Burkina : La hantise du cancer
Le ministère de la santé à travers le Programme National de Lutte contre le Cancer (PNLC) a organisé ce mercredi 12 février 2020 à Ouagadougou une rencontre d’information sur le cancer au profit des journalistes. Elle entre dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale du cancer et de la journée internationale du cancer pédiatrique organisées respectivement les 4 et 15 février de chaque année.
Plus de 9 millions de décès dans le monde sont liés au cancer chaque année et le coût économique annuel total du cancer est estimé à environ 1,16 million de dollars. Au Burkina Faso, en 2018, ce sont 9 221 décès qui étaient liés au cancer et 118 décès de cancer pédiatrique.
La rencontre d’information est organisée dans le cadre de la commémoration de la journée de lutte contre le cancer. La commémoration de la journée est placée sous le thème « Je suis et je vais ». Ce thème couvre la période 2019-2021. Selon Dr Marie Emmanuelle Zouré, directrice de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles, « Je suis et je vais » veut dire que « je suis concernée parce que le cancer concerne tout le monde, tout âge, toute condition sociale, et je vais, pour dire que je m’engage, donc chacun de nous s’engage, apporte sa pierre pour lutter contre le cancer au Burkina ».
Au cours de la rencontre d’information, trois communications, assurées par les spécialistes ont alimenté les échanges.
Dans la communication du Dr Sibri Toalé Sory, MD Epidémiologie, qui a porté sur l’ampleur du cancer au Burkina, les facteurs de risques et les moyens de préventions, il ressort que le cancer est une des principales causes de décès après les maladies infectieuses et celles cardiovasculaires.
En 2018, au Burkina Faso, 11 663 nouveaux cas de cancer ont été détectés et 9 221 décès ont été enregistrés. Au niveau du cancer pédiatrique, 633 nouveaux cas ont été détectés et 118 décès enregistrés.
La prise en charge du cancer nécessite l’implication de plusieurs moyens
Dr Augustin Bambara, chef de service cancérologie au CHU Yalgado lui, a énuméré les types de cancer, les trois stades de cancer et leur traitement. Il s’agit du stade local (limité à l’organe), du stade locorégional (atteinte ganglionnaire) et du stade général (métastases).
Il a affirmé que la prise en charge du cancer nécessite l’implication de plusieurs moyens en fonction de ces différents stades de cancer. Il y a « la chirurgie qui va consister à enlever la maladie et les ganglions qui sont à côté et la radiothérapie à utiliser des radiations ionisantes pour tuer les cellules cancéreuses », a-t-il cité. Il y a également selon lui, « des traitements généraux parmi lesquels la chimiothérapie qui va utiliser les médicaments anti-cancéreux pour détruire les cellules cancéreuses ».
« Il n’y a pas de de prévention à proprement parler chez l’enfant »
Dr Bouda Gabrielle Chantal, Chef de service de neurologie pédiatrique a, quant à elle, présenté l’ampleur du cancer pédiatrique au Burkina. Selon elle, le cancer chez l’adulte est différent de celui chez l’enfant. Chez l’enfant, le cancer est très agressif et se propage rapidement et 60% arrivent tardivement.
De 40 patients en 2005, date de prise en charge de façon organisée du cancer de l’enfant au Burkina, le nombre de patients en 2019 est à 223. « Si je prends depuis janvier 2019 jusqu’à la date d’aujourd’hui rien qu’à l’hôpital Yalgado, nous sommes déjà à 25 patients, nouveaux cas», a-t-elle déclaré.
Elle a déclaré que la majorité des cancers enregistrés à la section pédiatrique du CHU Yalgado sont des lymphomes de Burkitt. Ce sont des cancers de ganglions et du sang qui se manifestent au niveau du visage ou du ventre.
« Un Burkinabè moyen ne peut pas se traiter d’un cancer. Le traitement du cancer est coûteux sur tous les plans. Le coût de traitement du lymphome de Burkitt c’est 902 000 F CFA sans les anti-cancéreux. La leucémie, c’est autour de 1 million de CFA. Pour le cancer de l’œil, c’est autour de 883 000 F CFA. Pour le cancer du rein autour de 803 000 F CFA sans la chimiothérapie »
Dr Gabrielle Chantal Bouda, Chef de service de neurologie pédiatrique
« Il y a le cancer de l’œil qui commence par une tache blanche au niveau de l’œil qui apparaît sous forme de taches rouges sur une photo prises avec flash », a-t-elle expliqué .
Elle a affirmé qu’ « il n’y a pas de de prévention à proprement parler chez l’enfant » car le principal facteur est viral pour le lymphome de Burkitt. Mais ce qui est faisable, c’est le diagnostic précoce. « Il faut que dès les premiers signes anormaux, les gens consultent et que les agents de santé qui voient ces patients aient le réflexe de les référer dans les centres de prise en charge pour qu’ils soient pris en charge de façon correcte », dit-elle.
Au Burkina, des centres sont en cours de construction pour la prise en charge des malades cancéreux. Il s’agit du centre de cancérologie de Ouagadougou situé à Tengandogo et celui de radiothérapie situé au sein du CHU de Bogodogo.
Alice Suglimani THIOMBIANO
Burkina 24
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