Chronique de Ramadan : Voir ses propres défauts
La chronique de Ramadan est proposée par l’Imam Alidou Ilboudo.
« O vous qui croyez ! Le jeûne vous été prescrit comme il l’a été à ceux qui vous ont devancés, ainsi vous atteindrez à la piété. » (Coran II, 183).
Le ramadan est sans conteste le mois du perfectionnement, du polissement de l’âme et de son dressage. L’âme humaine est encline au mal, sensible aux plaisirs et désirs, succombant facilement aux passions. Le but des exercices liés au jeûne est de l’arracher à ses penchants naturels pour l’élever aux vertus individuelles et collectives.
Parmi nos mauvais penchants, il y a le jugement de l’autre. L’homme est plus prompt à juger et condamner son prochain. Il le fait de manière sélective si bien qu’il se persuade qu’il a raison. Malheureusement cette sélection comporte bien de biais que l’habitude empêche de voir. Généralement, on condamne son prochain pour une faute alors qu’en secret, en privé ou en public, on en commet aussi de pareilles sinon pire. Mais comme le sujet ne porte pas sur son cas, on se joue les saints. La vindicte populaire tombera sur quelqu’un qui prend un million sur cent qu’on lui a confié. Donc un pour cent de la somme. Parmi les pourfendeurs tu trouveras quelqu’un qui a pris cent mille sur cinq cent milles qu’il devait garder. Donc vingt pour cent de la somme. Et pourtant lui se donne bonne conscience. Aucun vice n’est tolérable mais il est bon qu’on enlève la poutre qui est dans notre œil avant de chasser la paille dans l’œil de l’autre.
Il est ainsi, parce qu’en condamnant vertement, on se fait le parangon de la vertu et on empêche le soupçon de se porter sur soi. En image, on braque l’attention de l’opinion et on fait de l’ombre sur soi. Cela peut être du aussi à une habitude de jugement, condamnation et même stigmatisation qui ‘est installée peu à peu dans nos milieux religieux.
Or donc, on devrait se préoccuper de ses propres défauts avant de s’acharner sur ceux des autres. Le grand maître Ibnal Qaym a dit : « bienheureux est celui qui est préoccupé par ses propres défauts en oublie ceux des autres, et malheur à celui qui oublie ses propres défauts et se préoccupe ses défauts des gens. Le premier est signe de bonheur, le second est signe de malheur » Tariq Hidjratain P370
En effet, en se concentrant sur ses défauts on prend conscience de ses insuffisances, on comprend ses chutes et ses atouts pour rebondir. Et se basant sur sa propre condition on peut mieux conseiller et accompagner l’autre et non le juger. « Nul n’est méchant volontairement » dit le penseur et ainsi donc plusieurs situations expliquent parfois le comportement déviant de certains. En choisissant de condamner systématiquement, de livrer son frère à la vindicte populaire, on « aide satan contre son frère », selon l’expression du prophète(SAW).
Nous pouvons tout cacher aux hommes, tout ou au moins une partie ; mais nous ne pouvons rien cacher à Dieu. Il y a des fautes qui concernent la croyance, l’adoration, le comportement et sur tous ces sujets nous ne pouvons être au top chaque fois. Les hommes peuvent nous prendre pour des anges, mais nous-mêmes savons qui nous sommes.
Dieu fasse miséricorde à Abou Bakr(RA) ; le deuxième calife de l’islam que les gens considéraient comme l’homme parfait après le messager de Dieu(SAW). Il n’en tirait pas orgueil et disait à Dieu cette prière : « O seigneur, je me connais mieux que les gens ; et tu me connais mieux que moi-même. Fais-moi meilleur que ce qu’ils pensent et pardonne-moi pour ce qu’ils disent alors que je ne le suis pas. »
« Chacun est l’otage de ses propres œuvres », coran 74/38 »
« Quiconque prend le droit chemin ne le prend que pour lui-même ; et quiconque s’égare ne s’égare que qu’à son propre détriment. Et nul ne portera le fardeau d’autrui » coran,17/15
Lorsqu’Allah veut du bien à un croyant, il lui grossit à ses yeux ses défauts et il s’acharne à les corriger. La clé du rapprochement sincère avec Allah est l’analyse à froid de soi.
Imam Ghazali nous donne quatre astuces pour nous aider à nous déceler nos défauts :
-rechercher l’enseignement d’un maître qui connait les défauts de l’âme humaine
-chercher la compagnie d’un ami pieux, sincère et clairvoyant
-reconnaître ses défauts dans la critique acerbe de nos ennemis
-fréquenter les gens d’un regard critique
En conclusion, ce n’est pas parce que nous avons amélioré un ou deux penchants de notre âme que nous sommes devenus les meilleurs. Nous ne devons pas regarder les autres de haut et surtout, ne pas les juger; le croyant est modeste, dans sa foi, son adoration et son comportement.
Bon ramadan dans le respect des consignes dans la lutte contre le Covid19.
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