L’histoire du mouvement syndical, selon Bassolma Bazié (Deuxième partie)

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Ceci est un écrit de Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), portant sur l’histoire du mouvement syndical qu’il traite en trois parties à savoir l’histoire du Mouvement syndical international, l’histoire du Mouvement syndical en Afrique et l’histoire du Mouvement syndical au Burkina Faso.

Deuxième partie : Histoire du Mouvement syndical en Afrique

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Au niveau africain, le mouvement syndical africain est né sous la colonisation d’abord pour les européens travaillant en Afrique.

L’avènement du régime du Front Populaire en France en 1936, va favoriser la reconnaissance du droit syndical (par un décret du 11 mars 1937), à tout travailleur africain ayant le CEP (Certificat d’Etudes Primaires). Le 20 mars 1937, un autre décret reconnaissait aux africains le droit de négocier des conventions collectives.

Malgré cela, jusqu’en 1944, les travailleurs africains étaient organisés et répartis dans les centrales syndicales Françaises à savoir :

– La Confédération Générale du Travail (CGT), qui était en relation avec la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) ;
– La Confédération Générale du Travail-Force Ouvrière (CGT-FO), qui était en relation avec la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) ;
– La Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC), qui était en relation avec la Confédération Mondiale du Travail (CMT).

  1. La naissance des premières organisations syndicales africaines

Les premières organisations syndicales africaines sont nées avec l’appui des centrales syndicales de la métropole comme la CONFEDERATION GENERALE DU TRAVAIL (CGT). Notons que le lien entre ces organisations syndicales et le Rassemblement Démocratique Africain a contribué à une meilleure organisation des travailleurs dans l’espace Francophone. Dans l’espace anglais, il y a eu des similitudes, avec des dénominations bien sûr différentes. Dans cette partie qui sera développée, nous mettrons plus l’accent sur ce qui s’est passé dans cet espace Francophone. Ainsi :

  1. La naissance des premières Organisations syndicales dans les Colonies anglaises

Pour le cas des colonies anglaises, il y a eu les « Trade Union Congress ».

  1. La naissance des premières Organisations syndicales dans les Colonies francophones

Dans les colonies francophones des Sections d’Organisations syndicales ont essentiellement contribué à cet essor. Il s’agit de :

– La section de la Confédération Générale du Travail (CGT) ;

– La Section de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT). Rappelons que la CFDT est née suite à une scission de la CFTC lors du congrès confédéral de novembre 1964.

A côté de ces sections, il y’avait des syndicats autonomes dont le syndicat des cheminots, ceux des infirmiers de la Tripano, des T.P., des planteurs, etc.

En Afrique francophone donc, ces deux Sections syndicales l’une d’orientation révolutionnaire et l’autre d’orientation chrétienne vont impacter la naissance et l’évolution des Organisations syndicales typiquement africaines. Ainsi naîtra :

– La Confédération Africaine des Travailleurs Chrétiens puis croyants (CATC), Chrétienne, créée en Juillet 1956, en lien avec la CFTC, elle-même avec la CMT ;

– L’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), Révolutionnaire, dont le Congrès s’est tenu à Conakry du 15 au 18 Janvier 1959, en lien avec la CGT, elle-même avec la FSM.

A côté de ces Organisations syndicales des Travailleurs (euses), il y eu aux niveaux des Etudiants(es) :

– La Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) ;

– Des regroupements régionaux comme l’Union Générale des Etudiants d’Afrique de l’Ouest (UGEAO).

Deux axes principaux vont accélérer les mutations et naissance d’Organisations syndicales précisément africaines.

  1. Les Deux principaux Axes

Les deux (2) axes principaux qui vont accélérer les mutations et naissance d’Organisations syndicales précisément africaines.

– La lutte pour l’amélioration des conditions de vie de leurs membres ;

– La lutte politique contre le colonialisme, pour l’indépendance de nos territoires et la création d’Etats indépendants distincts de l’Etat métropolitain colonial français.

1°) La lutte pour l’amélioration des conditions de vie de leurs membres.

Sur ce plan, elles ont arraché des acquis importants notamment l’élaboration et la promulgation du Code du Travail le 15 décembre 1952, donc sous la colonisation. Ce Code reconnaissait, la priorité aux organisations de travailleurs les plus représentatives pour négocier les conventions collectives, sans ingérence de l’Etat. Il instituait:
• Les prestations familiales ;
• la participation des travailleurs à la gestion des caisses de l’Etat ;
• le renforcement de l’indépendance chez les inspecteurs du travail ;
• la possibilité pour les syndicats de présenter des candidats à l’élection des délégués du personnel, et de mener librement leurs activités.
• Etc.

2°) La lutte politique contre le colonialisme, pour l’indépendance de nos territoires et la création d’Etats indépendants distincts de l’Etat métropolitain colonial français ” .

Pour avancer dans la lutte émancipatrice des travailleurs africains, la question de l’unité syndicale va se poser comme un problème à résoudre. C’est après 1944 que les travailleurs africains tenteront de se regrouper en une centrale syndicale unique révolutionnaire qui devait être l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN).

Ainsi, en janvier 1957, les bases de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), sont jetées par la création de son secrétariat. L’UGTAN opte pour l’indépendance immédiate de l’Afrique et la nécessité de construire un syndicalisme anticolonialiste. Elle s’illustrera de manière particulière, dans cette voie et sa section voltaïque appellera à voter NON au référendum gaulliste de 1958.

Cette option sera confirmée lors de son congrès de Conakry (15-18 Janvier 1959) où l’on parlera de l’indépendance de l’Afrique et de la nécessité de construire un syndicalisme révolutionnaire anticolonialiste.

Cependant, cette unité syndicale n’a pu se réaliser véritablement et ce, pour des raisons politiques. Des dirigeants syndicalistes, liés à la Confédération Internationale des Syndicats Chrétiens (CISC), d’obédience chrétienne, s’opposent à l’unité autour de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), révolutionnaire.

Ainsi naîtra la Confédération Africaine des Travailleurs Chrétiens puis croyants (CATC), en Juillet 1956 avant même le congrès constitutif de l’UGTAN.

Ainsi, cet aperçu historique sur le mouvement syndical, nous renseigne sur l’implication et la contribution du mouvement syndical africain par exemple, dans la lutte politique contre la colonisation et pour l’indépendance des territoires africains.

En conclusion, nous avons présentement :

– La Section Afrique de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), donc la Section CSI/Afrique. La CSI est née à l’issue du regroupement de la CISL et de la CMT en 2006 (voir propositions précédentes). Elle regroupe les Organisations syndicales d’orientation libérale et d’orientation chrétienne ;

– La Section Afrique de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) d’Orientation révolutionnaire, mais aussi des Organisations syndicales d’Orientation libérale;

– La Section de l’Entente Internationale des Travailleurs et des peuples (EIT) en 1995;

– La Section de l’Union Network International (UNI) en 1999.

Remarque : il y a dans nos Pays, des Organisations syndicales qui ne sont affiliées ni à la FSM ni à la CSI.

Courage et réussite !

La prochaine publication portera sur : « Troisième Partie : l’Histoire du Mouvement syndical au Burkina Faso ».

Bassolma BAZIE
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