Tribune : 2020 au Burkina Faso, bien choisir pour tout le monde et bien agir au nom de tous !
La campagne électorale pour la présidentielle et les législatives bat son plein depuis le 31 octobre 2020, date de son ouverture officielle. Le Burkina Faso vit ainsi au rythme des meetings, des discours politiques, des campagnes médiatiques et bien d’autres stratégies de campagne pour la conquête de l’électorat.
C’est un moment qui était très attendu par tous même si à un moment donné le doute a sérieusement plané sur la tenue effective de ces élections au regard du contexte sécuritaire et son flot de conséquences. Les élections couplées présidentielle/législatives 2020 se déroulent dans un double contexte sanitaire et sécuritaire marquée d’une part par l’apparition de la Covid-19 qui a profondément modifié nos habitudes et d’autre part, par l’hydre terroriste qui continue de faire rase et de mettre les populations dans des sérieuses difficultés.
Nonobstant cela il y a lieu de féliciter l’ensemble des acteurs qui ont œuvré et qui œuvrent encore à rendre possibles les élections, signe de la vitalité et du dynamisme de la démocratie dans notre pays et aussi de notre capacité de résilience collective. Le défi est donc lancé à tous les Burkinabè pour des élections libres et transparentes dans un climat apaisé pour des résultats acceptés de tous afin que le pays puisse continuer sa marche vers le développement dans la paix et dans la tranquillité.
Conscient que « la vie des hommes en société est comparable à des passagers embarqués dans un navire dont le sort est leur destinée commune, qu’ils soient (par le jeu du hasard)sur le pont ou dans la cale » (Hadith), le Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques ne saurait rester indifférent à ces échéances électorales et à l’après-vote. Aussi saisit-il cette occasion pour s’adresser à tous les Burkinabè soucieux de la stabilité du Burkina Faso et de son développement !
De la nécessité d’une plus grande souveraineté électorale
Frères et sœurs du Burkina Faso, dans quelques jours, nous serons convoqués à exprimer notre attachement à la nation burkinabè et notre intérêt pour son avenir en exerçant notre droit civique d’être électeur ou éligible. S’il faut se féliciter de la possibilité que nous avons de contribuer à l’édification démocratique de notre pays en exerçant nos droits civiques à l’occasion de ces élections couplées (présidentielle et législatives), nous nous sommes moins fiers de savoir que la tenue des élections dans notre pays est toujours conditionnée au soutien financier et/ou logistique de partenaires techniques et financiers (PTF) extérieurs sans lesquels cet exercice démocratique et les droits qui s’y rattachent deviendraient hypothétiques. Cela repose l’éternel débat du sens de notre indépendance, après plus d’un demi-siècle d’indépendance politique.
Nous devons considérer comme prioritaire la recherche de ressources propres nécessaires pour garantir notre autonomie technique et financière dans l’organisation des élections. C’est le prix de la souveraineté et de notre fierté nationale. Le cycle électoral ajouté à la combinaison de certaines élections, comme c’est le cas des élections du 22 novembre à venir, nous offre un temps suffisant pour collecter des recettes propres à l’organisation des élections dans la dignité et rompre ou tout au moins réduire le poids de la dépendance vis-à-vis des partenaires.
La conjoncture internationale avec ses aléas comme on l’a vécu cette année avec l’apparition de la pandémie à coronavirus montre que l’aide des partenaires n’est pas une providence infaillible. L’aide publique au développement et autres soutiens des PTF sont une « denrée » épuisable et tout montre qu’elle se raréfie. Si réflexion n’est pas anticipée dans ce sens, il est à craindre que la tenue de nos élections reste tributaire pour longtemps de la disponibilité des PTF.
Du reste, des modalités, objet du plus large consensus possible sur la manière d’organiser ces élections, pourraient aider à proportionner les ressources financières et techniques nécessaires à tenir nos élections selon nos capacités, et dans cette optique, l’enrôlement basé sur la carte d’identité pourrait déjà être un premier pas dans la bonne direction.
Mais en attendant, les prochaines échéances qui se tiendront déjà dans quelques semaines devraient servir à expérimenter de nouvelles attitudes politiques plus éthiques et qui mettent davantage en avant l’intérêt supérieur de la Nation burkinabè devant l’intérêt partisan et les ambitions personnelles.
