Covid-19 : Le communiqué de L’Autre Burkina/PSR
Ceci est un communiqué de Presse de l’AUTRE Burkina/PSR.
TRANSFORMONS LE DEFI EN OPPORTUNITE !
Elles sont désormais connues, les mesures prises par le Gouvernement pour faire face à l’épidémie du coronavirus dans notre pays. Depuis cette annonce par le Chef de l’Etat, que de réactions entendues dans tous les milieux. Globalement elles sont très mitigées parfois défavorables. Des milliards ont été annoncés, mais tout montre que certaines couches sociales n’y trouveront point leur compte, ce qui engendre des interrogations légitimes au grand dam de c ertains responsables et de leurs amis. Et même si nous refusons de tomber dans le « négativisme » facile, nous sommes d’avis que ces mesures manquent de clarté et de visibilité sur certains points. Pire, certaines ne sont pas pertinentes, tandis que d’autres sont franchement mauvaises et inadaptées.
Voilà plusieurs semaines déjà que nos populations font face à un terrible mal qui emporte presque chaque jour nos parents et amis. Aussi je voudrais présenter nos condoléances les plus attristées à toutes les familles frappées par la maladie.
C’est aussi l’occasion de manifester notre soutien et notre admiration à tous ces hommes et femmes, travailleurs de la santé, qui luttent quotidiennement pour sauver nos vies tout en mettant fortement en péril leur propre vie ! Oui, sauver la vie d’autrui pour perdre la sienne ! Ils méritent en ces moments difficiles voire douloureux, l’hommage appuyé de notre peuple, car s’il est vrai qu’il y a des morts, il y a aussi des guérisons grâce à eux ! Travailleurs de la santé unissons-nous au service du peuple burkinabè.
1-Sur les aspects économiques, les mesures présentées par le Chef de l’Etat, dans les divers domaines comme les transports, la fiscalité, les opérations de contrôles, l’hôtellerie, la desserted’eau courante, le secteur informel n’auront pas d’impact positif sur la vie des populations notamment celles qui sont le plus en crise dans le pays. Pire elles sont des voies tracées pour favoriser des opérations douteuses (détournements, fraude et autres) au profit d’une catégorie de citoyens proches du régime. Certaines de ces mesures, comme la gratuité d’eau dans les fontaines et le stationnement gratuit des taxis non seulement sont grotesques, mais aussi ils sont des sources de petits conflits au sein des communautés comme on en voit déjà à travers les reportages de nombreux médias.
Par ailleurs, concernant la fermeture des marchés nous avions proposé au début de la crise, en lieu et place de leur fermeture « un pré positionnement d’équipes mixtes de santé dans les grands marchés et yaars pour information et sensibilisation des usagers». A l’épreuve des faits, la mesure en vigueur ne semble pas adaptée à notre contexte. Par contre, l’exemple des marchés (04) de la ville de KOUDOUGOU(port de masques obligatoire, distanciation sociale stricte, matériel de nettoyage des mains, équipes de surveillance par les commerçants eux-mêmes…) peut-être un bon exemple car la fermeture brutale pose d’énormes problèmes aux citoyens.
Autre sujet, autre décision dans la même veine que la mesure de l’ANRP qui met les stocks de chloroquine en quarantaine, une autre mesure met sous scellé la pharmacie du Sud à Ouaga2000 pour avoir commandé sans autorisation un test Covid19. Dans cette affaire l’argument réglementaire avancé pour justifier cette fermeture est compréhensible mais tout le reste est très discutable. A partir de certaines informations obtenues, nous pensons que la sanction est très disproportionnée. De toute évidence la situation actuelle ne peut durer trop longtemps parce que la pharmacie c’est le lieu de gagne-pain du Dr BALKOUMA et que par ailleurs il y a dans le pays une très forte demande de test Covid19 qui n’est pas satisfaite. Aussi nous suggérons qu’une solution soit trouvée, car ce n’est certainement pas la première fois qu’une telle situation survient. Il s’agira d’utiliser une procédure d’urgence pour permettre à la commission d’homologation du ministère de décider. Si la commission refuse l’homologation du produit alors le pharmacien devra en tirer les conséquences mais dans le cas contraire le ministère devra prendre des mesures idoines pour régulariser la situation. En tout état de cause on aurait pu saisir les produits et permettre à la pharmacie de continuer ses activités.
