JNP 2019 : Réflexions sur comment « révolutionner le secteur agricole »
C’est parti pour la Journée nationale du paysan (JNP), cette occasion pour les « sans voix de s’exprimer devant les décideurs politiques », avec qui ils partageront leur vécu dans l’espoir que des échanges sortent des propositions à implémenter pour mettre un terme à l’insécurité alimentaire.
Des estimations faites par Salifou Ouédraogo, ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, « le secteur rural occupe une place prépondérante dans l’économie nationale, emploie 86% de la population, contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et fournit environ 45% des revenus des ménages agricoles » pour une « contribution moyenne annuelle du secteur rural à la formation du Produit intérieur brut (PIB) est de l’ordre de 35% ».
Et pourtant, malgré d’« énormes possibilités de développement agricole (09 millions d’hectares de terres arables, la disponibilité d’environ 1 200 plans d’eau permettant de mobiliser près de cinq (05) milliards de mètres cubes d’eau de surface par an pour le développement de l’irrigation) », observe-t-il, les agriculteurs demeurent confrontés aux aléas climatiques, à la volatilité des prix des produits agricoles, aux attaques parasitaires, à la non-maîtrise des itinéraires techniques de production, à la faible mécanisation et à l’insuffisance des financements. Un constat auquel vient s’ajouter l’insécurité qui fait courir aux exploitations agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques des « risques de contre-performances aggravées ».
Là se trouve la justification du thème axé sur le défi de la sécurité alimentaire dans un contexte d’insécurité. Ce qui n’est pas une vue de l’esprit. Vice-président de la Confédération paysanne du Faso, Boureima Diallo préside également la fédération des éleveurs du Burkina. « On parle de l’insécurité. Ce n’est pas facile. Qui parle de la sécurité alimentaire. Il faut d’abord parler de la sécurité en vie humaine. On faisait la transhumance. L’éleveur qui est toujours derrière ses bœufs, il est totalement parti. Et les animaux sont volés. Ils viennent, ils tuent et ils chassent les animaux. C’est deux problèmes », partage-t-il.
« Réfléchir ensemble »
Pour Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Faso, « donner la parole à la population, au peuple » en « cette journée qui permet aux sans voix de s’exprimer devant les décideurs politiques et de leur proposer des solutions idoines qui doivent nous permettre de sortir de l’ornière où nous sommes embourbés » constitue une étape cruciale sur le chemin menant à la souveraineté et à la sécurité alimentaire.
Ils sont mille quarante (1 040) producteurs, soit 80 par région, attendus dans la cité du Bafudji dans le Sud-ouest du pays. Il est prévu des échanges directs avec le chef de l’Etat. Ce sera l’occasion pour les participants d’« identifier de façon participative ces mécanismes adaptés pour permettre aux exploitants familiaux de pouvoir donner d’eux-mêmes et pouvoir assurer notre sécurité alimentaire », annonce le ministre de l’agriculture. « Il est très intéressant au cours des forums de discuter avec l’ensemble des acteurs, de prendre leurs points de vue, de les analyser et de mettre en œuvre des actions concrètes qui seront définies », apprécie pour sa part le président de la CPF.
Après Kaya en 2017 où la doléance de création d’une banque agricole avait refait surface, l’ombre du démarrage effectif des activités de l’institution financière plane sur la 21e édition. « C’est une réalité. La banque est fonctionnelle. Moi-même, j’ai déjà ouvert mon compte dedans », annonce le président de la confédération paysanne du Faso. « Mais, il ne faut pas que l’arbre va cacher la forêt », relève Moussa Koné, président de la Chambre nationale d’agriculture. Ses attentes de la banque ? Qu’elle offre des « services financiers appropriés et adaptés aux conditions des producteurs » pour enfin aider à « révolutionner le secteur agricole ».
Oui Koueta
Burkina24
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