De la période de la campagne électorale
Le jeu démocratique est ainsi fait que, à l’occasion des élections et pendant la campagne électorale, les acteurs politiques présentent leurs programmes (projets de société) ou défendent leurs offres politiques devant des citoyens acquis ou à conquérir. C’est une occasion où très souvent, la passion d’avoir la meilleure offre et les ambitions de conquête du pouvoir d’Etat pourraient donner l’impression que la fin justifierait les moyens ou que des écarts avec la vérité ou l’éthique serait inévitables et donc acceptables.
C’est le lieu pour nous alors de rappeler à tous les acteurs politiques et animateurs des campagnes électorales quelques principes qui nous paraissent fondamentaux :
Quant aux frères et sœurs électeurs, c’est également le lieu de vous rappeler que, dans le secret de l’isoloir, « le meilleur à engager c’est celui qui est compétent et digne de confiance »(Coran 28, Verset 26) et que le discernement doit caractériser votre analyse et vos adhésions politiques. Opérez vos choix en toute liberté comme le garanti la loi et dans le secret absolu du vote.
Au soir de la proclamation des résultats
Au soir de la clôture des opérations de vote, chers frères et sœurs engagés dans la politique ou participants aux activités de vos partis politiques, rappelez-vous encore que le Burkina Faso mérite la paix et que le pouvoir d’Etat, au-delà de cette notion abstraite objet de toutes les convoitises qu’il est, est en réalité un instrument que l’on doit utiliser pour soulager la souffrance de la veuve et les angoisses de l’orphelin et pour donner de l’espoir à ceux qui sont éprouvés !
Rappelez-vous que « le dirigeant d’un peuple doit être son serviteur »(Hadith). Oui, nous allons élire un Président et des députés certes, mais la meilleure élection c’est celle qui désigne des serviteurs. L’Exécutif dans un pays, c’est un Président et des ministres au service de leurs concitoyens, de leur peuple. Il en est de même pour les députés. Ne dit-on pas que les députés sont les représentants du peuple ?
Chers concitoyens, dans l’euphorie de la victoire, nous devons nous rappeler que l’homme est ainsi créé que, laissé à lui-même, il abandonne facilement la vertu, surtout lorsqu’il agit dans la poursuite d’un intérêt partisan ou qu’il est confronté, dans l’exercice du pouvoir d’Etat, aux groupes de pressions et aux luttes d’influences.
C’est pourquoi, afin d’aider les leaders que les urnes auront désignés pour présider aux destinées de notre pays dans l’intérêt général, nous devrions garder à l’esprit le nécessaire respect des garde-fous prescrits par la Constitution, loi suprême de notre pays, et les autres lois et règlements qui gouvernent la vie publique et la gestion du bien public.
Les principes démocratiques et les règles de bonne gouvernance ne doivent pas être de vains mots car l’élection d’une autorité n’est pas un blanc-seing que les citoyens lui donnent pour tout faire et très souvent au mépris des règles minimales. C’est pourquoi il est indispensable que les électeurs, une fois l’élection terminée, se constituent en vigie. La responsabilité de l’électeur ne doit pas s’arrêter à l’urne.
Il faut imaginer et opérationnaliser des mécanismes citoyens endogènes, financés par nos efforts, afin de suivre la mise en œuvre du programme de société autour duquel nous auront été majoritaires, et de mener pour ce faire auprès d’eux des plaidoyers et un suivi et un contrôle citoyens bénéfiques aux populations et à la Nation.
Les priorités ne manquent pas et les sujets de plaidoyer sont nombreux. En effet, aussi bien l’accès à des centres de santé de proximité, à de l’eau potable en quantité, encore peu disponible dans nos villes et campagnes, que la question du foncier urbain et rural, qui risque de compromettre notre quiétude, ou encore le chômage des jeunes, le besoin de sécurité, la cohésion nationale, la bonne gouvernance, la guerre contre la corruption, etc. devraient être nos préoccupations collectives et faire l’objet de notre évaluation des politiques conduites par ceux que nous aurons désignés !
Frères et sœurs, convaincus que « Dieu ne change pas l’état d’un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qu’il y a en lui-même » (Coran 13 :11), nous devons prendre la mesure de nos responsabilités dans l’avènement d’un Burkina Faso de paix et de prospérité, qui brille et n’oublie aucun de ses fils sur le bas-côté de la route à travers l’exercice responsable de nos droits civiques !
Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Le Bureau Exécutif National du CERFI
Ouagadougou, le 7 novembre 2020
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