Burkina Faso : Pierrette Gampiné, la première de classe qui suivait des cours d’appui

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Agée de 19 ans, Paule Marie Pierrette Gampiné est la lauréate du Baccalauréat session 2020 sur le plan national. Excellente dans les études depuis le lycée, elle a décroché le BAC session 2020 avec une moyenne de 18,38/20, série D. Désireuse de continuer en architecture, elle veut se former afin de construire un Burkina Faso selon son idéal.

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C’est au quartier Nangrin de la ville de Ouagadougou que la 1ère au Baccalauréat session 2020 nous a reçus. Troisième née d’une modeste famille de quatre enfants, elle a toujours eu pour seul objectif « exceller dans la vie ».

Sa mère, ménagère, a développé son propre business, la vente de la farine de maïs. De ce fait, elle emploie d’autres femmes pour l’aider à la commercialisation de la farine. C’est grâce à l’électricité d’une plaque solaire que Pierrette Gampiné a réussi à produire ce résultat. En effet, elle a décroché le baccalauréat session 2020 avec une moyenne de 18,38.

Originaire du lycée mixte de Gounghin, elle décroche son BEPC avec une moyenne de 18,30. Ce qui lui permet d’obtenir une bourse d’étude qui lui ouvre les portes du lycée Horizon international.

« Moi, je voulais être excellente, mon objectif était d’être parmi les meilleurs »

Malgré le fait qu’elle soit excellente à l’école, Pierrette se fait accompagner par un groupe de jeunes qui dispense des cours de soutien. Ce faisant, dès la 3ème, elle décide d’intégrer des cours de soutien des Génies pour exceller davantage.

Pierrette Gampiné a fait le choix des matières scientifiques

Ses camarades s’étonnaient de la voir suivre des cours d’appui alors qu’elle était bien au-dessus de la moyenne à l’école. Avec un rire, elle laisse entendre qu’elle n’avait pas forcément besoin de ces cours mais elle voulait atteindre un objectif bien précis. « Quand tu pars aux cours de soutien il y a plusieurs objectifs. Il y a certains qui veulent juste avoir 10/20 comme moyenne (…). Mais moi je voulais être excellente, mon objectif était d’être parmi les meilleurs », a-t-elle dit.

« Les Génies » qui font des miracles…

Franck Ouédraogo, professeur de mathématiques aux cours spéciaux « les Génies »,  a expliqué qu’elle a toujours mis les moyens pour arriver à ses fins. Il a confié que les cours spéciaux « les Génies » naissent de l’initiative de jeunes qui ont décidé d’aider leurs jeunes frères à « lever le mythe qu’ils ont des matières scientifiques ».

Une initiative de cours spéciaux née en 2007-2008 qui a pour but d’accepter tous les enfants sans sélection particulière. « Nous n’avons pas de sélection particulière. On accepte tous les enfants quel que soit le niveau parce que notre but, c’est d’amener le dernier à devenir premier », a-t-il dit.

Une vingtaine de professeurs se donnent pour but d’accompagner les élèves en réexpliquant les chapitres et en traitant environ une soixantaine d’exercices par chapitre avec les élèves.

Les cours spéciaux « Les Génies » se vantent du reste d’avoir déjà conduit trois élèves au succès national au baccalauréat, notamment en 2019, en 2014 et en 2011.

Les recettes de Pierrette

Fascinée par les matières scientifiques, Pierrette Gampiné  s’oriente vers la série scientifique. Elle a confié  avoir été inspirée par son professeur de physique chimie. Cependant, il lui a fallu faire de gros efforts pour exceller dans les matières scientifiques.

Pour atteindre son objectif, elle a commencé à préparer les matières littéraires notamment français, anglais et philosophie pour le BAC depuis la classe de 1ère. Elle s’est établie un programme d’études qui a fait objet de réajustements en fonction des périodes. « Je n’ai jamais bossé au-delà de minuit et quand je suis fatiguée je dors », a-t-elle précisé.

 

 « J’étais heureuse et satisfaite parce que mes efforts n’ont pas été vains. J’ai vraiment travaillé dur. Je ne m’attendais pas à être première sur le plan national. Mais quand même avoir une bonne moyenne. Le fait de savoir que j’occupais la 1ère place au plan national, j’étais vraiment comblée et très satisfaite », a-t-elle lancé le sourire aux lèvres.

Péché mignon : dormir

La première nationale a confié avoir un péché mignon.  « Quand je ne révise pas, quand je ne fais pas de travaux ménagers, je dors », a-t-elle révélé.

