Elections 2020 au Burkina Faso : « Tous les partis ont donné de l’argent »

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L’Agence pour Refonder la Gouvernance en Afrique section Burkina Faso (ARGA) a organisé une rencontre avec la presse pour présenter les résultats de l’observation du financement de la campagne électorale, des législatives et de la présidentielle de 2020. En définitive, il ressort de cette observation que tous les partis politiques ont usé de corruption lors de ces périodes électorales.

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Au cours de la période électorale, l’ARGA a mené une enquête portant sur « le poids de l’argent dans la mobilisation électorale ». Elle a indiqué que cette période a été une occasion de démonstration de la puissance financière des candidats et que « les résultats aussi semblent proportionnels aux capacités financières des candidats et des partis ».

D’après l’agence, cette étude a été menée du 31 octobre au 22 novembre dans 5 régions à savoir le Centre, le Centre-Ouest, les Hauts-Bassins et le Nord,  avec au total 11 communes touchées. Par ailleurs, elle a fait savoir qu’elle a procédé par une enquête par questionnaire menée sur un échantillon de 358 électeurs potentiels tout genre confondu et également par des entretiens avec 47 acteurs politiques et des chefs coutumiers.

Les partis qui ont le plus donné de l’argent, selon les enquêtés de l’étude sont de manière décroissante le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), le Congrès pour le Développement et le Progrès (CDP), l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC). Cependant,  l’ARGA a révélé que tous les partis « ont donné de l’argent » et qu’en ce qui concerne les flux financiers, il est difficile d’en évaluer les volumes « du fait de l’opacité qui entoure ce type de financement ».

Un business des campagnes électorales s’était développé

Boureima Ouédraogo, médiateur de l’ARGA,  a relevé des pratiques mises en œuvre par les politiques pour mobiliser à savoir « la rivalité » dans les remises d’enveloppes financières aux chefs traditionnels et aux autorités religieuses, l’instrumentalisation des leaders d’associations féminines appelées « pagb-naaba » ou « mousso gnamogo » pour effectuer des regroupements payants.

L’instrumentalisation des leaders de jeunes pour la mobilisation d’autres jeunes moyennant de l’argent, la distribution d’accessoires aux couleurs des partis, le transport des militants, les prestations des artistes « en vogue » lors des grands meetings et l’animation des QG de campagne.

Ces pratiques auraient occasionné le développement d’un business des campagnes électorales, marqué selon l’agence par une expertise chez certains jeunes en mobilisation pour tout candidat, l’escorte à moto ou la cavalerie pouvant générer entre 5000 FCFA et 10.000 FCFA par personne ou cheval et du carburant,  les femmes productrices de pagnes tissés ou Koko Dunda qui ont reçu d’importantes commandes.

Une véritable menace pour l’intégrité des scrutins

En attendant de finaliser son rapport, l’agence a conclu que le poids de l’argent dans la mobilisation électorale représente une véritable menace pour l’intégrité des scrutins, ainsi que sur la crédibilité, l’efficacité et la légitimité des élus. Par ailleurs, il a trouvé désolant le fait que le militantisme s’affaiblit progressivement au profit de l’achat des consciences étant donné que « l’argent se ressent à toutes les étapes du choix des gouvernants du local au national ».

Selon Boureima Ouédraogo, cette étude a été initiée pour lancer le débat au Burkina Faso afin de sensibiliser sur le fait que la loi interdit les dons des politiques en temps de électorales et également appeler à une clairvoyance politique.

Josué TIENDREBEOGO (stagiaire)

Burkina 24

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