Modification du Code pénal : Elle « arrive avec assez de retard » (Serge Bayala)
Le projet de loi portant modification de la loi 025-2018/AN du 31 mai 2018 portant Code pénal au Burkina Faso a été adopté par l’Assemblée nationale le vendredi 21 juin 2019 après moult débats. Selon le gouvernement, ce projet de loi vise à lutter « contre certaines publications qui peuvent être de nature à saper l’efficacité de leurs interventions ou de leurs opérations et de protéger l’honneur et la dignité des victimes de certains crimes et délits ».
24 heures après le vote du projet de loi, les Burkinabè devisent toujours sur la portée de ce texte qui touche aussi bien les médias que les usagers des Réseaux sociaux dans un contexte de lutte contre le terrorisme. Burkina 24 a touché Serge Bayala rebaptisé Lianhoué Imhotep Bayala, porte-parole du mouvement « Deux heures pour Kamita ».
A l’écouter, « ce projet de loi arrive avec assez de retard » parce que, explique-t-il, les habitudes des Burkinabè devraient systématiquement être reformatées à l’égard de l’environnement sécuritaire et du développement des réalités auxquelles ils n’étaient pas familiarisés. « Comme le dit un proverbe, ‘’Mieux vaut tard que jamais’’ », dit-il.
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Sur le principe de cette loi qui doit d’abord être promulguée par le Président du Faso et publiée au Journal officiel, Serge Bayala ne pense pas qu’elle a été « instituée contre des adversaires politiques ou des adversaires sociaux ». Pour lui, « la volonté première, telle que nous le concevons, nous l’appelons de notre vœu, dit-il, c’est qu’on crée les conditions législatives qui prennent en compte les nouvelles évolutions d’insécurité dans lesquelles nous sommes plongés ».
« Pour moi, le principe de la loi en lui-même est à saluer. Ça montre qu’on est capable d’évoluer, capable d’adaptation », ajoute-t-il. Toujours par rapport au débat qui se mène sur les motivations de la modification du Code pénal, Serge Bayala estime qu’il est lié « à la crise de confiance envers les autorités politiques ». Il appelle par conséquent les uns et les autres à surpasser les passions, à « voir la profondeur de cette loi » au lieu de s’attarder sur les « considérations superficielles ». .
Malheureusement ce qui a pris le dessus, explique le porte-parole de « Deux heures pour Kamita », ce sont les oppositions politiques qui, finalement, semblent dévier cette loi comme étant quelque chose qui a été conçu à dessein contre un groupe de journalistes ou contre tout simplement la presse nationale ou contre la volonté des citoyens à rendre compte de ce qui se passe dans leur pays.
« Ce qui a motivé la venue de cette loi, ce n’est pas la presse professionnelle burkinabè, mais les usagers des réseaux sociaux qui ont exacerbé dans leur recherche de buzz. Et la recherche de buzz a finalement pris le dessus sur le travail professionnel que des journalistes font et finalement, on prend un projet (de loi) qui a un impact global non seulement sur les ‘’Facebookers’’, mais aussi la presse nationale ».
Serges Bayala, Porte-parole de « Deux heures pour Kamita »
Même s’il salue l’initiation de la modification, Serge Bayala note néanmoins un bémol. « Ce que je regrette dans cette loi, c’est qu’il n’est pas prévu de clauses qui sanctionnent de façon équitable la presse extérieure », dit-il en prenant l’exemple de deux médias extérieurs qui ont couvert l’attaque du 2-Mars à Ouagadougou.
« RFI et France 24 ont systématiquement, au cours même de l’attaque, communiqué sur le nombre de morts, des données fondamentales qui sont d’effet à dissuader même le soldat qui va au front. Ce sont ces comportements qui sont condamnables. Malheureusement je n’ai vu nulle part dans ce projet de loi, des éléments qui encadrent le rôle de ces médias extérieurs. C’est l’une des limites de cette loi ».
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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