La gestion du capital humain – De la nécessité d’une réforme de nos administrations sociales 4/4 ?
La semaine passée, nous écrivions à propos de l’Office de Santé des Travailleurs (OST) et des enjeux capitaux de sa réforme et du recentrage de ses priorités (DE LA NECESSITE D’UNE REFORME DE NOS ADMINISTRATIONS SOCIALES 3/4 ). Nous terminons cette série de chronique avec une analyse sur l’Agence National pour l’Emploi (ANPE).
Créée par décret n°2004-523/PRES/PM/MTEJ/MFB en lieu et place de l’Office National de la Promotion de l’Emploi (ONPE), l’Agence Nationale pour l’Emploi en abrégé (ANPE) est un établissement public de l’état à caractère administratif. L’Agence a pour mission l’exécution de la politique du gouvernement en matière d’emploi et de formation professionnelle.
A cet effet, elle est chargée de : D’étudier les problèmes relatifs à l’emploi, à l’apprentissage, à la formation et au perfectionnement professionnel ; D’organiser un système interne d’intermédiation et d’information sur le marché de l’emploi ; D’appuyer l’auto emploi de certaines catégories de demandeurs d’emploi individuels ou associés en vue de contribuer à l’émergence de micro, petites et moyennes entreprises viables ; D’initier et d’exécuter des programmes d’insertion socio-professionnelles des jeunes par l’emploi ; D’identifier les besoins et les possibilités d’apprentissage, de formation professionnelle et de perfectionnement et mettre en œuvre une politique d’orientation et d’information en direction des usagers ; D’accroître l’offre de formation professionnelle et d’apprentissage par la rénovation, le renforcement des structures existantes et la création de nouvelles structures ainsi que la diversification des filières et opportunités de formation et de perfectionnement ; D’organiser et de suivre les opérations de recrutement collectif de personnel pour son emploi hors du territoire national ; De mettre en œuvre un mécanisme de suivi des travailleurs étrangers employés au Burkina Faso ; De tenir une documentation de référence relative à l’emploi et la formation professionnelle ;
Pour rappel, l’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE) qui est une invention française était un établissement public administratif créé en juillet 1967 pour centraliser les offres et les demandes d’emploi, effectuer des statistiques sur le nombre de demandeurs d’emploi et gérer des centres de ressources pour aider les chercheurs d’emploi dans leurs démarches et leur parcours.
Un tour sur la multitude de sites web institutionnels de l’ANPE Burkina (http://www.anpeburkina.org/ – http://www.anpeburkina.net/ – http://www.anpe.gov.bf/ – https://www.anpebf.com/fr-fr/presentation-anpe.html ), ne nous apprends absolument rien sur cette institution pour la simple et bonne raison que ceux-ci sont dysfonctionnels.
En matière statistique, en 2017, l’ANPE enregistrait après 13 années d’existence, 17 163 demandeurs d’emplois (sur l’année) dont 10 135 primo accédant au marché du travail. Sur ces 10 135, 42% avaient un niveau BAC, 24% un niveau BEP, 35% sans diplôme, 20% avec un niveau CEP soit près de 97% sans aucune formation. Sur la même année, 730 offres d’emploi étaient diffusées par l’ANPE dont 69,8% sur la Région Centre.
En 2017, 1 295 demandeurs d’emploi ont été formés aux « techniques de recherche d’emploi » et 1 821 à l’entrepreneuriat. 12 144 emplois ont été créés. Le nombre de travailleurs au 31/12/2016 était de 172 251 fonctionnaires et de 397 548 travailleurs du secteur privé.
Sachant que le taux de chômage est autour de 15% de la population active et que la création d’emploi ne relève pas de l’agence, sa seule véritable activité en mesure d’impacter la dynamique de l’emploi reste donc la diffusion des offres d’emploi, l’intermédiation entre les offreurs et les demandeurs (730 offres seulement dont près de 70% dans la région Centre sur les 13 régions) et la formation (3 116 personnes formées soit 18% des demandeurs d’emploi inscrits).
En tant que demandeur d’emploi, puis salarié, puis DRH, puis créateur d’entreprise et à présent dirigeant d’entreprise, mes seuls rapports avec l’ANPE ont été, une demande de carte de travailleur (qui ne m’a jamais été demandé par qui que ce soit) et une demande de CVs que l’ANPE a souhaité nous facturer.
Très clairement, face aux défis relatifs à la création d’emploi, cette institution joue un rôle quasi inexistant au regard des enjeux cruciaux pour la jeunesse du Burkina Faso. Plus qu’une réforme il serait opportun de supprimer cette institution budgétivore et peu voir pas efficace.
Ainsi s’achève notre opus sur les administrations sociales du Burkina.
En résumé, nous retenons que les performances des institutions les plus importantes en matière d’emploi et de sécurité sociale au Burkina Faso sont très loin de ce qui est attendue d’elles en matière de service publique aux administrés.
Ceci s’explique d’une part parce qu’elles sont de pâles copies d’institutions françaises, qu’elles ne sont pas la résultante d’une réflexion profonde de leurs initiateurs dans le contexte de notre pays et par conséquent, l’esprit qui sous-tend leur création ne peut être appréhendé par cela qui sont chargés de leur pilotage.
Mais aussi parce qu’elles sont sous « influence » de l’Etat et que la culture de la performance et du service à la clientèle y sont peu développés et ancrés, pour des raisons historiques et culturelles.
Nous devons avoir le courage de réfléchir par nous-même et de créer ce dont nous avons besoin, plutôt que de continuer sur la voie de la copie, qui ne produit aucun résultat, ne nous confère aucun respect ni aucune dignité, car nous ne savons définitivement pas mettre en œuvre et nous approprier ce que nous copions.
Ouagadougou, le 06/12/2019
BIOGRAPHIE
Omar KONATE, économiste de formation a fait l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la gestion du capital humain dans des organisations privées et internationales. Il est à présent Directeur général de K. People International, un cabinet qu’il a fondé en 2015.
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En tout cas,
je pense que comme vous le dites, cette agence ne m’a jamais vraiment attiré. Je pense aussi que elle manque de moyen. Enfin, elle est comme toutes les agences publiques, bourré de gens assis qui attendent juste leur salaire à la fin du mois et qui essaie de gratter à gauche et à droite quelques petites commissions…
Pathétique.