Burkina Faso : Que se passe-t-il à la Grande Mosquée de Ouagadougou ?
Le grand Imam de Ouagadougou, El Hadj Aboubacar Sana, n’a pas pu prier à la grande Mosquée de Ouagadougou le vendredi 28 août 2020. Le guide religieux a préféré rebrousser chemin ce jour lorsqu’un incident s’est produit dès son arrivée à la Mosquée ; pendant que la prière était dirigée par un autre Imam, Harouna Tiendrébéogo. 48 heures après cet épisode, les portes du lieu de culte ont été momentanément fermées par la police nationale dans l’après-midi du dimanche 30 août 2020. Beaucoup soutiennent que la succession de ces évènements n’est qu’une affaire « montée » de toutes pièces. Mais par qui ?
De nouvelles mésententes entres des fidèles musulmans dans la capitale burkinabè ? En tout cas, c’est l’impression que donne cette nouvelle affaire qui défraie la chronique, six mois après la querelle entre mahométans au quartier Kilwin.
La Grande mosquée de Ouagadougou est, en effet, restée fermée pendant quelques heures le 30 août 2020 par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS).
Mais bien avant cette fermeture, un incident a empêché le grand Imam de Ouagadougou, El Hadj Aboubacar Sana, d’honorer la prière du vendredi dans ce renommé lieu de culte. « Ce dimanche 30 août, j’ai appris que des gens sont allés pour fermer la Mosquée. Et que la CRS a intervenu pour les en empêcher.
Nous avons engagé un huissier pour faire le constat. Sinon, le vendredi 28 août, personne n’a empêché El Hadj Aboubacar Sana d’accéder à la Mosquée. Tout a été monté afin que la Mosquée soit fermée comme cela a été le cas. Nous avons prié pour qu’il recouvre la santé. Et Dieu merci, ça va maintenant. Pourquoi l’empêcher de venir prier ? », se demande El hadj Abdou Rasmané Sana, Président sortant de la Communauté musulmane.
« Des manifestants se dirigeraient chez moi pour brûler ma maison »
Le promoteur de l’agence Sana Voyage estime que le non-renouvellement pour l’instant de l’équipe dirigeante de la Oumma peut être à l’origine de toutes ces bisbilles.
« Après le retour d’El Hadj Aboubacar Sana de la France, nous avons même souhaité qu’il commence à diriger la prière. Comment peut-on défendre quelqu’un et après se retourner contre la même personne ? Le vendredi, j’étais dans la Mosquée. Et nous avons entendu du bruit dehors. C’est là qu’on nous a dit qu’El Hadj Aboubacar Sana était venu. Mais, comme le sermon avait déjà commencé, je ne suis pas sorti pour savoir ce qui s’y passait. Quant à tous ces problèmes qu’on vit, je pense que si on partait au congrès pour désigner une nouvelle équipe dirigeante de la Communauté musulmane, les esprits allaient se calmer », confie-t-il.
Il dit laisser l’affaire entre les mains de l’Etat. « Comme mon mandat est fini et qu’il reste juste le congrès, je pense qu’aucun problème ne devrait survenir. Je trouve que l’affaire est désormais entre les mains de l’Etat. Le même dimanche, nous avons appris que des manifestants se dirigeraient chez moi pour brûler ma maison. Informée, la sécurité s’est vite déployée pour protéger ma cour momentanément avant de repartir », informe El Hadj Abdou Rasmané Sana dont le mandat à la tête de la communauté est arrivé à échéance depuis environ six mois.
« Lorsque le chauffeur s’est rendu compte que la situation dégénérait, il a préféré faire marche arrière »
Compte tenu de la santé fragile de l’ancien Président de la Communauté musulmane (1997-2004), ses proches ont promis une réaction officielle de sa part dans les jours suivants.
Des membres de l’entourage du leader religieux sont soupçonnés d’être à l’origine de ces incidents, avec en tête, dont l’un particulièrement. Malgré nos multiples tentatives, nous n’avons pas pu avoir sa version des faits.
Plusieurs sources soutiennent que personne n’a interdit l’accès à la Mosquée au grand Imam El Hadj Aboubacar Sana. « La première version dit qu’en fait, c’est le chauffeur d’El Hadj Aboubacar Sana qui a fait marche arrière quand il s’est rendu compte que des gens sont allés pour faire sortir l’Iman Harouna Tiendrébéogo qui était déjà sur le minbar pour le sermon du vendredi. Quelqu’un lui a dit de descendre parce que le grand Imam était là.
Pourtant El Hadj Aboubacar Sana n’était pas venu pour diriger la prière. Lorsque le chauffeur s’est rendu compte que la situation dégénérait, il a préféré faire marche arrière pour ressortir. Mais une deuxième version dit que c’est des gens qui ont interdit l’accès à la Mosquée au grand Imam El Hadj Aboubacar Sana. Je pense que cette dernière version n’est pas très fiable », confie une source proche de la Communauté musulmane.
Un autre incident non évoqué ?
Et d’ajouter : « Avant tout ça, il y a eu un petit incident parce qu’il y a deux groupes (en gilets jaunes et gilets rouges) qui ont dû interférer avec les agents commis pour la sécurité à l’intérieur. Donc, comme la Police devrait accompagner El Hadj Aboubacar Sana, elle a demandé à ce que chacun des deux groupes abandonnent ses charges du jour et qu’elle allait s’occuper de ça. Mais apparemment, les deux groupes n’ont pas voulu. C’est ce qui a été aussi un antécédent ».
En rappel, parti en France pendant environ deux ans pour des soins médicaux, le grand Imam El Hadj Aboubacar Sana a foulé le sol burkinabè dans la nuit du 26 août 2020. Escorté par plusieurs fidèles musulmans, il a rencontré le Mogho Naaba Baongo le 27 août 2020 pour lui traduire sa reconnaissance pour ses prières et bénédictions concernant son état de santé.
L’Imam a été formé au Ghana ; il a étudié au Caire, à Damas, à Bagdad, à Médine et a enseigné à Madagascar avant de rentrer dans son pays natal en 1980.
Burkina 24
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