Eau et assainissement au Burkina Faso : Dans l’antre de quelques réalisations du ministère en charge de l’eau
Le ministère de l’eau et de l’assainissement fait de la promotion de l’hygiène et l’assainissement et la réduction de la corvée d’eau son cheval de bataille. A quelques mois de l’échéance du Plan national de développement économique et social (PNDES), le département a décidé, du 12 au 17 octobre 2020, de faire une halte et jeter un coup d’œil sur les réalisations effectuées dans les régions du Centre-Sud, du Centre-Est et du Plateau-Central, avec l’adhésion et l’appui des populations locales et des partenaires au développement.
Dans le village de Médiga dans la Commune de Gomboussougou, région du Centre-Sud, le manque d’eau rythmait le quotidien des résidents. Mais les populations souffrent de moins en moins pour avoir accès à l’eau potable. Habibou, 56 ans, a les traits tirés. La nuit a été courte. Et même trop.
Cette fontainière mère de cinq enfants est debout depuis 5h du matin. La fatigue se lit sur son visage. Mais elle tient bon. La longue file d’attente n’a cependant pas tendance à écourter sa journée. Il faut servir tout le monde avant de penser à se reposer.
A la borne-fontaine d’Habibou, le jerrican de 20 litres coûte 15 francs CFA et les trois à 50 Francs. « Les gens disent que c’est cher. Que de faire deux bidons à 25 francs. Pourtant, dans ce cas, je perdrai énormément », explique-t-elle, en langue mooré.
Assise sur la borne-fontaine ou sur une paillasse posée à même le sol, elle défie du regard l’eau qui sort des tuyaux. A Médiga, où le sable a remplacé le goudron de la route principale, les habitations sont pour la plupart en parpaings.
Les quelques toits en tôles souffrent de raccommodages. Dès 7h, les maisons se vident de leurs occupants. Si certains s’activent pour les travaux champêtres, d’autres, notamment les femmes, se bousculent pour le précieux liquide naturel transparent et incolore.
« L’eau est toujours chère et il faut que l’Etat fasse quelque chose »
Habibou scrute le jus qui tombe du raccord. Elle n’est pas seule. Une dizaine de femmes alignées patientent afin de remplir leurs bidons avec le filet d’eau qui s’échappe du robinet.
En rebouchant ses bidons, son bébé de quatre mois accroché au dos, Zalissa vient de remplir ses deux bidons de 20 litres qu’elle se presse de porter sur son vélo.
La jeune femme, qui habite à 1 km de la borne-fontaine, repart l’air souriant. « Sans l’eau, il est impossible pour nous de boire, de cuisiner, de se laver ou de faire la lessive. Ici, vraiment, on ne souffre plus trop pour avoir l’eau. Mais c’est le prix qui pose problème. Le bidon de 20 litres coûte 15 francs CFA et trois bidons à 50 Francs. L’eau est toujours chère et il faut que l’Etat fasse quelque chose », lâche Zalissa avant de démarrer son vélo à coups de pédales.
Les réalités diffèrent d’une localité à une autre concernant le prix de l’eau. Par exemple, dans le village de Boulanga dans la Commune de Kampelega à 40 km de Tenkodogo, le bidon d’eau de 20 litres coûte 10 francs CFA et deux bidons sont vendus à 25 francs.
En plus des bornes fontaines permettant aux populations d’avoir accès à l’eau potable, le ministère en charge de l’eau a construit des Adductions d’eau potable simplifiée (AEPS). Comme c’est le cas à Médiga dans la Commune de Gomboussougou, où l’eau est disponible à seulement 50 mètres des installations pour le moment.
Eau, hygiène et assainissement font bon ménage…
Cette AEPS a été construite en 2013 et réhabilitée en 2016-2017 dans le cadre du programme « Zéro corvée d’eau » d’ici à 2020. Les branchements privés sont par ailleurs très conseillés par les acteurs de l’eau.
Dans la Commune de Ziou, vers la frontière avec le Ghana, dans la Province du Nahouri, région du Centre-Sud, une autre AEPS, celle de Guelwongo étanche la soif des 7.382 habitants issus de trois villages. Cette AEPS est équipé de deux forages débitant chacun 7 m3/h ; un château d’eau métallique cylindrique d’une capacité de 50 m3, d’une hauteur sous cuvette de 8m ; 8 bornes fontaines et 65 branchements particuliers dont 47 fonctionnels.
En plus de l’AEPS, 32 forages fonctionnels y ont été construits. Les autorités locales estiment à 90,3% le taux d’accès à l’eau potable à Guelwongo. « Il y a des efforts. Cependant, les chiffres sont souvent loin de la réalité. En fait, il existe toujours des quartiers excentrés où les populations n’ont pas encore accès à l’eau potable », souligne Sia Tangadongo, premier adjoint au maire de la Commune de Ziou.