Au regard de tout ce qui précède, les mesures économiques du gouvernement pourraient nous valoir des lendemains qui déchantent grandement et nous plonger dans une crise encore plus profonde et structurelle, une grave récession dans un pays déjà fragile économiquement.
2-Sur le plan social, le constat est amer car les mesures en trompe l’œil comme celles en rapport avec les factures d’électricité ne profitent en rien aux citoyens de nos campagnes qui sont des oubliés de l’Etat MPP. D’ailleurs nous nous demandons où sont donc ceux-là qui jetaient les travailleurs à la vindicte populaire en opposant fonctionnaires aux paysans ? Et même les habitants de nos villes ont vite fait de déchanter après les explications du ministre en charge du domaine. Certes, l’Etat providence n’est plus d’actualité mais l’Etat rapace est inacceptable !
C’est pourquoi au bénéfice de tous y compris les habitants des zones rurales nous proposons, pour 03 mois, une baisse de 50 % des prix des produits de première nécessité comme le Kg des céréales (mil, riz, maïs, pâtes alimentaires..), le Kg de viande, le litre d’huile de cuisine, le pain et les farines de céréales locales. Cette mesure bénéficiera aux populations défavorisées des campagnes.
Par ailleurs, au regard du contexte socio-politique, les appels à l’union sacrée sont très courants. Aussi face à toutes ces crises qui prennent de l’ampleur le chef de l’Etat aurait dû saisir cette occasion importante pour décider des mesures en faveur des travailleurs du Burkina principaux acteurs de la production de nos richesses nationales :
-Une annulation de la mesure portant extension de l’application de l’IUTS
-Une annulation des sanctions administratives contre les travailleurs pour faits de grève.
-Une restitution de coupures opérées sur le salaire des travailleurs pour faits de grèves.
–Une révision à la hausse du montant de la prise en charge agents de santé réquisitionnés pour cette crise du Coronavirus ;
– L’institution d’une prime spéciale mensuelle de risque uniquement pour tous les agents de santé travaillant effectivement dans les services de soins, sur le territoire national.
3-Sur un plan essentiellement plus politique, nous saluons l’élargissement des prisonniers et leur souhaitons bonne chance dans leur réinsertion socio-économique. Toutefois, concernant les prisonniers politiques, des oubliés, notre parti réitère son appel du 08 Septembre 2019 en ces termes : «… Au vu des prérogatives qui lui sont dévolues, le chef de l’Etat peut bien prendre une grande mesure salutaire en usant de « droit de grâce », et mieux encore de « l’amnistie » en faveur de ces enfants du Burkina, car c’est bel et bien une étape fondamentale pour la réconciliation des cœurs, l’unité nationale et le retour de la paix chez nous. C’est d’autant plus juste que le principe fondamental du triptyque tant exigé au Dialogue politique y occupe désormais sa place ».
Nous nous souvenons aussi de cette invite à l’un des principaux responsables du régime MPP, à l’occasion d’une rencontre publique en ces termes: «Je voudrais te rappeler, luiavais-je dis, qu’en fin 86, alors que nous discutions des aspects pratiques en vue de la création de notre parti , rappelle-toi ce que ton père nous disait à toi et moi, en insistant sur le fait que dans la vie il ne faut pas se nourrir de la rancune en tout temps et partout ». Gouverner un pays dans la haine conduit souvent à la catastrophe. Il est donc temps d’abandonner les chemins de la haine car le pays a besoin de tous ses fils pour vaincre le mal qui nous torture aux plans sécuritaire, sanitaire, économique et social. Le président Roch fait partie de cette génération, la nôtre, qui porte en elle une responsabilité certaine dans le développement de haine et de violence en politique; nous devons réparer ce mal pour espérer être véritablement des dignes fils de la patrie !
L’abandon des sanctions dites administratives par les politiciens au pouvoir est souvent difficile et la libération d’adversaires politiques l’est encore plus mais c’est ce qui grandit les hommes. Et c’est ce bel exemple que nous donne le Président du Niger Mahamadou ISSOUFOU, qui vient de redonner la liberté à son principal adversaire politique, l’opposant Hama AMADOU. De même la libération provisoire de Hissène HABRE à Dakar par Macky SALL est aussi un bel exemple.
En outre, Monsieur le Président, à situation particulière, démarche particulière ! C’est la raison pour laquelle nous suggérons que dans l’esprit du récent dialogue politique, vous décidiez d’une concertation formelle avec le chef de file de l’opposition (CFOP) sur les mesures à prendre et les mécanismes internes de concertations nationales avec d’autres grands acteurs en fonction de l’évolution de la crise nationale, à l’instar d’autres pays.
