Assassinat de Cissé Fahadou et Balima Hama : L’ODJ réclame justice
Trente trois jours se sont écoulés depuis l’assassinat de Cissé Fahadou et Balima Hama, tous deux militants de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ). Les camarades de ces jeunes qui « ont participé activement (…) à la bataille pour la liberté et pour le contrôle par les populations des ressources naturelles (l’or notamment) au détriment des dignitaires locaux », d’alors réclament que « lumière soit faite sur cet ignoble assassinat ». De même que des « obsèques dignes du rang de combattants de la jeunesse patriotique et révolutionnaire ».
Ils ont été abattus en date du vendredi 31 mai « alors qu’ils se rendaient à Sebha pour une audience prévue avec le Haut-commissaire de la province du Yagha ». Il s’agit des militants ODJ Cissé Fahadou du bureau exécutif national et président de la section du Yagha et Balima Hama, trésorier de cette section. Tous les deux « ont fait preuve de leur combativité exemplaire » pendant l’insurrection et la résistance au putsch de septembre 2015, rappellera, la gorge nouée, Mohamed Traoré, vice-président de l’organisation.
Les deux militants « faits ‘’héros de la nation’’ » à la suite de l’insurrection d’octobre 2014 ne sont jamais arrivés à la réunion au cours de laquelle ils devaient s’entretenir avec le premier responsable de la circonscription autour des problèmes. Ces derniers sont liés à l’orpaillage en lien avec la fermeture des sites, les rackets et la corruption de certains agents de l’administration publique et les problèmes d’accès aux soins de santé.
« À la suite de l’assassinat, une plainte a été déposée auprès du tribunal militaire pour que justice soit faite. Une autopsie des corps a été demandée. Mais depuis lors, que d’obstacles ! Cela fait exactement 33 jours que les corps de nos deux camarades attendent d’être autopsiés », résume Mohamed Traoré.
« Des signes avant-coureurs » de ce qui est arrivé
A l’ODJ, ils ne s’étonnent pas quant à la commission du « forfait odieux » en date du 31 mai 2019. Et le vice-président de l’organisation de rappeler la « motion de condamnation de la criminalisation des luttes populaires » au congrès d’avril 2018. S’en suivront les alertes faites en conférence de presse le 26 juin pour dénoncer, « arguments à l’appui, la ‘’fascisation du pouvoir du MPP’’ » et pour dénoncer les « tentatives de liquidation de l’ODJ et interpeller sur des faits précis d’intimidation, de menaces et de répression contre l’organisation et ses militants » en date du 21 mars 2019.
« A notre niveau, il n’y a pas de doute qu’il y avait bel et bien des signes avant-coureurs en ce qui concerne ce qui est arrivé. Ce sont des gens qui étaient engagés depuis belle lurette dans la lutte des libertés, pour l’épanouissement de la jeunesse et de la population au niveau de la province du Yagha », abonde Cissé Mognini Hama, frère aîné des frères Cissé Fahadou et de Cissé Aboubacar, un des martyrs de l’insurrection populaire.
« Ce qui a changé après l’insurrection, ce sont juste les hommes »
En attendant les conclusions de l’enquête, à l’ODJ, ils « n’excluent rien » quant à l’identité des auteurs du crime. Mais ils s’étonnent de constater que « d’autres ont vite fait de désigner des coupables qui seraient la ‘’nébuleuse terroriste’’ ». L’aîné des frères Cissé n’accuse ni n’indexe directement de présumés responsables. Cissé Mognini Hama ne perd cependant pas de vue l’« engagement qui a valu (aux militants Fahadou et Hama) leur emprisonnement de la part » d’un exploitant minier « avec la complicité des autorités en son temps ».
Une piste relayée également par le bureau exécutif de l’ODJ qui rappelle leur « participation active à la bataille pour la liberté et pour le contrôle par les populations des ressources naturelles (l’or notamment) ». Et ce « au détriment des dignitaires locaux » d’alors qui avaient « l’onction du pouvoir ».
De l’exagération dans les récriminations de l’ODJ à l’endroit du pouvoir ? « Lorsque vous ne souffrez pas d’une situation, il est difficile de croire à ceux qui en parlent », réagit Oury Sanou, secrétaire général de l’organisation.
Un sens dans lequel abonde l’aîné des frères Cissé. « Après l’insurrection, ce qui a changé, c’est juste le pouvoir. Les hommes qui l’animaient directement. Il y a d’autres qui sont venus. Ils ont pris la place et ils ont reproduit les mêmes actes en termes d’embrigadement des orpailleurs, en termes de corruption. C’est cela qui a fait que la lutte s’est poursuivie ».
Lutter, les deux militants l’auront fait jusqu’à leur dernier souffle. L’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) n’attend qu’une chose des autorités. Qu’elles fassent « la lumière sur cet ignoble assassinat », organisent des « obsèques dignes du rang de combattants de la jeunesse patriotique et révolutionnaire » tout en mettant en œuvre « une politique sécuritaire garante des libertés fondamentales des citoyens »
Oui Koueta
Burkina24
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