Putsch: « Salif Diallo a demandé à Diendéré de renverser le régime de Blaise Compaoré » (Avocat)
Le procès du putsch de septembre 2015 a repris ce lundi 29 juillet 2019. La parole est revenue aux avocats du Général Gilbert Diendéré pour leurs plaidoiries. Me Paul Kéré, Me Mathieu Somé et Me Abdoul Latif Dabo ont respectivement tenu le crachoir. Les trois hommes en robe noire sont venus à la rescousse de « Golf » considéré comme le mestre de camp du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) au moment des faits.
A la reprise de l’audience ce 29 juillet 2019 à Ouaga 2000, Me Mathieu Somé a reconnu avoir reçu notification de la décision du Conseil constitutionnel déclarant « mal fondée » la requête des avocats de Diendéré. Le Parquet a requis la reprise immédiate du procès. Le Président du Tribunal a accédé à la demande en ordonnant la poursuite des plaidoiries.
Me Paul Kéré, également constitué auprès du Général, a saisi la balle au bond en guise de plaidoirie introductive. Les Officiers militaires, membres du Tribunal, pourront, est-il convaincu, éclairer la lanterne du Juge dans le secret des délibérations. Dans son exposé, le plaideur en premier a fait des « révélations ».
« Le défunt Président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo, a demandé au Général Diendéré de renverser le régime de Blaise Compaoré. Mais, le Général a refusé en disant qu’il est loyal », a informé Me Kéré. L’avocat de 58 ans a poursuivi sa réflexion en réaffirmant avoir déploré la dissolution du RSP qui, selon lui, était la bête noire des terroristes.
« Il n’y avait pas de régime légal au moment des faits »
« C’est une erreur d’avoir dissout le RSP. Si les gens nous attaquent à Ouagadougou, à Kaya, ou à Barsalogho, c’est qu’il y a quelque chose qui manque », a-t-il avancé. Celui qui qualifie le Général Diendéré d’« Officier supérieur de valeur » dit attendre des Juges une décision sage qui respecte les principes de droit. « Peut-être, a-t-il conclu, que les auteurs des coups de feu mortels lors des évènements ne sont aujourd’hui pas dans le box des accusés ».
Son confrère Me Mathieu Somé s’est, quant à lui, attardé sur le fait que le doute doit primer dans la décision du Tribunal, et surtout, sur la non-constitution des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat. « Monsieur le Président, vous devez douter. Si on ne sait pas, il ne faut pas faire le reproche à l’accusé. Vous n’êtes pas là pour combler le vide des enquêteurs. La vérité doit être parfaite », a plaidé Me Somé.
Le réquisitoire du Ministère public, selon ce dernier, est « confus et impertinent ». Il a demandé et obtenu une suspension d’une dizaine de minutes afin de développer la non-constitution des faits d’attentat. Les avocats du Général Diendéré sont convaincus qu’« il n’y avait pas de régime légal au moment des faits ».
« A Abidjan, il y a eu 3.000 morts, mais Laurent Gbagbo a été acquitté »
« Il n’y a pas eu d’attentat à la sûreté de l’Etat. On a violé la Constitution pour rédiger la Charte de la Transition. On s’est retrouvé avec deux têtes. L’astuce qu’ils ont trouvée, c’est que la Charte complète la Constitution. Et pourtant, cette Charte, au lieu de compléter, était en contradiction avec la Constitution. Alors que tout ce qui est contraire à la Constitution est illégal, y compris le régime de la Transition. Voilà comment notre pays était assis sur du faux », foi de Me Somé.
Il a demandé au Tribunal de décharger leur client des infractions d’attentat, tout comme le cas de la prise d’otage ou d’association de malfaiteurs. « A Abidjan, il y a eu 3.000 morts, mais Laurent Gbagbo a été acquitté. Pourquoi ? Parce que le Procureur n’a pas pu constituer les faits. On l’a acquitté. Comme on le dit, Dura lex, sed lex ! », a-t-il argumenté.
Me Abdoul Latif Dabo a été le troisième avocat à plaider les causes du Général Diendéré. Il a renchéri les propos de ses prédécesseurs. « On n’était pas dans une période de vide constitutionnel. Quelle base légale confère au Président de la Transition son autorité ? », s’est-il demandé. Au cas où le Tribunal passera outre la non-constitution des faits d’attentat, Me Dabo a souhaité qu’il sache que leur client n’a ni planifié, ni commandité l’arrestation des autorités de la Transition.
Les plaidoiries des avocats de « Golf » se poursuivent le jeudi 1er août 2019. La salle d’audience sera réquisitionnée dans le cadre du TAC (Traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire).
Noufou KINDO
Burkina 24
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