Elevage d’animaux à Ouaga : A Hamdalaye, ovins, bovins et humains cohabitent
L’élevage en milieu urbain est le sujet qui a conduit Burkina24 dans le quartier Hamdalaye de Ouagadougou. Plusieurs familles y pratiquent l’élevage. Certains de leurs voisins se plaignent et interpellent la Mairie afin que des endroits appropriés soient trouvés pour les éleveurs. Mais d’autres ne désapprouvent pas l’activité. Constat !
Au Burkina Faso, l’élevage est beaucoup plus pratiqué dans les milieux ruraux. Mais il n’est pas rare de voir des animaux divaguer en pleine ville, ou des troupeaux paitre dans certains endroits herbacés.
Alimata Diallo (nom d’emprunt ) est une dame qui a à peu près soixantaine. Elle vit au quartier Hamdalaye avec ses petits-fils, ses fils et sa belle-fille. Dans la cour de « mamie », comme l’appellent affectueusement ses petits-fils, on y trouve des moutons, des bœufs et des chèvres.
« La ville est venue nous trouver ici »
Leur cour accueille ses invités par un tas d’ordures. En effet, dès l’entrée, l’on constate des flaques de boue et des excréments d’animaux. Dans la cour, des endroits sont transformés en un lieu de repos d’animaux. Et l’atmosphère de la maison des Diallo est gorgée d’une odeur qui ne chatouille pas agréablement l’odorat.
« Nous pratiquons l’élevage pour vendre le bétail, traire les vaches, et pouvoir subvenir à nos besoins et nourrir nos familles. L’élevage, parce qu’il n’y a pas d’autres activités que nous puissions mener ici. Nous élevons en ville parce que nous vivons tous en ville et il n’y a personne au village pour s’occuper des bœufs. La ville est venue nous trouver ici, sinon nous étions là bien avant. Nous sommes nés trouver que nos parents élevaient. Voilà pourquoi nous avons continué dans ce métier », explique la sexagénaire.
Mamie nous explique que leurs bêtes sortent le matin et sont amenées à Gounghin vers les rails afin qu’elles trouvent de quoi brouter.
Alimata Diallo reconnait que le cadre actuel n’est pas adapté à l’élevage de ses animaux qui n’est, par ailleurs, pas une activité facile à mener, surtout pas en ville.
« Si nous gagnons une occasion d’avoir des localités… »
« Si nous arrivions à avoir une autre activité, nous abandonnerons l’élevage. Parce que ce n’est pas un métier facile. En plus, moi je suis devenue vieille. Cela fait 40 ans que j’élève les bœufs. C’est un dur travail ; parce que pour nourrir les animaux demande assez d’efforts et de moyens financiers. Et il n’y a pas de brousse à côté ici où les animaux peuvent brouter les herbes », se défend Mamie.
Autre cour, même réalité. Safi Traoré (nom fictif) est également une éleveuse. Agée de 46 ans, elle est mère de trois enfants. Elle a huit bœufs à son actif. Tout comme Mamie, ses bœufs sont amenés à brouter l’herbe tôt le matin et sont ramenés le soir vers 17h. Des jeunes sont chargés de ce travail contre 500 F CFA le mois sur chaque bœuf.
« Pour l’entretien des bœufs, nous payons chères les factures d’eau ainsi que pour les nourrir. Nous avons aussi un problème de place pour les bœufs. Si nous gagnons une occasion d’avoir des localités hors de la ville, cela va beaucoup nous aider ainsi que les voisins. Si on va bien regarder, la ville est venue nous trouver ici », avance Dame Traoré.
A Hamdalaye, certains voisins d’éleveurs grincent des dents mais semblent jusque-là impuissants face à la situation. D’autres se contentent de lancer un appel au Maire de Ouagadougou. Brahima Issiaka est voisin d’une éleveuse de bœufs.
Les avis des voisins d’éleveurs sont diversifiés
« L’élevage en pleine ville nous dérange beaucoup. Voyez-vous-mêmes, les déchets, les odeurs et le quartier est constamment très sale. Tout cela envoie des moustiques dans la zone et provoque des maladies. Nous demandons au Maire s’il peut donner des localités aux éleveurs loin de la ville pour qu’ils puissent exercer sans déranger les voisins. Ce sera une bonne chose parce que leur problème, c’est l’endroit », soutient Brahima Issiaka.
Et de confier : « Parfois même il arrive que les voisins se disputent parce que les bœufs d’un autre voisin sont rentrés dans la cour voisine et consommer la nourriture de ses bœufs. Tout cela constitue des difficultés auxquelles nous faisons face suite à l’élevage en ville ».
Concernant l’élevage en ville, les commentaires des voisins d’éleveurs diffèrent d’une cour à une autre. Ramatou Ouédraogo, voisine d’un éleveur de bœufs, n’a pas la même appréhension que Brahima.
« La responsabilité civile de l’éleveur peut être engagée »
Elle affirme avoir plusieurs voisins éleveurs mais que l’activité de ces derniers ne la dérange pas : « Ils (les éleveurs) gagnent leur vie dans ça. Et en plus de subvenir à leurs besoins, ils nous donnent souvent un coup de main en cas de besoin. Ils nous font également profiter du lait des bœufs de temps en temps », révèle Ramatou, sourire aux lèvres.
Mais la règlementation n’a pas le même jugement qu’elle. Selon Seydou Kaboré, juriste environnementaliste, l’article 18 portant sur l’arrêté n°97-027/MATS/PKADCO/ prescrit l’hygiène, la salubrité dans la ville de Ouagadougou. « Il est formellement interdit de pratiquer la culture des semis sur pieds et l’élevage de gros bétails dans la zone urbaine », déclare-t-il.
Il indique également que le propriétaire, en plus d’être pénalement responsable de faire ce qui est interdit par la loi, sa responsabilité civile peut être engagée.
« L’article 1385 du code civil stipule que le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage que l’animal a causé ; soit que l’animal fut sous sa garde, soit que l’animal fut échappé », assène le juriste.
Soit ! Mais à Hamdalaye, les animaux et les Hommes continuent de cohabiter. En attendant…
Latifatou PAFADNAM et Rabiatou DERRA (stagiaires)
Burkina 24
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