« L’Abri-Charrette » : La trouvaille de l’Ordre des architectes du Burkina pour soulager les Personnes déplacées
Dans le souci d’offrir une meilleure condition de logement aux Personnes déplacées internes et refugiées, l’Ordre des architectes du Burkina Faso (OAB) a entrepris un projet de construction d’habitat d’urgence. Nommé « Abri-Charrette », cette innovation qui attend d’être vulgarisée est constituée essentiellement de matériaux locaux et de produits recyclés.
Longtemps, la profession d’architecte est parue comme un corps au service des plus nantis. Cependant, ce métier dont les professionnels se définissent comme étant « au service de tous » se rapproche davantage des populations à travers la réalisation de projets répondant aux situations d’urgences comme « l’Abri-Charrette ».
« L’Abri-Charrette, comme son nom l’indique, est un habitat d’urgence qui a la particularité de s’assembler sur une charrette », explique son concepteur, Arnaud Bado. L’objectif de cette innovation est d’offrir aux Personnes déplacées internes et aux refugiées, « des habitats d’urgences dotés d’un certain niveau de sécurité et de confort qui manque dans les camps actuels avec le minimum de moyens et de ressources disponibles sur place », dit-il .
Vidéo : L’Abri-charrette expliqué par son concepteur
Conformément aux critères fixés pour le Concourt d’idées pour la conception d’un prototype d’habitat d’urgence, « la réflexion doit être menée sur la proposition d’un habitat adapté pour nos déplacés internes avec le minimum de moyens et ressources disponibles », précise le président de l’Ordre des architectes, Fabien Ouédraogo.
Cela, pour faciliter l’accès des bénéficiaires à cette innovation marquant l’implication effective de l’OAB dans le processus de gestion de la crise sécuritaire qui prévaut dans notre pays depuis 2016 avec des chiffres alarmants de « 766.000 » personnes déplacés internes à la date du 12 février 2020, selon la Ministre de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire Helene Laurence Marshall/Ilboudo.
Un projet écologique
Pour répondre à ces exigences, ce sont donc des matériaux locaux disponibles sur place et des produits recyclés qui seront privilégiés par le concepteur de l’Abri-Charrette. « En plus de la charrette, l’abri sera constitué de barres de fer, de nattes, de la laine animale, de la paille, des résidus de coton et du plastique recyclé », explique Arnaud Bado.
Selon l’architecte, tout est parti d’un constat ; la plupart des Personnes déplacées, lorsqu’ elles arrivent à quitter les zones dangereuses et à emporter des biens avec elles sont toujours transportées dans une charrette. « Dès lors, nous nous sommes demandés pourquoi une fois dans les camps, cette même charrette qui a permis de transporter les déplacés ne pouvait pas également leur servir de toit », se questionne l’architecte .
Cette question définit comme étant « l’élément central » dans la mise en œuvre du projet de l’Abris-Charrette a permis à Arnaud Bado de remporter le prix du « Meilleur projet » retenu par l’Ordre des architectes dans le cadre du « Concours d’idée en vue de la conception de prototypes d’habitat d’urgence pour les réfugiés et les déplacés internes » en mai 2020.
Un projet inclusif
En plus d’être une solution pour la sécurité et le confort des déplacés et refugiés, le projet d’Abri-Charrette va constituer un pont de rapprochement entre le monde des architectes et celui du secteur informel, car « une fois validé, l’OAB va procéder à un transfert de technologie afin que nos soudeurs et autres acteurs puissent la mettre à la disposition des bénéficiaires », confie Arnaud Drabo qui présente l’Abris-Charrette comme un toit facilement modulable pouvant accueillir plusieurs personnes.
« Il est fixable et démontable en une journée sur une charrette ou sur des pneus usés remplis de sable. L’abri préserve aussi des inondations et autres contraintes climatiques avec une capacité d’accueil de deux à quatre personnes. Mais il est possible d’assembler plusieurs abris pour répondre aux besoins d’une famille élargie », poursuit-il.
Arnaud Bado, concepteur de l’Abri-Charrette : » On peut assembler plusieurs abris «
» L’Abri-Charrette a la particularité d’être fixable et démontable en une journée. Il peut être fixé sur une charrette ou sur des pneus usés remplis de sable, ce qui le préserve des inondations et autres difficultés liées aux tentes qu’on retrouve actuellement dans les camps de déplacés et de réfugiés. L’Abri-Charrette a une durée de vie d’au moins deux ans. Il peut donc être réutilisé dans les lieux de provenance des déplacés au moment de leurs réinstallations. Il a une capacité d’accueil de deux à quatre personnes. Mais il est possible d’assembler plusieurs abris pour en faire une concession « .
Le projet suscite l’adhésion de plusieurs institutions et ONG comme la Primature, le Secrétariat permanent du CONASUR et l’ONG Cluster Abris. « Nos partenaires ne ménagent aucun effort pour que le projet passe de la phase d’idée à la réalisation concrète des premiers prototypes qui pourront alors être vulgarisés par la suite », confie Arnaud Bado.
L’architecture au service de l’humanitaire
A la date du 08 aout 2020, le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence a enregistré 1.013.234 Personnes déplacées internes. A travers ce projet, c’est une préoccupation nationale qui est en passe d’être résolue par l’Ordre des architectes.
L’architecte Gilbert Koala, appelé affectueusement « le Doyen » se réjouit de cette avancée remarquable de l’architecture au Burkina. « Quand nous sommes arrivés sur le terrain en 1989, les conditions de travail étaient bien différentes. Les gens ne connaissaient pas le métier. Il n’y avait pas de cabinet d’architecture privé. Et les matériaux de travail n’étaient pas facilement accessibles », rappelle-t-il avant de féliciter l’Ordre des architectes qui en plus d’œuvrer pour le rayonnement du métier, n’oublie pas d’affirmer son attachement à la « cause humanitaire ».
Fabien Ouédraogo, Président de l’Ordre des Architectes du Burkina : » Nous sommes au service de tous «
» L’Architecte a pour mission de concevoir et d’établir, avec la collaboration des techniciens de son choix, des projets de construction, de transformation, d’aménagement, d’entretien, de décoration de toute nature, ainsi que les études techniques s’y rapportant. En outre, il veille, selon l’étendue de la mission qui lui est fixée par le maître de l’ouvrage, à la réalisation des projets établis ; il en contrôle l’exécution conformément aux règles de l’art et aux prescriptions techniques en vigueur. Les architectes sont un corps au service de tous «
Aminata SANOU
Correspondante de Burkina 24 à Bobo-Dioulasso
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