Eau, hygiène et assainissement font bon ménage. Dans le village de Largué dans la Commune de Bittou, province du Boulgou, région du Centre-Est, des latrines familiales ont été construites pour soulager les populations.
Un étranger qui défèque à l’air libre est sommé de payer 1.000 francs CFA et de ramasser la matière fécale
« Chaque ménage a au moins une latrine familiale. Mais comme tout ce qui est bien ne suffit jamais, nous demandons encore plus. Une latrine pour une vingtaine de personnes ne suffit pas ; la norme étant de 10 personnes pour une latrine. Sinon, ici, les populations s’occupent bien des latrines comme leurs enfants », affirme Ousmane Zémané, conseiller villageois de développement.
Certaines localités ont même été certifiées FDAL (Fin à la défécation à l’air libre). C’est le cas du village de Zéguédéghin-Poessin, situé à une quinzaine de kilomètres de Tenkodogo dans le Centre-Est où 190 latrines familiales ont été construites.
Le secret : Là-bas, c’est la loi du talion. Un étranger qui défèque à l’air libre est sommé de payer 1.000 francs CFA et de ramasser la matière fécale. Mais s’il s’agit d’un autochtone, ce dernier paye 2.000 francs, ramasse les fèces, et en plus sera hué par les populations.
« Nous notons une prise de conscience de la part des populations et une amélioration significative de la baisse de la défécation à l’air libre. Les latrines que l’Etat construit sont semi-finies. C’est à l’intéressé de faire le reste notamment la forme de la latrine, la toiture, le crépissage comme il le souhaite », fait savoir Amidou Olivier Kodombo, le maire de Kombissiri, dans la province du Bazèga où une latrine institutionnelle a été visitée.
« Beaucoup de choses ont été faites de 2016 à maintenant »
L’entretien des réalisations, l’encadrement, le financement, plus d’accompagnement et de présence de la part de l’Etat, les mauvaises pratiques agricoles et l’implication totale des acteurs au niveau local constituent des défis à relever.
« Beaucoup de choses ont été faites de 2016 à maintenant. Au total, 15.000 latrines familiales ont été réalisées dans la région du Centre-Sud. Environ 200 latrines institutionnelles ont été réalisées.
Quatre nouveaux barrages ont été construits et deux barrages ont été réhabilités. 561 forages et 18 AEPS ont été réalisés », précise Mahamadou Tiemtoré, Directeur régional de l’eau et de l’assainissement du Centre-Sud.
Certaines populations, reconnaît-il, se plaignent que le prix de l’eau est très élevé au niveau rural ; même si en octobre 2020, le gouvernement a pris des mesures dans ce sens.
« Le COVID-19 est venu donner plus de crédit à ce que nous faisions en matière d’eau et d’assainissement. Il a prouvé que la lutte que nous menons est très noble.
Il ne s’agit pas de construire des latrines pour tous les ménages. Vous pouvez le faire, et personne ne les utilisera. Il faut plutôt travailler à faire comprendre vos objectifs.
En tout cas, on note un processus de changement de mentalité et de comportement », confie, pour sa part, Emile Niessougou, coordonnateur des activités de l’ONG britannique Water Aid dans le Grand-Est.
« Les populations adhèrent plus ou moins »
A en croire le directeur régional de l’eau et de l’assainissement du Centre-Est, Fidèle Koama, le taux d’accès à l’assainissement est de 21% dans leur région et un montant total de 4.200.000.000 de F CFA a été investi pour les ouvrages d’eau et d’assainissement.
« Nous coordonnons la mise en œuvre des missions, stratégies et politiques du ministère. Les activités sont réalisées sur le terrain suivant l’ensemble des programmes. Nous avons le programme de mobilisations des ressources en eau, le programme de la gestion intégrée des ressources en eau, le programme de l’approvisionnement en eau potable et le programme de l’assainissement des eaux usées et des excrétas.
Sur les 62 unités de production d’eau préemballée identifiées et contrôlées, six ont été suspendues et quatre totalement fermées. De 2016 à juin 2020, nous avons 984 forages qui ont été réalisés dans la région. 101 forages ont été réhabilités. 16 AEPS ont été réalisées. 7.500 latrines familiales ont été subventionnées, 201 latrines construites dans les écoles et 49 latrines institutionnelles », détaille-t-il.
Dans l’ensemble, les populations comprennent que les questions d’hygiène, d’assainissement et de gestion durable de l’eau les concernent au premier rang. « Les populations adhèrent plus ou moins, mais il y a toujours des réticences », relève la directrice régionale de l’eau et de l’assainissement du Plateau-Central, Aline Kaboré.
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Noufou KINDO
Burkina 24
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