Etalons : Roméo Kambou raconte la première qualification du Burkina en quart de finale d’une CAN
Lors de la CAN 1998, le Burkina Faso a créé la surprise en se qualifiant pour les quarts de finale lors d’une compétition organisée sur son sol. Le Burkina Faso a battu la Guinée lors du dernier match de groupe grâce à un but de Roméo Kambou. L’ancien international burkinabè, aujourd’hui entraîneur, se souvient de ce match et de cette CAN qu’il juge plein d’émotions.
Burkina 24 (B24): Roméo Kambou, vous avez marqué le but qui a permis aux Etalons du Burkina Faso de se qualifier pour la première fois en quart de finale d’une Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Comment cela s’est passé ce jour-là ?
Roméo Kambou (RK): Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur cette compétition et à travers votre canal. Les quarts de final étaient un objectif commun pour nous les joueurs et le coaching staff. On savait que seule la victoire nous assurait d’être en quart de final. Donc, il y avait de la pression parce que la CAN 98 était sur notre sol et les attentes de tout un peuple étaient palpables. Mais une fois sur le terrain et que tu touches le ballon, tu oublies la pression.
Pour revenir à ta question, j’ai eu une grande sensation après l’inscription de mon but parce que c’était une libération pour le peuple. Je me rappelle bien ce jour-là tous mes tirs étaient mal cadrés. Donc je m’en voulais un peu mais je n’ai pas cessé de tenter.
On a exécuté les consignes du coach Philippe Troussier et son staff parfaitement. Il restait cinq minutes environs pour la fin du match. Il y avait une grande tension. Il fallait marquer un but pour qu’on se qualifie en quart de finale. On devait rester patient, attaquer plus sur les côtés et et être en nombre dans les buts guinéens. Et c’est ce qui s’est passé avec Seydou Traoré qui élimine son adversaire sur le côté droit et dépose le ballon sur ma tête.
Son centre était tellement parfait que je n’ai pas eu beaucoup à faire pour marquer. Le mérite revient à Seydou Traoré qui a délivré un centre millimétré et mais aussi à toute l’équipe aussi qui s’est vraiment battue.
C’était une victoire collective et nationale parce que le soutien du peuple burkinabè était incroyable. Le fait d’avoir marqué dans les dernières minutes nous a aussi donné une assurance.
Il suffisait de bien gérer les dernières minutes du match et c’est ce qu’on a su faire. Dieu était aussi avec nous ce jour. La joie était totale mais on devait vite tourner la page parce que les quarts de finale étaient proches.
B24: Lors de cette CAN, le Burkina avait l’occasion de prendre la médaille de bronze mais l’équipe a sombré dans les dernières minutes alors qu’elle menait 4 à 1. Qu’est ce qui s’est passé ?
RK: Cette CAN 98 était remplie d’émotions diverses, surtout lors du match de classement. Après avoir marqué 4 buts à 1 contre les Congolais on s’est fait rejoindre au score et perdre aux tirs au but.
Je me dis qu’on a commis l’erreur en pensant que le match était gagné avant le coup de sifflet final. Et quand les Congolais ont commencé à marquer leur buts, on était presque tétanisé. Ils avaient un ascendant sur nous.
Nous avons mal géré la fin du match. Tout le monde était responsable de cette défaite. Si ce match était à refaire, croyez-moi on va mieux gérer notre avantage de 4 à 1 qu’on avait ce jour-là. Il y a eu des pleurs dans notre vestiaire ce jour-là. Mais, peut-être que le script était déjà écrit quelque part.
B24: Quel souvenir gardez-vous de cette CAN ?
RK: Je garde de bons souvenirs vécus avec mes collègues, le staff technique et l’engouement du peuple burkinabè lors de cette CAN 98. L’ambiance et l’union du groupe étaient réelles.
La compétition était de haut niveau et beaucoup d’entre nous étaient à leur première CAN. Ça va vous paraître bizarre si je vous dis que notre premier match d’ouverture contre le Cameroun était l’élément déclencheur. Bien qu’on ait perdu le match 1-0, la manière dont on était supporté a été incroyable.
Je me rappelle quand on rentrait au COMET après le match perdu contre le Cameroun, les supporteurs nous applaudissaient tout au long du trajet au bord de la voie. Cela nous a beaucoup touché et galvanisé…
Arrivés au COMET l’ancien président Blaise Compaoré nous a rendu visite cette nuit-là. Il nous a félicités et nous a encouragés à redoubler d’efforts pour les prochains matchs.
On a aussi fait une petite réunion entre nous et on s’est dit qu’avec le soutien qu’on a reçu et les applaudissements sur les voies, on devait honorer cette confiance placée en nous en gagnant le prochain match pour nous relancer dans la compétition.
Le bon souvenir c’est aussi la qualification du Burkina Faso pour la première fois en quart de finale d’une CAN et le but marqué à la 86 min. Cette compétition nous a permis de gagner en confiance et en expérience et de savoir que l’on peut rivaliser avec n’importe quelle équipe en Afrique.
B24: Que devient Roméo Kambou ?
RK: Oui c’est vrai que je suis un peu perdu dans le monde du football burkinabè. Mais je suis de près les prestations des Étalons grâce à Internet. Je ne suis pas actuellement au Burkina. Ce qui fait que les gens ne me voient pas. Je vis maintenant à Houston, une ville du Texas aux États Unis.
J’encadre les jeunes ici et je profite passer mes licences d’entraîneur. J’ai présentement la licence C. On devait passer la Licence B en Mars mais du fait de la Covid-19, cela a été annulé.
J’aimerais revenir un jour partager mes expériences avec mes compatriotes si l’on me donne cette possibilité. Aussi, j’ai créé une chaîne YouTube pour sensibiliser les gens sur les questions de la santé, la nutrition, le sport pour le bien-être. Il suffit de taper mon nom dans YouTube et vous verrez mes vidéos.
N’hésitez pas à vous abonner parce que c’est absolument gratuit. Celui qui croit tous savoir n’apprend pas. Faisons de la nourriture notre médicament et non le contraire. Je profite de l’occasion pour demander à chacun de se protéger et de protéger les autres contre la Covid-19. Respectons les mesures de prévention, portons toujours les masques et lavons-nous régulièrement les mains. Ensemble, nous vaincrons ce virus.
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