Retour des Burkinabè bloqués en Amérique : La quatrième tentative était la bonne
Après plusieurs reports, le retour des Burkinabè bloqués aux Etats-Unis et au Canada a finalement eu lieu. Une centaine de personnes ont pu embarquer, jeudi 26 juin 2020, de l’aéroport international de Newark, New-Jersey, aux Etats-Unis pour Ouagadougou au Burkina Faso par un vol humanitaire de la compagnie Ethiopian Airlines. Ambiance d’un retour au bercail qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
« On a eu très chaud. Mon boulot était menacé car, depuis 4 mois je suis bloqué ici » lance, la voix nouée par l’émotion, Mme Sandra Sanogo de New York. Mme Mariame Zouré renchérit : « On cherchait par tous les moyens à rentrer même si cela devait nous coûter en passant par Cotonou, ou Abidjan, ou même Lomé. C’était dur… ».
Mariame Zouré a quitté l’Etat de Michigan, à 2 heures d’avion de l’aéroport international de Newark, pour ne pas rater le vol de « la dernière chance ». Après 3 tentatives, la quatrième a été la bonne.
Plus d’une centaine de personnes, selon les organisateurs, regagnent la mère patrie, le Burkina Faso. En cette soirée, il règne un calme inhabituel dans cet aéroport international du fait de la rareté des vols. Les passagers burkinabè brisent la monotonie de ce silence.
On s’enregistre. Saïd Ouédraogo, le Président de l’Association des Burkinabé de New-Jersey est à côté du guichetier. Il aide à payer certains tickets. Pendant ce temps, Dramane Nébié, Président de l’Union de la Diaspora Burkinabé des Etats-Unis, organise les voyageurs.
Du haut de son mètre 85, il indique : « que ceux qui ont déjà acheté leur ticket aillent s’aligner au guichet là-bas. Et ceux qui ne l’ont pas s’alignent ici ». On s’exécute. Certains passagers pèsent leurs bagages sur les bascules posées à l’écart.
Gérard Koala, le Coordonateur du FONY, cherche une valise pour équilibrer le trop plein de ses bagages. Il s’en procure. D’autres passagers se dotent des fiches du Ministère de la santé du Burkina Faso, Covid19 oblige, auprès des représentants diplomatiques et consulaires. Plus loin, un groupe prie avec l’imam Amadou Nikièma prie. Ce dernier est venu accompagner ses géniteurs qui rentrent au Faso après presqu’un an passé aux Etats-Unis. Et, pourtant, l’organisation de ce voyage n’a pas été un bain béni pour les organisateurs.
Un véritable chassé-croisé
L’organisation du vol humanitaire à destination du Burkina Faso a connu des hauts et des bas. Ce fut un véritable chassé-croisé. Pendant que cet enfant, attaché au dos de sa mère, déchirait l’ambiance du hub de l’aéroport, il y’avait aussi des hommes et des femmes à des milliers de km qui ont fait des pieds et des mains pour que « le miracle » ait lieu.
Font parmi de ceux-ci, Lebenon Ben Gaston Sawadogo, ex-délégué CSBE de la Zone de New York. Il a été au « four et au moulin » depuis le Burkina Faso. « Après 3 reports (les 12, 14 et 24 juin), j’ai tapé à presque toutes les portes, afin que la compagnie aérienne n’annule pas le vol du 26 juin. Elle avait clairement fait savoir que c’était le vol de la dernière chance. Car, elle est passée du quota de 200 passagers au coût unitaire du billet à 2000 dollars au départ pour le ramener à 100 passagers avec une baisse du prix du billet», explique-t-il.
Comment la situation a-t-elle pu se débloquer à 24 heures du vol ? « Après avoir remué ciel et terre auprès de certains ministres sans avoir eu gain de cause, c’est la Médiatrice du Faso qui a intercédé auprès du Président du Faso. Ce dernier a accepté de prendre en charge 17 billets à titre gracieux pour permettre d’atteindre le quota des 100 passagers. Il a déboursé à cet effet 34 000 dollars à raison de 2000 dollars par billet», selon l’ex délégué Ben Gaston Sawadogo.
Oumar Belem a déboursé 2000 dollars pour se procurer son sésame. Après 6 mois passés aux Etats-Unis où il était en mission, il remercie les personnes et les autorités qui ont permis que ce vol ait lieu. En outre, la contribution des autorités diplomatiques et consulaires, aidée en cela par des personnes ressources a permis d’acheter deux billets d’avions pour deux enfants dont l’âge dépassaient les 2 ans requis pour bénéficier de la réduction du prix du ticket.
Pour soutenir cette initiative, les autorités diplomatiques et consulaires étaient représentées à l’aéroport. A savoir par le premier conseiller à l’ambassade du Burkina aux Etats-Unis, Hermann Toé, et l’adjoint au Consul Général, Appolinaire Ouédraogo.
Et, pour clore les péripéties de ce voyage spécial, un colis de dernière minute destiné à la présidence du Faso retarde le vol. Il décollera finalement après 21h, heure de New-Jersey avec à son bord des Burkinabè du Canada, de Washington, de Pennsylvanie, de Michigan, du Texas, de New-York, de New-Jersey, etc.
« Ouf ! » soupire Mme Sandra Sanogo.
Par Daouda Emile OUEDRAOGO
Correspondance particulière
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