« Quand je ne révise pas, quand je ne fais pas de travaux ménagers, je dors »

« Pendant l’année scolaire quand je ne bosse pas, je dors (rire). Parfois quand je sens le stress, je regarde un film. Je n’aime pas trop la musique. En plus de cela, je mène ma petite activité. Je décore des chaussures avec des perles», a-t-elle fait comprendre.

« Depuis le CP1, elle n’a jamais repris de classe »

Faouzia Yabré, 19ans, amie de la lauréate nationale depuis la classe de 6ème, a expliqué que Pierrette a toujours eu de bons résultats en classe et participait toujours aux cours. « Elle était sociable avec nous en classe. Elle participait aux cours et elle aimait partir au tableau pour les exercices », a-t-elle dit.

« Ça ne m’a pas étonnée qu’elle soit la lauréate au BAC au niveau national, vu comment elle bossait. Bon, on s’attendait à cela. Elle est tout le temps en train de bosser », a-t-elle lâché avec un sourire.

Madame Gampiné née Nakoulma Tènè mère de la lauréate, avoue s’être réjouie des résultats de sa fille. « Elle a écouté mes conseils à la maison et a fait de même avec les enseignants à l’école. Ce qui lui a valu ces résultats », a-t-elle dit. De ménagère, elle a su développer des petits commerces pour prendre soin de sa maisonnée. Ce faisant, elle a développé son business de vente de farine de maïs qu’elle achemine vers la Côte d’Ivoire.

« Depuis le CP1, elle n’a jamais repris une classe. Elle a toujours été parmi les meilleurs », a-t-elle indiqué.

Son rêve, étudier au Canada

Débrouillarde, Pierrette ne se limite pas qu’aux études. Elle a fait ses preuves dans la décoration des chaussures avec des perles et en a fait son petit commerce.

Téné Nakoulma, la mère de Pierrette Gampiné

Aimant le beau, le rêve de Pierrette Gampiné est de faire l’architecture. « L’architecture c’est un peu comme une passion. J’aime le beau. Je veux faire de l’architecture parce que c’est vraiment de l’art et je suis attirée par l’art », a-t-elle dit.

A cet effet, Pierrette a postulé pour une bourse marocaine même si son rêve est d’étudier l’architecture au Canada ou en France.

Elle a entrepris des démarches pour entrer en contact avec les autorités du pays afin de bénéficier d’une bourse pour son pays de rêve car selon elle, elle s’est battue à ce point pour réaliser son rêve. « Mon plus grand rêve est de faire des études d’architecture au Canada », a-t-elle lancé les yeux pleins d’espoir.

« J’ai toujours voulu étudier au Canada et si j’ai eu ces résultats, c’est un peu à grâce à ce rêve. Parce que mes parents n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour me faire étudier au Canada. Je me suis donc dite qu’en étant la 1ère du Burkina, peut-être que je pouvais négocier une bourse Canadienne et tout »,  a-t-elle laissé comprendre.

« Si je ne pars au Maroc je ne suis pas très contente parce que je ne suis pas satisfaite »

Elle a expliqué qu’il n’y a pas de bourses cette année pour les pays où elle aimerait poursuivre ses études. Cependant, chaque année, Essakane (société minière burkinabè) offre une bourse pour le Canada mais jusqu’à présent elle n’a pas eu écho de cette bourse.

Pour avoir la chance d’étudier au Canada, Pierrette Gampiné a fait des sacrifices

« Je me suis rendue compte que je ne pouvais pas avoir de bourse canadienne alors j’ai négocié pour la France et toujours pas de réponse et finalement je suis obligée d’aller au Maroc. Si je pars au Maroc, je ne suis pas très contente parce que je ne suis pas satisfaite », a-t-elle regretté.

Elle affirme qu’elle va continuer à se battre pour réaliser son rêve. Néanmoins elle a voulu avoir des audiences avec les autorités du pays pour expliquer ce qu’elle veut, sans succès. « Mon rêve continue et arriver au Maroc je vais continuer à me battre », a-t-elle dit d’un air pensif.

Prendre les études au sérieux n’est plus une option pour la nouvelle génération

Pierrette Gampiné a de grandes ambitions pour le futur. « Je voudrais être une excellente architecte, réaliser de grands projets pour le Burkina parce que le Burkina est vraiment un pays à construire. J’aimerais mettre mes compétences au service de la société », a-t-elle confié.

Elle a invité les élèves à se battre pour réaliser leur rêve. Pour elle, on est dans un monde qui devenu une jungle et il faut se battre pour tirer son épingle du jeu. « On est dans un monde où on veut vraiment les meilleurs. On ne veut plus les bons. On veut les meilleurs. J’invite les élèves à prendre les études au sérieux parce que c’est très important », a-t-elle confié avec grande conviction.

Corine GUISSOU (stagiaire)

Burkina24

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