitent des questionnements et ressemblent fort à une « querelle de clocher », devraient viser un seul but : « Que Jumia soit africain ou pas, cette montée en bourse newyorkaise doit être une fierté pour tous les Africains ».
Noufou KINDO
Burkina 24
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