4-L’adoption et la présentation du Plan de riposte sanitaire a été sans conteste la mesure qui fait plus de bruit au sein descommunautés et plus encore que lorsqu’il s’est agi de l’introduction de la chloroquine dans le schéma thérapeutique du Covid19.
Au moment où nous écrivons ces lignes nous apprenons que des changements ont été opérés par le Gouvernement. Et s’il est vrai que malgré ces changements il y a encore des réflexions qui provoquent toujours des réactions du genre, « reculade », « rétropédalage », « incompétence », « tâtonnements » entre autres, pour notre part, nous en prenons acte pour les intégrer dans les données de notre analyse contributive. Concernant les explications qui nous ont été données sur ces modifications, nous apprécions positivement l’approche de la ministre de la santé contrairement à celle du responsable attitré de la Com’ gouvernementale.
En décidant de revoir à la baisse la rubrique qui proposait des locations de chambres d’hôtels à 65 000 F/j par malade sur une durée de 14j, le Gouvernement a peut-être réussi à faire baisser cette tôlée générale désapprobatrice qui montait contre son plan, même si en réalité le principe de la location de chambres d’hôtel reste sans réponse claire. Mais qu’à cela ne tienne, il faut vite trouver de l’argent et les données disponibles montrent que nous sommes loin du compte. Constat amère pour lequel nous insistons pour dire qu’il faut compter sur ses propres forces. Ainsi, le budget de l’Etat doit être revu et réaménagé sur les priorités ; des coupures consistantes devraient avoir lieu dans les fonds spéciaux de certaines institutions ; les salaires des ministres revus en conformité avec le décret portant uniformisation des salaires des présidents d’Institution et membres du gouvernement. A ce prix seulement le plan de riposte ne suivra pas la logique du PNDS.
Après un examen des rubriques budgétaires, nous faisons les propositions ci-dessous, en termes de priorités :
i)-Il faut accorder plus d’importance à la recherche en santé et ne pas la réduire à une simple « mise en œuvre des protocoles de recherche » ; accroitre considérablement son budget pour prendre en compte le renforcement des institutions de recherche ; étendre son domaine d’action pour intégrer d’autres thèmes et sujets de recherche comme la pharmacopée nationale, les essais sur le plasma etc. En réalité la recherche est à même de nous permettre de faire des projections, d’anticiper les réponses de riposte pour les années à venir.
ii)- réviser à la baisse les allocations budgétaires des activités liées aux domaines de soutien comme la coordination et la communication.
iii)– abandonner toute proposition de location de chambres d’hôtels si ce n’est déjà fait. Cette idée est franchement mauvaise et inopportune. En effet dépenser de grosses sommes d’argent durant cette période pour enrichir des hôteliers et brusquement se retrouver face au même vrai problème qui porte sur la faiblesse des capacités des services hospitaliers de notre système national de santé, c’est absurde. Il faut donc agir sur la cause de cette insuffisance de capacités (nombre de salles, nombre de lits d’hospitalisation, quantité et qualité des équipements médicaux…)
iv)- En conséquence de ce qui précède, outre ce qui est prévu dans le plan comme équipement, infrastructures spécialisées et logistiques, nous proposons :
• l’Aménagement immédiat et l’équipement de salles d’hospitalisations au sein des CHR de toutes les régions sanitaires du pays ;
• l’Aménagement immédiat et l’équipement de salles d’hospitalisations au sein des grandes formations sanitaires à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso ;
• La prospection d’identification de sites pouvant être transformés en salles d’hospitalisation pour répondre à l’urgence sanitaire
• la construction rapide d’un nouvel hôpital national de mêmes capacités que l’hôpital Blaise COMPAORE à Tengandgo/Komsilga.
L’idée de base qui sous-tend notre démarche est que dans tout malheur, il peut y avoir une bonne opportunité. Alors il faut investir directement au profit de notre système national de santé, au risque de se faire prier plus tard de quitter la « natte », les hôtels où nous sommes couchés. Autrement dit,ce serait un lourd investissement mais une énorme perte !
Citoyens, citoyennes, respectons les consignes de prévention contre du Covid 19
Que Dieu sauve le Burkina Faso et son peuple !
Ouagadougou, le 08 Avril 2020
Dr Alain Dominique ZOUBGA
Médecin spécialiste en santé publique
Président national de l’AUTRE Burkina/PSR
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