Lutte contre le terrorisme : « Le Burkina Faso ne doit pas attendre la fin du COVID-19 »

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Avec l’avènement de la maladie à coronavirus (Covid-19) au Burkina Faso, la lutte contre le terrorisme semble avoir pris du plomb dans l’aile. La préoccupation première des autorités et des populations depuis près de deux mois, c’est la lutte contre la propagation du COVID-19. Matraquage médiatique ? Psychose ? Qu’à cela ne tienne, de l’avis du Dr Emile Ouédraogo, ancien ministre de la sécurité (2008-2011), « le Burkina Faso ne doit pas attendre la fin du Covid-19 avant de reconquérir le territoire ».

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Des chiffres officiels, depuis le début des attaques terroristes au Burkina Faso, le terrorisme a provoqué 2.000 morts, plus de 2.500 écoles fermées et plus de 800.000 personnes déplacées internes (PDI). Même si des actions sont menées sur le terrain pour contrer l’évolution de ce « mal », il n’en demeure pas moins, selon le Dr Emile Ouédraogo, ancien ministre de la sécurité (2008-2011), que le Burkina Faso « ne contrôle plus » la partie septentrionale de son territoire.

« Le septentrion burkinabè est en train d’être hors contrôle »

Pour preuve, l’ancien ministre de la sécurité prend pour exemple, tout d’abord, la déclaration de l’Emir du Liptako sur France 24, diffusée le 24 avril 2020. Lors d’une émission, l’Emir disait que « l’étau se resserre sur Dori. Si le Burkina Faso perd le Sahel, l’Afrique va perdre le Burkina Faso ». Le second exemple émane des premiers responsables de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), composés de politiques de la région du Sahel, le 24 avril 2020. Selon le parti, le Sahel s’effondre et le gouvernement semble amorphe.

Par ailleurs, sur le terrain, la présence des groupes terroristes s’est accentuée. Le Dr Emile Ouédraogo illustre ce fait par un exemple. Le 16 avril 2020, explique-t-il, deux groupes terroristes rivaux se sont affrontés au Nord du Burkina Faso. Il s’agit du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à la Katiba de Amadou Kouffa et l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS).

« Ces deux groupes sont dans le Nord du Burkina Faso, explique le Dr Ouédraogo. Ces deux groupes, profitant du fait que le Covid-19 occupe nos préoccupations, se sont livrés à des combats entre eux. Ce qu’il faut noter, c’est qu’ils sont en train maintenant de se battre entre eux pour pouvoir conquérir le plus de territoire ». Les combats entre les deux groupes ont eu lieu à Nassoumbou à quelques encablures de Djibo (situé dans la province du Soum, région du Sahel). Et pour Dr Ouédraogo, c’est un indicateur qui montre que le Burkina Faso « ne contrôle plus cette zone. Le septentrion burkinabè est en train d’être hors contrôle ».

« Ça commence avec le Covid-19, mais ça peut se terminer par une déstabilisation »

Revenant sur le Covid-19, si la maladie constitue une menace sanitaire, elle est aussi une menace à la sécurité nationale. « Sur les chaines de télé, on ne parle plus de conflits. On ne parle plus de terrorisme. Le Covid-19 a réussi à reléguer au deuxième plan, les problèmes comme le terrorisme (…). Vous avez vu les deux semaines de quarantaine, comment cela a failli déboucher à des soulèvements populaires. Ça commence avec le Covid-19, mais ça peut se terminer par une déstabilisation et une insécurité généralisée pour le pays », fait savoir l’ancien ministre de la sécurité.  

Ainsi, selon le Dr Ouédraogo, l’impact du Covid-19 sur la sécurité nationale est perceptible. Le Covid-19 met la pression sur les Forces de défense et de sécurité (FDS). Elles sont sur plusieurs fronts. Elles sont obligées de faire leurs missions traditionnelles de lutte contre le terrorisme et l’insécurité, mais aussi de veiller à l’application des mesures prises par le gouvernement pour contrer le Covid-19, explique-t-il.

Mais de son avis, l’un ne doit pas être privilégié par rapport à l’autre. « Le Covid-19 est venu trouver le terrorisme et les terroristes ont profité du coronavirus pour pouvoir mieux s’implanter et renforcer leurs positions. Tout ce que je peux dire, nous ne devons pas attendre la fin du coronavirus pour attaquer le phénomène du terrorisme. Nous sommes contraints de mener le combat sur les deux fronts et simultanément », a souhaité le Dr Emile Ouédraogo.  

« Covid-19 et sécurité nationale »

Rappelons que c’est lors l’un échange avec des journalistes que le Dr Ouédraogo a développé ces idées. Cette rencontre a été organisée par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), le mercredi 29 avril 2020 autour du thème, « Covid-19 et sécurité nationale ».

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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